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Défendre comme le Bayern Munich, mode d'emploi

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 11/05/2013 à 13:25 GMT+2

En 2013, le Bayern Munich n’a encaissé que 12 buts toutes compétitions confondues. Analyse détaillée du système défensif bavarois.

Les attaques de la Juventus et du FC Barcelone pesaient près de 200 buts depuis le début de la saison. Elles sont restées totalement impuissantes face à la "pression totale" du Bayern Munich. Depuis le début de la nouvelle année, Manuel Neuer n’est allé chercher que 12 ballons au fond de ses filets. Analyse détaillée du système défensif bavarois.
Système et hauteur du bloc :
Sur ce point, cela fait plusieurs années que rien ne change en Bavière. A l’instar de la sélection allemande, ou du rival Borussen, le Bayern Munich s’organise en 4-2-3-1. En phase défensive, les attaquant axiaux se replient sur la même ligne, en pointe devant deux lignes de quatre (milieu et défense).
A l’inverse du FC Barcelone 2010/11, dernière équipe à avoir impressionné l’Europe du football par son système défensif, le Bayern ne fonde pas son travail de récupération sur un pressing tout terrain. S’il est évidemment capable de gêner les sorties de balle adverses, il peut aussi accepter d’abandonner la possession du ballon pour quadriller sa moitié de terrain.
Les deux attaquants forment alors un premier rideau défensif aux abords du rond central, la plupart du temps dans le camp adverse. Les milieux de terrain se positionnent une quinzaine de mètres plus bas, à 40-30 mètres de leurs propres buts. Les défenseurs oscillent eux entre 25 et 15 mètres, restant la plupart du temps devant leur surface de réparation.
Face à la relance adverse :
En pointe du système, les deux attaquants (Muller/Kroos-Mandzukic/Gomez) forment la première des trois lignes défensives. Les deux hommes naviguent en fonction de la circulation de balle entre les relanceurs  adverses. En travaillant dans l’axe, les deux attaquants bavarois limitent les possibilités de transmission à destination des milieux de terrain adverses.
Leur positionnement permet à leurs propres milieux de terrain (Schweinsteiger, Javi Martinez, Luiz Gustavo, Tymoschuk) d’anticiper leurs interventions en fonction des espaces devant eux, et surtout de quitter leurs positions lorsque cela est nécessaire.
Lorsque les relanceurs sont bloqués, une équipe peut se créer de nouvelles solutions de passes en ajoutant des joueurs dans leur zone. Cela passe par les décrochages de joueurs normalement chargés d’opérer la transition défense-attaque (et donc normalement à la réception de la première relance). Ces joueurs, ce sont les milieux de terrain axiaux et des latéraux… tous ciblés par la deuxième ligne du Bayern.
Dans le coeur du jeu, Schweinsteiger et Javi Martinez ont pour mission de suivre les décrochages de leurs adversaires directs, quitte à se retrouver sur la même ligne que leurs attaquants. Sans forcément imposer une véritable pression sur l’homme, les deux doivent surtout rester à distance raisonnable afin de limiter les angles de passes. A leur tour, ils facilitent le travail défensif de leurs partenaires en couverture en leur permettant d’anticiper sur les rares transmissions qu’ils laissent possibles.
Schweinsteiger et Javi Martinez sont aussi chargés de déclencher le pressing lorsque le Bayern est dans sa position repliée. Si leur adversaire direct redescend jusque dans la zone d’une des premiers relanceurs, le milieu bavarois sorti peut changer son marquage et aller mettre la pression sur ce dernier. Dans sa foulée, Muller et Mandzukic montent eux aussi pour prendre les autres solutions et forcer l’adversaire à revenir jusqu’à son gardien de but. C’est alors tout le bloc bavarois qui remonte, et force la relance longue du portier adverse.
Des deux côtés du terrain, les milieux excentrés (Ribéry, Robben) en font de même lorsque la relance passe par les couloirs. L’objectif est toujours le même : sortir pour diminuer l’angle de passe à l’adversaire, et notamment empêcher un retour dans l’axe du terrain. Dans leur dos, les latéraux suivent leurs sorties pour serrer le marquage sur l’ailier adverse.
A noter que face à la relance à quatre de la Juve (3 défenseurs centraux et Pirlo), les deux milieux excentrés sortaient de l’alignement pour s’opposer aux deux stoppeurs excentrés turinois. Derrière, Lahm et Alaba récupéraient le marquage des latéraux. Face au Barça, Ribéry et Robben se sont logiquement retrouvés face aux latéraux, laissant à Lahm et Alaba le soin de fermer le couloir aux ailiers adverses.
Ce travail des deux premières lignes (attaquants et milieux de terrain) doit empêcher l’adversaire de relancer comme il le souhaiterait et de trouver les relais pour mettre ses attaquants dans de bonnes conditions. Verticalement, le Bayern ne cède aucune solution courte et sa défense centrale, toujours athlétique, se régale sur la majorité des longs ballons qu’elle doit disputer.
Seules véritables solutions pour l’adversaire, attaquer les attaquants bavarois balle au pied pour percer la première ligne en plein coeur ou la contourner en passant par les côtés. La première possibilité est très risquée puisque les milieux sont serrés de près par le duo Schweinsteiger-Javi Martinez et qu’une perte de balle peut se payer très cher en contre-attaque. Sans surprise, Piqué, Chiellini et les autres ont porté la majorité des ballons sur les côtés… permettant au Bayern de refermer son piège le long de la ligne de touche.
Face à la construction adverse :
Au final, il n’y a qu’en passant par les couloirs que l’adversaire du Bayern peut traverser "proprement" la ligne médiane. En conséquence, les quatre milieux bavarois coulissent sur la largeur de manière à enfermer le porteur de balle et les solutions les plus proches qui se présentent à lui. Robben-Martinez d’un côté, Ribéry-Schweinsteiger de l’autre : ces duos enferment les joueurs de transition (latéraux, milieux) le long de la ligne de touche. Et quand l’un est au duel, l’autre coulisse pour fermer l’axe.
Comme lorsque le Bayern fait face à la relance, les latéraux serrent aussi le marquage de leurs adversaires directs, qu’ils décrochent dans le couloir ou se rapprochent de la charnière centrale. Dans le premier cas, la défense  coulisse légèrement -elle restera aux abords de sa surface de réparation- de manière à pouvoir réagir rapidement si le ballon file le long de la ligne de touche. Dans le second, ce sont les deux milieux excentrés qui se retrouvent à fermer le couloir face aux latéraux adverses.
Mais la véritable force du Bayern réside dans l’apport défensif de ses deux attaquants. Même s’ils sont dépassés par la relance, les deux hommes continuent de suivre la circulation de balle. Et ils prennent toute leur importance lorsque l’adversaire cherche à revenir en retrait pour rester dans la moitié de terrain du Bayern.
Un exemple : lorsque la Juve attaquait côté gauche avec Asamoah et Marchisio à 35 mètres des buts de Neuer, Muller et Mandzukic se positionnaient de manière à couper la transmission vers Pirlo, resté dans l’axe et au niveau du rond central. Idem lorsque Iniesta tentait de ressortir le ballon du couloir : s’il se défaisait de l’emprise de Javi Martinez, il devait encaisser le retour de Muller dans sa zone.
Grâce à ce travail des attaquants, le Bayern limite les solutions offensives de son adversaire. Ce dernier est condamné à trouver rapidement une solution pour attaquer la défense bavaroise, en cherchant un décalage sur l’aile par exemple. Sauf que dans la surface, les coéquipiers de Neuer seront toujours présents en nombre pour repousser les centres adverses.
Le milieu de terrain étant bloqué, l’adversaire n’a pas d’autre choix que de jouer long s’il souhaite jouer en retrait. Et qui dit jouer long, dit revenir jusqu’aux défenseurs centraux… et donc permettre à tout le bloc du Bayern de remonter pour reprendre sa forme initiale "face à la défense adverse". Et tout est à recommencer.
C’est donc véritablement dans sa moitié de terrain que le Bayern exprime au mieux le concept de "pression totale". Entre le travail des milieux et des latéraux, et le repli des attaquants, il ne laisse aucun répit à son adversaire qui est condamné à jouer vite et donc à prendre des risques s’il veut se mettre en position d’inquiéter Manuel Neuer.
Les attaquants comme joueurs-clés : 
Sur le plan de l’organisation, le Bayern n’a rien inventé : nombreuses ont été les équipes à inquiéter le Barça dans ce système de jeu cette saison (Real Madrid, Paris SG voire Malaga…). Mais les Bavarois ont fait la différence sur l’activité de leurs attaquants.
Là où Ibrahimovic et Lavezzi stoppaient leur implication défensive une fois qu’ils étaient effacés par la relance, Muller et Mandzukic reviennent travailler pour empêcher l’adversaire d’atteindre sa zone de confort au milieu de terrain. Voilà certainement où se trouve la marge de progression du club parisien pour espérer aller plus loin dans la compétition la saison prochaine.
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