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Fribourg : jusqu’ici tout va bien…

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 21/04/2013 à 14:20 GMT+2

Fribourg réussit une saison épatante jusqu'ici et peut se qualifier pour la prochaine Ligue des champions. Soleil radieux mais les nuages ne sont pas loin.

Bundesliga Fribourg 2012/2013 Kruze

Crédit: AFP

Véritable poil à gratter de la saison, le "petit" SC Freiburg est à la lutte pour une place européenne, et pas forcément l’Europa League. Et ce n'est pas l'élimination de mercredi en demi-finale de la DFB Pokal qui va changer la donne. Le présent du club semble radieux. En revanche, dans un avenir proche, quelques nuages s’amoncellent dans un ciel, peut-être, trop serein.
Fribourg reconnu par la Fédération allemande de football
Le savoir-faire du SC Freiburg est indéniable, la FFS (Freiburger Fussballschule), l’école de formation, est l’une des plus prisées d’Allemagne et comme dans ce pays tout passe par les jeunes pousses, on comprend facilement que le "know-how" des Freiburger se retrouve à la DFB, la Fédération allemande de football. Le successeur de Matthias Sammer n’est-il pas Robin Dutt, coach des Breisgauer entre 2007 et 2011 ? D’ailleurs, dans le même registre, l’actuel entraîneur des U17 du Bayern Munich, et ancien responsable de l’équipe première du SCF, devrait rejoindre à la fin de la saison le staff technique de la DFB.
Tout cela pour bien faire comprendre que le club du SC Freiburg et son label de formation ne sont pas que des racontars : hier c’était Herrlich, Riether, Aogo tous des internationaux allemands, Toprak international turc, Williams international américain, sans oublier un Schwaab aujourd’hui au Bayer Leverkusen ou Caligiuri et Flum toujours au bercail. Aujourd’hui, une nouvelle génération prend le pouvoir : Baumann, Schmid, Ginter, Sorg, Höhn, Günter… tous âgés de 22 ans au plus.
Niersbach : "Il est comme entraîneur et comme prototype un enrichissement pour le football"
Si ce Verein est surnommé "le petit Barça" c’est bien entendu par la qualité de son jeu et sa spécificité, c'est-à-dire l’absence d’un véritable numéro 9. La Fédération allemande a de ce fait récompensé le coach Christian Streich lequel vient tout juste de rafler le prix de l’entraîneur du football allemand. Un titre honorifique logique au vu des critères : la performance, la formation et l’engagement social. Rappelons aussi que Streich fut sur la troisième marche du podium en 2012 pour le titre des "professionnels" derrière Klopp et Favre. On comprend mieux, peut-être, la déclaration d’amour du président de la fédération, Wolfgang Niersbach.
Symbole de cette liberté retrouvée dans le jeu, le faux attaquant, mais vrai milieu offensif, s’appelle Max Kruse. Auteur de 10 buts (et de 7 passes décisives) depuis le début du championnat, il en profite pour en coller deux contre le Borussia Mönchengladbach, le 30 mars dernier, en pleine polémique d’avant-match puisqu’il rejoindra les Fohlen l’année prochaine et risque de se priver, ainsi, de coupe d’Europe.
Le cas Kruse est d’ailleurs très symptomatique des arcanes du football. Considéré comme le plus grand espoir du Werder Brême, il y a quelques années par les responsables du centre de formation, il voit sa progression stoppée par un certain Mesut Özil acheté à Schalke 04 lors du mercato estival 2008. Le choix stratégique des Werderaner est clair, on favorise l’actuel meneur de jeu de la Nationalmannschaft. Kruse se réfugie à Hambourg en 2009, dans le club culte de Sankt Pauli, y explose l’exercice précédent avant de rejoindre pour 500000 euros seulement les Freiburger en juillet 2012. Il ne fait que confirmer son talent cette année. Le Borussia Mönchengladbach est orphelin de Marco Reus, Kruse a le profil idéal pour le remplacer.
Question infrastructure, un nouveau stade
Lorsque l’on regarde la moyenne des spectateurs de Bundesliga, on comprend parfaitement que le club des Breisgauer soit considéré comme un petit Verein. Il occupe l’avant-dernière place de ce classement avec tout juste plus de 23000 entrées par rencontre. Il faut dire que le vieux Dreisamstadion, si l’on reprend le nom originel, aujourd’hui Mage Solar Stadion, n’a qu’une capacité maximale de 24000 places. Soit un taux de remplissage de 97%. On peut relativiser la faible moyenne.
On accueille donc avec un large sourire la déclaration du président Fritz Keller pour la construction d’un nouveau stade : "Nous sommes tous heureux de pouvoir le réaliser économiquement mais aussi dans un délai relativement rapide". Il pourrait voir le jour d’ici trois ans, et la nouvelle capacité sera portée à 35000 places.
Streich : "Je fais mon travail, Dufner fait le sien"
Mais quels joueurs seront encore présents pour la reprise de la Bundesliga ? La saignée est grande. Kruse, donc, dispose d’une clause libératoire de 2,5 millions d’euros et le Borussia Mönchengladbach a sauté dessus. C’est le même cas de figure pour l’ailier gauche Daniel Caligiuri pisté par de nombreux clubs, mais déjà annoncé au VfL Wolfsburg ou bien au Bayer Leverkusen. Le milieu de terrain Jan Rosenthal, libre en juin, portera les couleurs des Adler de Francfort en 2013-2014. Des "4 Fantastiques" de l’attaque ne subsiste que le Français Jonathan Schmid. Interrogé par la chaine Sky, après sa superbe prestation de vendredi dernier contre Hanovre (1 but, 2 passes décisives), il réfute diplomatiquement un départ, "je suis sous contrat jusqu’en 2014, on verra après". Sauf que sa cote monte…aussi dans son pays d’origine, la France, où il aimerait évoluer "un an ou deux".
Au poste de milieu défensif, Johannes Flum, lui aussi disposant d’une clause de départ fixée à 2,5 millions d’euros est l’une des priorités du coach Armin Veh de l’Eintracht. Tandis que la défense centrale, Diagne-Ginter est plus que scrutée. Le dernier notamment, considéré à 19 ans seulement comme le plus grand axial depuis un certain Beckenbauer, intéresse un Bayer Leverkusen toujours à la recherche de jeunes talents. Sans oublier le membre des U21 allemands, le gardien Oliver Baumann, celui qui a forcé à l’exil le portier Simon Pouplin. Trop "grand" pour le modeste Fribourg, l’un des meilleurs à son poste devra, tôt ou tard, faire ses valises. Son contrat court jusqu’en 2015. D’autant plus que son successeur est déjà connu, Alexander Schwolow.
On comprend parfaitement dans ces conditions l’agacement du coach, Christian Streich, et sa sortie médiatique de la mi-mars sur le "Viehmarkt" (le marché aux bestiaux) concernant les approches dont sont victimes ses joueurs. On constate aussi que la petite phrase de l’entraîneur en sous-titre est une attaque ciblée à l’attention de son directeur sportif, Dirk Dufner. On sait que les deux hommes n’ont pas forcément la même vision du développement du club.
Tout à l’air de rouler pour le SC Freiburg. On se remémore la saison 94-95, la troisième place surprenante sur le podium deux ans seulement après l’accession dans l’élite, la période glorieuse de Volker Fink, grand artisan de la construction de ce club. L’année suivante fut moins rose. Si le FC Bayern gagna la coupe de l’UEFA 1996, les Breisgauer se firent sortir dès leur entrée dans la compétition par le Sparta Prague. Avant d’être relégués en 2Liga à l’issue de la saison suivante. Indépendamment d’une qualification européenne et d’une nouvelle rencontre contre le VfB Stuttgart ce week-end, la fuite actuelle des joueurs pose problème. Jusqu’ici tout va bien…
POLO : Chroniqueur et éditorialiste spécialiste du football allemand sur RMC, Polo a choisi son pseudonyme en hommage au grand défenseur et esprit libre Paul Breitner, buteur lors de deux finales de Coupe du Monde et meilleur joueur étranger dès sa première saison au Real Madrid. Observateur de la saga de la Bundesliga, de ses grandes et de ses petites histoires, Polo a passé une grande partie de son existence outre-Rhin à y écumer les stades.
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