"Le Bayern n'a pas de stratégie de rechange"

Dans cet article qu'il aurait fallu titrer "Crime et châtiment", il sera ici question des vanités et péchés des joueurs ou bien des équipes évoluant en Bundesliga que nous a confirmées ou révélées la 17e journée. Je tirerai donc une partie de mon inspiration des chefs-d’œuvre du célèbre auteur russe, Fédor Dostoïevski...

On aura beau écrire ce que l’on veut, que ce Bayern-là est plus fort que celui de l’année dernière, que son banc est monstrueux, que le groupe peut se permettre de se passer d’un Robben, d’un Luis Gustavo ou encore d’un Badstuber, l’ogre bavarois finit sur une mauvaise note. Car son nul  à domicile contre un Borussia Mönchengladbach toujours en transition (les trois têtes d’affiche recrutées cet été, de Jong, Xhaka et Dominguez, n’étaient pas dans le onze de départ), l’empêche de battre le record du nombre de points lors des matches aller. Titre honorifique détenu par le BVB Dortmund version 2010-2011. Évidemment, le parcours du club munichois est éloquent et nul doute que, sans anicroches, le FC Bayern remportera la Bundesliga cette année. Il n’en demeure pas moins que les hommes de Heynckes n’ont toujours pas battu ceux de Klopp. C’est une tâche indécrottable. Et surtout, lorsqu’une équipe est intelligente, comme ce fut le cas des Fohlen vendredi, bloquant astucieusement les couloirs, ou laissant délibérément le ballon à son adversaire pour mieux le contrer, on se rend compte que le Bayern n’a pas de stratégie de rechange.

Ce fut flagrant en finale de Ligue des champions contre Chelsea par exemple. Tactiquement, il n’a pas évolué depuis l’ère Van Gaal. Le système néerlandais et son mythe de la "chaussure blanche" demeure la norme en Bavière. Bien sûr, le portier ter Stegen était dans un grand soir, ce qui ne fut pas toujours le cas ces derniers mois, de même le buteur Mandzukic est moins bien depuis quelques matches, sans oublier un Martinez obligé de sortir à la demi-heure de jeu. Il n’en demeure pas moins qu’une grande équipe doit savoir s’adapter à ses adversaires. Si le Bayern n’a rien à envier qualitativement et quantitativement aux autres cadors européens, il lui reste à progresser sur ce point précis. C’est ce qui différencie aujourd’hui le club de Munich de son homologue barcelonais, de mon point de vue. C’est dommageable et le risque d’accidents n’est pas à exclure.

L’IDIOT - Oh ceci n’est pas un hommage posthume à Jérôme Boateng et son inutile expulsion en Ligue des champions contre le Bate Borisov, alors que Badstuber est out jusqu’à la fin de la saison. Non, il s'agit de Josué. En se faisant exclure dès le quart d’heure de jeu, alors que son équipe était déjà menée au score, l’expérimenté brésilien a-t-il condamné définitivement un retour dans le peloton du VfL Wolfsburg ? D’autant plus que sur la remise en jeu, Francfort doublait la mise. Plus au sud, dans le derby bavarois entre Fürth et Augsbourg, les deux clubs en position de relégables, comment justifier le rouge de Sio, 4 minutes après son entrée en jeu, alors que le FCA était en supériorité numérique et que les trois points étaient cruciaux ? Paradoxalement dans cette rencontre des bas-fonds, le nul n’arrange personne.

LES POSSEDES - Ce qui choque le plus, lors de ces matches aller, c’est cette incapacité chronique de beaucoup d’équipes à renouveler leurs performances. Brême et son manque de réalisme devant le but, Hanovre et sa défense en bois, Hambourg et le fantôme blessé Van der Vaart, Stuttgart et son groupe raboté par les blessures, les suspensions et la politique pingre de sa direction, Mönchengladbach et sa quête d’exactitude toute suisse, sont dans ce cas de figure. Ces cinq Vereine n’ont pu l’emporter lors de cette dernière avant la trêve hivernale. Qui pourrait aujourd’hui écrire quelles seront, parmi celles-ci, les équipes qualifiées en coupe européenne en fin de saison ? Les petits calibres de l’Eintracht Francfort, de Mainz 05 et de Fribourg, lesquels ont compensé le manque théorique de qualité par un collectif bien huilé, n’en demandaient pas tant ! Le maintien quasiment assuré, ces pieds-nickelés vont maintenant pouvoir jouer les trouble-fêtes.

DU DANGER DE SE LIVRER A DES RÊVES AMBITIEUX - Le sélectionneur Joachim Löw était dimanche à Hoffenheim pour voir un Dortmund en roue libre, à tous les sens du terme d’ailleurs, compte tenu des approximations successives dans le jeu, exception faite du virevoltant Götze. Passons sur la nécessité si criante de recharger les accus pour le double champion allemand en titre pour nous concentrer sur l’interview donnée au journal Sport-Bild, du gérant Watzke : "Si nous voulons rester longtemps au sommet, alors nous devons améliorer notre effectif, spécialement les remplaçants". Le message est clair. Le Bundestrainer était-il samedi au BayArena pour voir la nouvelle performance d’un Leverkusen, seule équipe de Bundesliga encore invaincue à domicile ? Et cela grâce, notamment, à un Stefan Kiessling au sommet de sa forme qui a gâché le retour sur ses terres du portier Adler? En tête du classement des buteurs à mi-championnat, l’ancien international est aussi, avec 25 réalisations, le premier scoreur de l’année calendaire 2012. Pas de quoi émoustiller Löw.

UNE SALE HISTOIRE - C’était écrit tellement le manager, Horst Heldt, avait mis toute la semaine la pression sur son coach afin de remporter les deux derniers matches de la saison... La défaite au Veltins Arena, l'absence de réaction et la deliquescence dans le jeu, ont eu raison de Huub Stevens. Schalke 04 est en chute libre, ne prend que deux petits points en six journées de championnat, abandonne sa luxurieuse seconde place, synonyme de qualification pour la lucrative coupe européenne, pour se retrouver au milieu de la meute des poursuivants. Matip est catastrophique, Huntelaar en profite pour se faire expulser et le club de Gelsenkirchen est au bord de l’implosion. Un vrai thriller…à suivre…