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coupe d'allemagne football Un modèle pour l'Europe

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 05/11/2012 à 19:59 GMT+1

Alors que la Premier League et la Liga viennent de reprendre, l’Allemagne, elle, a joué ce week-end, le premier tour de la DFB-Pokal. Un "système" mis en place afin de concilier les désidératas des clubs professionnels et amateurs et les attentes du public, qui fait de cette compétition une véritable attraction.

Le premier tour de la coupe d’Allemagne a déjà rendu son verdict : 6 clubs de l’élite ont été envoyés au tapis : Brême, Fürth, Hoffenheim, Francfort, Hambourg et Nuremberg. Sans parler des équipes de seconde division dont le favori pour la montée, le Hertha Berlin. La DFB-Pokal continue d’attirer les foules via un succès grandissant.
Revenir aux fondamentaux
Comment tenter de satisfaire toutes les composantes de la "grande famille" du football ? Telle est la question. Le calendrier est un véritable casse-tête chaque année. Entre les rencontres de championnat, les matches de coupe d’Europe, les stages de préparation d’avant-saison, ceux durant la trêve hivernale, les coupes nationales, professionnelles ou non, les obligations internationales et j’en passe. D’ailleurs, concernant les sélections, connaissez-vous un pays qui se félicite, en pleine préparation, des oppositions supposées amicales ayant tourné autour du 15 août ? Moi pas. Le modèle allemand tente de résoudre ces problèmes et surtout permet un calendrier allégé. Dès la fin décembre, on connaît les huit rescapés qui continueront la compétition.
Une dose de proportionnelle…
Le modus operandi afin de désigner les équipes qui disputeront le tournoi à élimination directe est un petit peu compliqué mais, in fine, très logique après un petit effort de compréhension. Il n’y a que 64 équipes au départ. Celles évoluant dans les divisions professionnelles sont automatiquement qualifiées. Donc les 36 Vereine de Bundesliga et de 2Liga (rappel : la DFL, l’équivalent de notre LFP, gère ces deux compétitions. Le reste des tournois est du ressort de la DFB, notre FFF). Jusqu’ici rien de bien compliqué. A ces 36 équipes on rajoute les 4 premiers de la 3Liga de l’exercice précédent, ce qui est quelque part une prime au monde professionnel puisque les deux premiers au moins (barrage pour le troisième) montent en division supérieure.
A ces 36+4, donc quarante Vereine, viennent se rajouter 21 clubs amateurs victorieux de l’une des coupes régionales de l’année passée. Ces dernières ne sont pas accessibles aux professionnels, ni à leurs équipes réserves depuis quelques saisons, et donc on retrouve par région administrative, les associations à partir de la 3Liga et les suivantes. Un esprit critique pourra me rappeler qu’il n’y a que 16 régions administratives en Allemagne, les fameux Länder. C’est vrai mais le découpage géographique de la DFL, donc du football germanique date d’avant 1952 où d’autres Länder existaient. Prenons un exemple : le Baden-Württemberg est aujourd’hui unique. Avant il était décomposé en trois : Baden, Südbaden et le Württemberg. Il y a donc aujourd’hui, non pas une mais trois coupes régionales donc trois places accessibles pour la DFB-Pokal dans cette zone.
40+21, on se retrouve donc à 61 Vereine auxquels la fédération allemande de football va rajouter une dose de proportionnelle car différents Länder ont beaucoup plus de licenciés de football que d’autres : la Bavière, la Westphalie et le Württemberg disposent donc d’une place supplémentaire pour l’amateurisme. On parvient donc à 64 participants.
On remarquera donc que dans ce "système", tous les Länder ont au moins un représentant amateur, ce qui est une des causes de la réussite de la DFB-Pokal.
Une coupe très bien rémunérée
Mais le tirage au sort pour le premier tour a une autre spécificité : les 64 clubs sont divisés en deux groupes égaux, les professionnels et les amateurs, donc 32 chacun. Ils vont s’opposer automatiquement avec l’avantage du terrain pour les derniers nommés. Des équipes de seconde division se retrouvent donc reversées dans le deuxième groupe puisque le premier n’est composé que de la Bundesliga ainsi que des 14 premiers en championnat de 2Liga. On assiste donc à des duels de haut niveau dès le premier tour comme, par exemple, Aue-Frankfurt ce week-end.
Ce découpage favorise aussi les derbys entre les clubs. C’est ainsi que le Bayern Munich a du se déplacer à Regensburg, lequel en plus cumulait le fait d’être en seconde division. Le stade était évidemment plein. Autre exemple, le "Ostwestfalenderby" entre Bielefeld (3Liga) et Paderborn (2Liga) devant près de 20000 spectateurs où un derby de l’ex RDA entre Chemnitz et Dresde et ses 14500 fidèles.
Un tournoi très concentré avec 64 équipes, la qualité des matches proposés, les derbys, attirent donc logiquement les télévisions. Le budget alloué à la DFB-Pokal tourne autour de 50 millions d’euros et chaque participant du premier tour touche 100000 euros, les qualifiés pour le second, 250000 euros en plus, plus de 500000 euros pour le troisième tour, plus d’un million d’euros pour les quart de finaliste, 1,75 millions d’euros pour les demi-finalistes, 2 millions pour le finaliste et 2,5 millions d’euros pour le vainqueur. Ce qui a permis au Borussia Mönchengladbach, l’année dernière, d’amasser en 5 rencontres (éliminé en 1/2 à domicile par l’autre Borussia, Dortmund) près de 5 millions d’euros dans la caisse si l’on rajoute les recettes guichets. A titre de comparaison, le parcours en Europa League d’Hanovre l‘année dernière lui a rapporté 8,4 millions d’euros certes, mais en 14 oppositions.
Surtout ce système allemand répond à une hypocrisie bien connue des décideurs : "chacun à sa chance" de remporter le trophée. Faux et archi faux, un responsable de club amateur, j’ai pu le vérifier en France notamment, ne rêve que d’une chose : "tomber" sur un gros afin de remplir le stade ou de délocaliser la rencontre, et ainsi faire fonctionner le ticketing. Jamais de soulever la coupe. En Allemagne, un club amateur jouera à chaque tour une équipe professionnelle donc c’est une affiche pour le petit. Qui plus est, le football germanique limite au maximum, par des rencontres très disputées, le risque d’accident industriel européen : Hanovre en 1992 est la dernière équipe de 2Liga a avoir remporté le tournoi tandis qu’en 1996, le FC Kaiserslautern était relégué de Bundesliga cette saison. D’ailleurs depuis cette date, la DFB-Pokal oscille entre Dortmund, le Bayern, Schalke, le Werder et Stuttgart, excepté en 2007 où le FC Nürnberg crée la surprise en battant un VfB archi favori.
Le "Wembley" allemand
"Berlin, Berlin, wir fahren nach Berlin !". Sur tous les terrains de Germanie, les supporters des Vereine amateurs comme professionnels entonnent le même slogan : "Berlin, Berlin, nous partons pour Berlin", ce qui pourrait aussi se traduire, dans un langage de compétition par "nous marchons sur Berlin". Cette osmose entre les supporters montre bien l’importance de cette compétition dont seule la Cup en Angleterre, sur le vieux continent, dépasse en notoriété la DFB-Pokal, selon les entraîneurs allemands et étrangers, interrogés à ce sujet. Chaque année les retransmissions dans les pays sont en forte augmentation et la finale dans le mythique Olympiastadion de Berlin et ses 75000 places est en bonne place dans le calendrier des télévisions du monde entier. C’est l’occasion de régler les conflits entre clubs, notamment la suprématie nationale, mais surtout elle est l’apothéose de la saison, comme une grande réunion de famille.
Alors, le système allemand, un "Mischung" (alchimie) entre le monde amateur et le monde professionnel est-il un modèle pour l’Europe du football ? Je vous laisse seul juge.
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