Ancelotti et le Bayern Munich, un mariage presque évident entre deux références

Peut-on décemment critiquer le choix du Bayern Munich ? En s'offrant Carlo Ancelotti, le club allemand s'est offert l'un des rarissimes entraîneurs dont le profil fait l'unanimité, dont l'image est irrémédiablement accolée à celle du succès. L'Italien a tout du right man at the right place.

L'ère de Pep Guardiola à Munich n'aura pas été de tout repos pour un club si attaché à sa sérénité. Souvent, l'Espagnol a réclamé, exigé, quitte à entrer en conflit avec ses dirigeants. Avec ses joueurs, tout n'a pas toujours été rose non plus, à l'image d'un Thomas Müller qui expliquait samedi encore qu'il lui "était égal" que Guardiola "prolonge ou non".

En choisissant Ancelotti pour le remplacer, le Bayern a fait le choix d'un profil moins clivant. L'Italien n'est pas un adepte du management par le conflit, loin s'en faut. Il a toujours su les egos, y compris ceux des stars qu'il a entraînés. Sa bonhomie et sa sérénité en font un entraîné très apprécié de ses vestiaires… et de ses dirigeants. Précisément ce qu'il fallait au Bayern.

Avec le Barça, le Bayern s'est imposé comme le grand favori de la Ligue des champions, épouvantail de tous lors des tirages au sort. Pourtant, depuis que Pep Guardiola est là, le club bavarois n'a pas inscrit son nom au palmarès de la plus prestigieuse des coupes européennes. Si les Munichois sont allés chercher Carlo Ancelotti, ce n'est probablement pas (seulement) pour gagner un championnat qu'ils survolent de façon insolente.

C'est aussi pour briller - enfin - en C1, après deux claques infligées en demi-finale, à Barcelone (3-0) en 2015 et à Madrid (4-0) en 2014. Et pour cause : Ancelotti est un spécialiste de l'épreuve. Il l'a remporté deux fois en tant que joueur (1989 et 1990, à l'AC Milan), trois fois en tant qu'entraîneur (2003 et 2007 à l'AC Milan et 2014 au Real Madrid). Le Real l'avait aussi recruté avec l'intention ferme de remporter une "Decima" qui leur faisait défaut. L'Italien avait relevé le défi avec brio.

A l'échelle du parcours de Carlo Ancelotti, son arrivée au Bayern va constituer un symbole. L'Italien aura ainsi entraîné au moins une fois dans chacun des cinq "grands" championnats européens. Après la Juventus et l'AC Milan en Italie, Chelsea en Angleterre, le PSG en France et le Real Madrid en Espagne, Ancelotti va connaître la Bundesliga qui manquait à son CV.

A noter qu'en France, en Italie et en Angleterre, "Carletto" a toujours remporté le championnat national. Depuis l'AC Milan en 2004, il n'y a qu'au Real Madrid qu'il n'a pas remporté le titre national... mais il s'est rattrapé avec la dixième Ligue des champions du club. Jolie consolation.

Sur le marché des entraîneurs, Ancelotti fait partie de l'élite, à placer dans la même catégorie que Mourinho, Guardiola et une poignée d'autres. Autant dire que le nombre de clubs à même d'accueillir l'Italien se compte, lui aussi, sur les doigts d'une main. Pour un entraîneur dont la dernière expérience sur un banc a été ponctuée d'un titre de champion d'Europe, quel challenge pouvait bien être assez excitant pour le convaincre de replonger ?

Malgré son attachement au club, Ancelotti avait d'ailleurs décliné les avances pressantes de l'AC Milan ces derniers mois. La proposition du Bayern a donc été une opportunité heureuse pour Ancelotti. "Quand j'ai appris l'intérêt du club, j'ai tout de suite arrêté de réfléchir aux autres offres", a d'ailleurs expliqué l'ancien coach du PSG dans un communiqué publié sur son compte Twitter.

A y regarder de plus près, l'entraîneur et son futur club partagent, en effet, une détermination sereine, une constance dans la réussite et un passé qui inspire, à lui seul, le respect. Entre Ancelotti et le Bayern, l'histoire n'a pas encore commencé mais elle sonne déjà comme une évidence.