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Bundesliga - La métamorphose de Mönchengladbach, ou la folle aventure d'un intérim qui dure

David Lortholary

Publié 25/10/2015 à 01:20 GMT+2

BUNDESLIGA - Un discours clair, des principes simples, la jouissance des acquis : avec l'inconnu André Schubert aux manettes, les joueurs de Mönchengladbach ont usé de recettes simples pour opérer en un mois, depuis le départ de Lucien Favre, un redressement aussi spectaculaire que spontané.

André Schubert (Mönchengladbach)

Crédit: Panoramic

Sur le plateau d'un célèbre talk-show de la télévision publique allemande, Lothar Matthäus s'enflamme. "0-0 sur le terrain du finaliste de la dernière Ligue des champions, c'est un formidable résultat !", assène le champion du monde 1990, aujourd'hui consultant. Matthäus parle ici du tout dernier match de "son" club, le Borussia Mönchengladbach, où a décollé en 1979 son immense carrière professionnelle. Scandale de la FIFA mis à part, Gladbach fait l'évènement en ce moment en Allemagne. Comment le club de Rhénanie du Nord, lesté d'un début de saison catastrophique avec 5 défaites en autant de matches de Bundesliga, enchaîne-t-il les résultats positifs depuis le départ de Lucien Favre, son gourou suisse, mi-septembre ?
Cette démission, en effet, a surpris tout le monde. "Lorsque le club nous en a informés, je n'y ai, dans un premier temps, absolument pas cru, avoue Raffael. Tous, nous pensions pouvoir surmonter la crise ensemble". L'attaquant brésilien sait de quoi il parle : Favre s'est toujours démené pour le faire venir partout où il est allé, du FC Zurich (2 titres de champion) au Borussia en passant par le Hertha Berlin (qualification pour la Ligue Europa). Si Favre a, depuis son départ, contacté tous les joueurs pour leur faire ses adieux, la soudaineté - apparente, car il y pensait depuis longtemps - de sa décision aurait pu mettre le club en difficulté.

Un technicien qui plaît aux jeunes

Étonnamment, le contraire s'est produit avec la promotion de l'entraîneur de l'équipe réserve, André Schubert. Comme tant d'autres joueurs, Raffael s'est libéré et les victoires se sont aussitôt enchaînées : 4-2 contre Augsbourg, 3-1 à Stuttgart, 2-0 contre Wolfsburg et, dernièrement, 5-1 à Francfort. Bilan : 14 buts inscrits en 4 matches et un bond de la dernière place (avec 2 buts inscrits en 5 matches) au milieu du tableau ! Raffael ne s'en cache pas : avant la prise de fonction du nouveau coach, il ne savait rien de lui, à part... sa calvitie et, nettement plus intéressant, le fait que les jeunes de la réserve soient très enthousiastes à son sujet.
Alors, comment Schubert (44 ans) s'y est-il pris pour redresser la barre ? "Il nous a dit que notre groupe était d'une grande qualité et qu'il ne manquait que très peu de choses pour pouvoir le démontrer de nouveau, expose le Brésilien. Il nous a demandé de retrouver de l'agressivité et d'aller presser l'adversaire jusque dans sa surface de réparation. Pour lui, une fois le ballon récupéré, la possession n'est pas un objectif en soi ; à nous de nous avancer vers le but adverse lorsque nous sentons la situation propice". L'entraîneur intérimaire a certes, ainsi, laissé une liberté d'action à ses joueurs, mais n'en a pas moins procédé à quelques changements judicieux.
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André Schubert (Mönchengladbach)

Crédit: Panoramic

Positionnant Lars Stindl aux côtés de Raffael en pointe de son 4-4-2, il a accentué la complémentarité entre les deux et fait disparaître le trou béant laissé par le départ de l'avant-centre Max Kruse, parti à Wolfsburg. Stindl court beaucoup, sait conserver le ballon aussi bien que prendre des décisions rapides et est doté d'une belle frappe. Plus largement, Schubert semble avoir redonné à ses troupes le plaisir du jeu, tant à l'entraînement qu'en match. Ses joueurs parlent de courage, d'insolence dans le jeu (Sommer), d'une variété nouvelle dans les options offensives (Xhaka). Pas mal pour un novice en Bundesliga, qui signe là les meilleurs débuts d'un entraîneur dans l'histoire, pourtant riche, de Mönchengladbach !

Un élan à confirmer sur la durée

La direction du club, par l'intermédiaire de son directeur sportif Max Eberl, n'a jamais caché que Schubert avait été promu par intérim. Le temps de chercher un remplaçant de poids, fidèle à la philosophie Favre, dont Eberl est un inconditionnel. Conscient de cela, l'intérimaire ne s'en est pas formalisé. Mais sa position, de fait, se renforce au fil des succès. Eberl assure n'avoir contacté personne, vouloir donner du temps à Schubert et l'associer aux décisions à venir, quelles qu'elles soient. L'ancien entraîneur de Paderborn et de Saint-Pauli n'est pas du genre, cependant, à donner dans l'autosatisfaction : "Nous savons d'où nous venons", a-t-il lâché après le triomphe à Francfort.
Schubert s'est spécialisé dans le secteur des jeunes - il reste notamment sur une expérience récente avec les U15 allemands -, mais explique ne pas être allergique au travail avec les pros. "Simplement, je n'en ressens pas le besoin impérieux", précise-t-il. Plutôt réservé face aux micros, il préfère laisser le terrain parler à sa place. Cette prudence l'honore, car c'est précisément sur la durée qu'il pourra savoir - et ses dirigeants avec lui - s'il a la moëlle d'un entraîneur niveau Ligue des champions. Après une courte défaite, immeritée, au Borussia Park devant Manchester City (1-2, penalty manqué par Raffael), son groupe, toujours amputé entre autres du merveilleux ailier Patrick Herrmann, blessé, a ramené de Turin ce 0-0 qui a fait se pâmer Lothar Matthäus. Un bon début, même si la légende aux 150 sélections n'a jamais, pour sa part, été un entraîneur à succès...
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