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Copa del Rey - Valence, chronique d’une descente annoncée ?

François-Miguel Boudet

Mis à jour 12/01/2017 à 12:21 GMT+1

LIGA - En pleine crise institutionnelle et sportive depuis un an et demi, Valence, 17e de Liga, est à la dérive complète cette saison. A l'heure de jouer son 1/8e de finale retour de Copa del Rey sur la pelouse du Celta Vigo (défaite 1-4 à l'aller), jeudi soir (19h00), le VCF n'aspire qu'à une chose : se sauver en Liga. Mais pourra-t-il réellement éviter une relégation qui lui tend les bras ?

Munir (Valence)

Crédit: Panoramic

"Je suis complétement sûr que le projet de Peter Lim réussira". Javier Tebas est bien le seul à entrevoir la lumière. Alors qu’il était "le premier sceptique" lors de l’arrivée du magnat singapourien, le président de la Ligue va à contresens et se veut résolument optimiste. Mais il faut voir les choses en face : Valence va tout droit en deuxième division espagnole et rien ne semble freiner la chute du troisième palmarès du football espagnol. Lundi soir, Osasuna s’est arraché pour revenir trois fois au score (3-3). Dans le jeu, le dernier de la Liga, qui en est lui aussi à son troisième entraîneur cette saison, a été supérieur aux Ches.
Pour se rassurer, certains évoquent le potentiel de l’effectif valencien. Or, toutes les équipes du championnat ont un projet pour améliorer leur jeu. Toutes sauf Valence. Les "Blanquinegros" sont suffisants et ne prennent pas conscience de leur chute inexorable. A chaque jour son épisode, ses drames, ses scènes si pathétiques et ridicules qu’elles en deviennent risibles. Plus Belle La Vie sur les bords du Turia mais sans Léo Castelli.
La fin d’année civile a vu le départ grandiloquent de Cesare Prandelli avec une conférence de presse le 31 décembre dans un hôtel à quelques pas du Nou Mestalla, ce témoin de l’affligeante politique du club depuis plus de dix ans. Après son refus d’accepter la démission du directeur sportif Suso Garcia Pitarch fin décembre, la présidente Layhoon Chan n’a eu d’autre choix que d’entériner le départ du dirigeant une semaine plus tard, quasiment un an jour pour jour après son arrivée. Lundi soir, les radios locales ont annoncé que Prandelli avait appelé le siège du club pour reprendre du service, maintenant que Suso avait mis les voiles. Requête rejetée, comme si les temps étaient à l’orgueil…
Mardi, Salvador González "Voro" a été confirmé dans ses fonctions. Il avait déjà assuré l’intérim entre Pako Ayestarán et Prandelli. Même si l’ancien défenseur est populaire, personne n’est dupe : c’est de la pure superstition. Très longtemps, Voro a été invaincu. Mais depuis la défaite contre l’Atlético juste avant la prise de fonction de l’Italien, le charme est rompu. Une déroute 4-1 à Mestalla en Copa contre le Celta, un match nul 3-3 en Liga : l’année 2017 commence de manière bien piteuse. En réalité, si Voro est maintenu, c’est avant tout parce que personne n’est assez fou pour devenir l’entraîneur de cette équipe, y compris Curro Torres, le coach de la réserve.
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Voro, l'entraîneur de Valence

Crédit: Panoramic

Laver son linge très sale en public

Mardi après-midi, Suso a donné une conférence de presse pour régler ses comptes. D’une nullité affligeante tout au long de son mandat, il s’est défaussé sur ses anciens collègues, se considérant comme le parapluie de la présidence. Un parapluie chez les chauves-souris, on est plus dans l’univers de Thomas Fersen que dans un club de foot… Guère étonnant pour quelqu’un qui a la solide réputation d’avoir été un "esquirol", un briseur de grève quand il jouait pour les "Murciélagos" en 1983-1984, et une taupe à l’Espanyol.
Principale victime de ses foudres : Damià Vidagany, directeur marketing depuis novembre 2016 et ancien directeur de la communication quasi unanimement détesté, en premier lieu par la Curva Nord, victime d’une discrimination à l’âge (interdiction aux plus de 30 ans) lors du deuxième semestre 2016, sous couvert de velléités sécuritaires.
Suso n’a en revanche effectué aucune autocritique alors que depuis son passage réussi à l’Atlético (2006-2011) il est coutumier de l’accident industriel, l’Hércules Alicante et Saragosse en savent quelque chose. Censé bâtir le Valence 2016-2017 dès le mois de mars, il a été incapable de recruter intelligemment. Le fair play financier a bon dos. A trois semaines de la fin du mercato d’hiver, il manque au bas mot un joueur par ligne. Depuis que Lim est devenu l’actionnaire majoritaire et que Jorge Mendes rôde, Valencia semble incapable de recruter un joueur titulaire en dessous de 15 millions d’euros, malgré le rapprochement de Suso avec l’agent espagnol Manuel García Quilón.
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Jorge Mendes - 2015

Crédit: Panoramic

Le club vend beaucoup, achète peu et mal et se met dans des situations inextricables. Comment expliquer que le capitaine Paco Alcácer puisse partir le 30 août et qui plus est sans solution de rechange ? Pourquoi attendre les dernières heures du mercato pour recruter une charnière centrale ? Pourquoi laisser partir un cadre du vestiaire comme Javi Fuego sans trouver son remplaçant ? Sans assise défensive et sans 6 efficace, Valence renie son ADN. Prandelli l’a martelé lors de son départ : le football n’est pas une entreprise comme une autre que l’on peut gérer par SMS envoyés à 17.000 km de Mestalla.
Pour succéder à Suso et devenir le 4e directeur sportif en moins de 3 ans, plusieurs profils sont sortis dans la presse. Un inventaire à la Prévert, de Fernando Gómez Colomer joueur le plus capé du club et ancien DS de 2008 à 2010 à Javier Subirats, considéré comme le bâtisseur de l’ère Rafa Benitez avant d’être remplacé en 2002 par Suso, en passant par El Piojo López et David Albelda. Mercredi, le favori serait Frank Arnesen, passé notamment par Chelsea, Hambourg et le PSV. Au moment où vous lirez ces lignes, peut-être que les choses auront encore bougé, et pas forcément en bien… Alexanko pourrait assurer l’intérim jusqu’à la fin du mercato. Sachant que l’ancien directeur de la Masia est actionnaire du fonds d’investissement QSI avec Peter Lim, Jorge Mendes et Paul Scholes, ce n’est guère rassurant…

Des cadres absents, des jeunes exemplaires

L’effectif reste jeune et ni le violent Enzo Pérez ni le meneur de jeu Dani Parejo ne sont capables d’encadrer et de guider. Accompagné de Guilherme Siqueira, Parejo a été pris comme un bleu au Mya, une boîte de nuit très à la mode de Valence. Quelques jours auparavant, il avait été le premier à quitter le vestiaire après le match nul concédé à la dernière seconde contre Málaga, sans s’arrêter devant les journalistes alors qu’il portait le brassard ce soir-là. Le vestiaire che est en décrépitude, en atteste le commentaire de Mario Suárez sur Instagram mardi. Défenseur central de fortune, il a avoué que d’autres de ses coéquipiers avaient refusé de faire la paire avec Eliaquim Mangala. Tous les regards se sont portés sur le capitaine Enzo Pérez. A Valence, ce manque de courage et d’aplomb s’appelle "la sangre de horchata."
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Enzo Perez et Medran (Valence) face au Celta Vigo

Crédit: Panoramic

Seule note d’espoir dans ce champ de ruines : l’apport des "canteranos" Carlos Soler et Lato. Javi Jimenez a également effectué ses débuts avec l’équipe fanion en Copa. D’autres joueurs comme Sito, Fran Villalba ou Antonio Sivera tapent à la porte. Mais comment intégrer ces talents aux dents de lait dans une telle ambiance ? Certes ils donnent tout ce qu’ils ont mais le club peut-il prendre le risque de détruire le travail de Curro Torres et de cramer des minots en les érigeant en ultimes défenseurs du Valencianisme ? C’est bien là le drame : aujourd’hui, ce sont bien eux les seuls capables de sauver les "Taronjas" de la descente.
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