Guingamp a tout d'un grand

Mais où va s'arrêter ce village d'irréductibles Bretons ? Lors de la saison 1972-1973 déjà, l'En Avant, alors en DSR, bluffait déjà le monde du ballon rond en atteignant les huitièmes de finale de la Coupe de France après avoir battu quatre clubs de deuxième divison. La belle histoire était en route. Et elle n'est pas prête de s'arrêter. Montée à deux reprises en L1, l'équipe costarmoricaine s'est en plus offert une Coupe Intertoto avant de défier l'Inter Milan lors des 32e de finale de la Coupe UEFA en 1996. Aujourd'hui, l'équipe de la cité des Côtes d'Armor et ses 8000 habitants ont trouvé le moyen d'écrire une nouvelle page de leur histoire. En battant Rennes dans une finale 100% bretonne de la Coupe de France (2-1), Guingamp, qui avait échoué en finale contre Nice en 1997, a remporté un premier trophée national. Et de belle manière puisque l'En Avant devient le premier club de division inférieure à remporter la Coupe de France depuis 50 ans. On attend la suite avec impatience...

Il est un joueur qui a éclaboussé le Stade de France de son talent ce samedi. Un attaquant brésilien, insaisissable qui a épuisé l'arrière-garde rennaise par ses appels incessants. Eduardo, puisque c'est bien de lui dont il s'agit, leur a tout fait. Fin techniquement, habile dans la protection de balle et décisif devant le but, le Brésilien, auteur d'un doublé, a offert la Coupe de France sur un plateau à l'En Avant. "En fin de saison dernière, il avait été extraordinaire dans un autre rôle car il jouait en neuf et demi. Avec l'arrivée d'Oruma, je l'ai mis devant. Et il a été d'une efficacité incroyable. Il a des qualités rares : il va vite, il est techniquement au dessus de la moyenne C'est un superbe camarade", s'est enthousiasmé Victor Zvunka dans les couloirs du stade de France. Le coach guingampais sait qu'il verra filer sa perle lors de l'intersaison. Marseille, Lens, Bordeaux : la L1 tend les bras à Eduardo. Tout sauf une surprise.

C'est la belle histoire. Si un homme symbolise la réussite exceptionnelle de Guingamp, c'est bien son président Noël Le Graët. Figure emblématique de la ville dont il a été le maire de 1993 à 2008, ce chef d'entreprise de 67 ans a su imposer le club costarmoricain dans le grand bain du football hexagonal. Sa principale force ? Sa capacité à s'entourer des bonnes personnes. Il a ainsi attiré dans ses filets des techniciens réputés (Raymond Keruzoré, Christian Gourcuff, Guy Lacombe) pour accélérer le développement du club. Cette saison, après un début d'exercice inquiétant marqué par quatre défaites de suite, le vice-président de la FFF a su séduire avec Xavier Gravelaines des joueurs pour venir sauver le bateau guingampais comme Wilson Oruma ou encore Christian Bassila. Enfin titré, il va désormais regarder son club évoluer en Europa League. En attendant une remontée en L1 ?

La fuite des talents guette l'En Avant. Deux raisons majeurs : la multiplication des joueurs en fin de contrat ou prêtés et l'exposition d'une victoire en Coupe de France. Le brillant Eduardo et le puissant Wilson Oruma entrent dans la première catégorie tout comme Victor Zvunka. Le Brésilien croule sous les propositions et goûtera à l'élite l'an prochain, le Nigérian a dû aiguiser les appétits de nombreux recruteurs alors que le coach de l'EAG n'a toujours pas prolongé son bail. Deux atouts majeurs d'un club qui cherche avant tout à rejoindre l'élite qu'il n'a plus côtoyé depuis la saison 2003-2004. Autre grand talent de l'entrejeu guingampais : Lionel Mathis. Le talentueux milieu défensif est seulement prêté par Sochaux, tout comme Badara Sène, buteur en demi-finale. On frise la saignée. Reste à savoir dans quelle mesure la participation à l'Europa League permettra au club des Côtes d'Armor de conserver ses meilleurs éléments.