Lille, le gazon maudit

Une affiche entre Lille et Lorient éveille forcement l'intérêt de tout observateur attentif du championnat de France. La dernière confrontation au Stadium entre les Dogues et les Merlus cette saison s'était transformée en festival offensif (6-3) entre deux formations décidées à ouvrir le jeu.  Du beau jeu et neuf buts au total dans cette rencontre avec triplé pour Moussa Sow et un doublé pour Kevin Gameiro, les deux premiers du classement des buteurs de la L1.Pour leurs retrouvailles en Coupe de France, on en redemande. Mais, depuis, un grain de sable s'est invité et pourrait gâcher le spectacle : la pelouse lilloise. Depuis de nombreuses semaines, celle-ci s'est dégradée au point d'être devenue "l'une des pires de Ligue 1", dixit Rudi Garcia. Heureusement, ce sera bientôt du passé. Le LOSC a annoncé qu'il changerait sa pelouse dès vendredi.

Il était temps. Les Lillois eux-mêmes ne cessent de se plaindre des conditions défavorables qui les pénalisent à domicile. "Franchement, si on pouvait la changer, ce serait bien. C’est dommage, pestait récemment Florent Balmont On s’en sort bien quand même mais au lieu de faire une touche de balle, on est parfois obligé de contrôler. L’an dernier, on perd des points sur un terrain difficile et on s’en mord les doigts ensuite. Le terrain est lourd. C’est vrai que ça puise de l’énergie. On est bien physiquement mais si à chaque match c’est comme ça, on va peut-être se fatiguer". "Les risques de blessures sont plus grands", rappelait pour sa part Rudi Garcia. Un tel terrain est surtout un vrai handicap pour une équipe comme Lille qui a basé une grande partie de sa réussite sur la qualité de son jeu au sol. "Cela devient difficile de développer notre jeu, avoue l'entraîneur pour qui "le tournant de la saison, c’est la pelouse qui nous le dictera".

En attendant, les Nordistes auront encore un match à disputer sur leur "vieille" pelouse, un quart de finale de Coupe de France. Cette saison, ils en ont fait un objectif. Il serait dommage qu'ils passent à côté à cause d'un faux rebond. Le genre de mésaventure qui leur a peut-être coûter une victoire précieuse dans la course au titre face à Lyon (1-1). "Il a manqué quoi pour battre Lyon ? Une pelouse", ironisait alors Adil Rami. Mickaël Landreau expliquait de son côté avoir "perdu ses appuis" sur l'égalisation de Kim Källström. "C'est le terrain qui se dérobe un peu quand je pousse sur mon pied gauche", disait-il. Pourtant, à en croire Christian Gourcuff, les Dogues ne seront pas les plus pénalisés face à Lorient. "Nous serons désavantagés, c'est évident, assure l'entraîneur des Merlus, habitué à la pelouse synthétique du Moustoir. Les arguments de vitesse sont déterminants dans ce contexte là au détriment de la circulation du ballon. Et les arguments de vitesse ils les ont. Nous, on n'est pas complètement démuni en la matière mais ce ne sont pas nos arguments premiers". 

Mais les Lillois, eux, piaffent d'impatience. Alors pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Jusque là, les conditions météorologiques ont empêché de changer la pelouse. Si le ciel le permet, ce sera donc fait au lendemain de ce quart de finale. "Si le temps ne change pas, si les prévisions sont bonnes, on va changer", a confirmé le directeur général de Lille, Frédéric Paquet. Si le LOSC peut mieux jouer avec une nouvelle pelouse, c'est essentiel. C'est mieux si le ballon roule normalement sur le pelouse". Dans un premier temps, il s'agira d'un simple replaquage de la pelouse, qui devrait être posée le mercredi suivant la rencontre contre Lorient. En outre, le club nordiste a annoncé qu'il changerait en profondeur son terrain cet été, avec la pose d'un nouveau substrat. Un système de chauffage pourrait même être installé. L'ensemble des opérations est estimé à environ 550.000 euros, soit 150.000 euros pour le replaquage et 400.000 euros pour les travaux en profondeur. A ce prix là, Lille espère que l'investissement sera rentable en termes de résultats.