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Finale - Girondins de Bordeaux - Evian TG : La finale de ceux qui haïssent "la dépense inutile"

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ParEurosport

Mis à jour 31/05/2013 à 15:53 GMT+2

A l'heure où Monaco et le PSG repoussent toutes les limites, la finale ETG - Bordeaux rappelle que les clubs de L1 appartiennent en grande majorité à des actionnaires prudents. Voire pingres. Contrairement aux idées reçues, les fortunes françaises ont investi dans le football (Pinault, Seydoux, MLD). Mais, marquées par d'importantes pertes, elles s'y montrent prudentes.

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Crédit: Eurosport

La présence autour d'Evian-Thonon-Gaillard du sixième patron le mieux payé de France (selon Challenges) et du groupe Danone, 19 milliards de chiffres d'affaires, viennent tordre le coup à une idée reçue. Celle selon laquelle les grandes fortunes et les industriels français se tiennent éloignés des choses du football. Mais en qualité d'actionnaire principal d'un club qui faillit disparaître en 2005, Danone confirme une idée reçue beaucoup plus vérifiable : ces richissimes personnes physiques et morales n'ont pas l'amour assez aveugle pour investir à fonds perdu par passion pour le foot. Ce n'est pas le groupe M6, actionnaire de Bordeaux, qui montrera à Danone l'exemple de l'hystérie dépensière.
Dire que les riches de France n'investissent pas dans le football français, "c'est faux", coupe rapidement Luc Dayan, aujourd'hui président du RC Lens et ancien conseiller de plusieurs actionnaires de clubs. "La famille Pinault a mis beaucoup d'argent, les Seydoux aussi, les Louis-Dreyfus…" À Rennes, Lille et Marseille, quelques-unes des familles les plus fortunées du pays tiennent toujours les cordons de la bourse. Mais Dayan emploie le passé pour décrire leur action. Hiatus temporel rapidement expliqué : "Il y a eu toute une époque où les grandes fortunes ont investi dans le sport mais elles ont été échaudées par des expériences pas très heureuses", explique celui qui a accompagné l'arrivée de Michel Seydoux à la tête du LOSC au début des années 2000.
Quel meilleur exemple que celui de François Pinault pour illustrer ce revirement ? Loin des transferts mirobolants du début des années 2000, le propriétaire du Stade Rennais (59e fortune mondiale avec 13 milliards de dollars selon le magazine Forbes) a imposé un assainissement des finances du club breton et un équilibre économique auto-nourri. "Et Rennes est aussi performant que lorsque Pinault dépensait beaucoup", relève Dayan. À Bordeaux ou Evian, finalistes de la Coupe de France vendredi, la couleur a été annoncée bien plus rapidement. "Je déteste la dépense inutile", balance Nicolas de Tavernost, administrateur des Girondins pour M6. "Nous n'avons aucune ambition sportive", choque Franck Riboud, patron de Danone et président d'honneur d'Evian TG.
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Pierre Dréossi François-Henri Pinault Rennes 2012

Crédit: Panoramic

"Financer les jeux du cirque"
Autre exemple : "L'OM finit deuxième l'année où il économise", relève Frédéric Bolotny, économiste du sport. En 2004, à l'heure où la Ligue 1 redescendait sur terre et oubliait ses folies de grandeur, l'économiste a étudié les moteurs de l'actionnariat dans le football. Une dizaine d'années plus tard, rien n'a changé : "Ils sont tous en recherche de rentabilité indirecte, pour leur image ou dans une volonté de diversification de leurs activités. QSI (propriétaire du PSG) est en plein dedans : le Qatar a une stratégie globale de communication par le sport et cherche à anticiper l'épuisement de ses ressources naturelles." À Marseille, Robert Louis-Dreyfus engloutissait des dizaines de millions mais valorisait Adidas et Neuf Telecom. Pinault, lui, s'est résolu à l'idée que le football ne pouvait représenter qu'un gouffre financier.
Actionnaire échaudé craignant les dépenses à perte, aucun revirement de stratégie n'est en vue. Et l'horizon ne révèle pas vraiment de successeurs potentiels. "Je ne suis pas sûr qu'un industriel ait intérêt à investir dans le football", avance Luc Dayan, qui explique avoir perdu avec l'ESSG les 800.000 euros qu'il avait gagnés au LOSC. "Ce n'est pas un univers très attractif, appuie Bolotny. Il y a beaucoup d'aléas et la logique y est folle : il faudrait que les mécènes investissent à perte, pour financer les jeux du cirque. Mais si le mécène se retire, le club s'effondre." Même si celui-ci en garde sous la semelle.
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