"Lyon, l’ennemi à abattre"

"Je suis né à Saint-Etienne, j'ai débuté à l'ASSE en poussin première année alors pour me parler du derby, pas besoin de me faire un dessin." Lorsqu'on évoque avec Faouzi Ghoulam, le latéral gauche de l'ASSE, les deux derbies successifs face à Lyon (mercredi en Coupe de la Ligue, dimanche en Championnat), le natif de Montreynaud, un quartier de Saint-Etienne, a les idées claires : "J'ai déjà joué un paquet de derbies avec les jeunes. C'est le genre de matches où on doit mettre en avant encore plus de valeurs de combat, d'agressivité mais aussi de solidarité collective." Loris Néry, son compère de l'aile droite de la défense des Verts, trace le même sillon : "On sera peut-être un peu plus crispé par rapport à l’enjeu mais c’est dans les duels que va se gagner le match."

Loïc Perrin se sent sans doute un peu moins seul cette saison. Unique Stéphanois présent sur la pelouse lors des derbies ces dernières saisons, il a vu le contingent des Verts pure souche s'agrandir ces derniers mois. Deux produits du centre de formation, Loris Néry et Faouzi Ghoulam, 20 ans chacun, ont gagné leurs galons de titulaires cette saison. Pour eux, élevés dans le Chaudron, la signification de cette confrontation avec l'OL est forcément particulière. Ghoulam disputera son premier derby avec les professionnels ce mercredi si Christophe Galtier choisit de l’aligner. "C'est la première date qu'on regarde lorsque le calendrier tombe. Tout le monde nous en parle, c'est notre match de l'année, le plus attendu de tous."  Néry lui répond en écho dans les colonnes du Progrès : "Des derbys, j’en joue depuis que je suis tout petit. Je suis d’ici, donc ce sont toujours des matches particuliers."

Pour eux, pas de discours aseptisé qui a si souvent escorté les derbies ces dernières années. "Lyon, depuis que je suis tout jeune, c'est l'ennemi à abattre", assume Faouzi Ghoulam. Lui, qui assure soutenir tous les clubs français en Ligue des champions, a beaucoup plus de mal avec l'OL : "Je voudrais bien mais c'est impossible de les supporter. Même lorsqu'ils étaient en demi-finale il y a deux ans. Je suis un vrai Stéphanois, je ne peux pas faire autrement." Cette double confrontation revêt fatalement des enjeux cruciaux. Pour la rivalité régionale mais pas seulement. Saint-Etienne a fait de la Coupe de la Ligue un objectif majuscule de sa saison.

"Si on peut gagner les deux, on ne va pas se gêner", promet Néry. "La Coupe de la Ligue est un vrai objectif et on peut se qualifier pour les quarts de finale. Il ne faut pas l'oublier", note Ghoulam. "Avec Loris, on a l'esprit maison, on est imprégné du passé. Lyon, c'est LE club rival. Mais on n'a pas besoin de convaincre nos coéquipiers. Je peux vous dire que tout l'effectif est conscient de l'enjeu et de l'important des deux matches à venir pour les supporters." Supporter, Ghoulam l'a été et l'est toujours. Pourrait-il un jour franchir la frontière entre Loire et Rhône à l'instar des Gomis, Coupet et autres Piquionne si Jean-Michel Aulas lui tend le carnet de chèques ? "Ce serait extrêmement difficile pour moi. Saint-Etienne, c'est mon coeur. Ce serait me trahir."