10 moments qui ont fait la légende du Maracana

Rien n'effacera le Maracanazo pour le Brésil. Pourtant, en 1989, la Seleçao a pris une petite revanche sur le destin vachard. Même endroit. Même adversaire. Même contexte d'avant-match. Mais pas même scenario, heureusement pour le Brésil. En cet été 1989 donc, le Brésil organise la Copa America pour la première fois depuis... 1949. Comme lors du Mondial 1950, le titre se joue lors d'une poule finale à quatre équipes. Après leurs deux premières rencontres, le Brésil et l'Uruguay sont à égalité parfaite: deux victoires, cinq buts marqués, aucun encaissé. Comme en 1950, leur affrontement, même s'il ne peut être qualifié officiellement de "finale", va donc décider du titre.

Il y a un quart de siècle, le Maracana accueille encore 150 000 spectateurs. C'est une vraie marmite, ce 16 juillet. Elle va complètement exploser lorsqu'en tout début de seconde période, le tout jeune Romario (23 ans), devance la sortie du portier de la Celeste pour inscrire de la tête le seul but du match. D'incroyables scènes de liesse accompagnent la victoire des Auriverde. Le Brésil n'avait plus gagné de titre majeur depuis la Coupe du monde 1970 et ce sera son seul sacre international dans le Maracana ancienne version. Cela n'a pas ramené le trophée Jules Rimet à Rio mais, 49 ans après, ce fut un peu de baume sur une plaie toujours béante.

Le pendant brésilien du but de John Barnes... Roberto de Oliveira, surnommé Roberto Dinamite dès ses 17 ans après un premier exploit... au Maracana, est un des attaquants brésiliens les plus marquants de la décennie 70 et une des plus grandes idoles du Vasco de Gama. C'est justement avec le Vasco, lors de la Coupe Guanabara, qu'il inscrit au printemps 1976 face à Botafogo un but devenu légendaire. A deux minutes de la fin du match, alors que le score est de 1-1, Roberto Dinamite reçoit le ballon suite à un centre venu de la droite. Il contrôle de la poitrine au point de penalty, lobe Osmar, le défenseur juste devant lui, avant d'exécuter Wendell, le gardien du Botafogo et de la Seleçao, d'une volée acrobatique. Un vrai petit joyau, qui plus est décisif dans un match important puisque, quelques jours plus tard, Vasco allait remporter la Coupe face à Flamengo.  Dans le hall du Maracana, une exposition de plusieurs photos retrace les buts les plus marquants inscrits ici. Celui de Roberto Dinamite trône évidemment en très bonne place.

Nous vous avons raconté au cours de la Coupe du monde la folle aventure qu'a constituée la construction du Maracana, pour le Mondial 1950. La magistrale et majestueuse enceinte sera finie à temps, après bien des péripéties. Elle est inaugurée officiellement le 16 juin 1950, soit quelques jours seulement avant le coup d'envoi de la Coupe du monde. Le tout premier match jamais joué dans ce temple inégalable, devant une foule estimée à environ 10 000 personnes, a opposé une sélection de joueurs de Rio à une sélection de joueurs de Sao Paulo. L'équipe pauliste l'emporte 3-1 mais ce sont bien les Cariocas qui ont ouvert le score. Le tout premier but de l'histoire du Maracana.

C'est un tout jeune joueur de 20 ans, un certain Valdir Pereira, alias Didi, qui a l'honneur d'inscrire ce but. Didi n'est pas encore la légende qu'il deviendra quand, en 1958, il mènera le Brésil à son premier titre mondial. Didi n'est encore qu'un espoir de Fluminense, où il a signé un an plus tôt et, ce jour-là, afin de faire de la place aux stars plus huppées que lui, on l'a placé... en défense, dans cette sélection de Rio. Qu'importe, c'est bien lui qui vient récupérer un centre de Carlyle pour marquer. Mesure-t-il alors qu'il vient déjà d'entrer dans l'histoire ? Sans doute pas. Mais que ce soit un des plus grands joueurs de l'histoire du football brésilien qui ait eu l'honneur de faire le premier trembler ces mythiques filets, ça ne peut pas être le fruit du hasard.

Des buts, le Maracana en a vu passer quelques-uns, merci pour lui. Des beaux buts aussi. Parmi eux, impossible de ne pas citer celui inscrit par John Barnes, en 1984, lors d'un match amical Brésil-Angleterre. Chez nos voisins anglais, il est toujours considéré comme un des plus beaux buts de l'histoire des Three Lions, avec celui de Michael Owen contre l'Argentine en 1998. Sans doute, dans le cas de Barnes, le poids du lieu joue-t-il un effet de levier. C'est ça, la force du Maracana. Marquer ici, ce n'est pas marquer ailleurs. C'est célébrer une messe à Saint-Pierre de Rome. Forcément plus inoubliable qu'à l'église du village. Même au Brésil, ce but a fait date et on le classe régulièrement à la première place des plus beaux buts marqués dans le temple du football brésilien. Pourtant, ce Brésil-Angleterre aurait pu rester presque anonyme. Seulement 56 000 spectateurs et pas de Zico ni de Socrates, partis directement en vacances après leur saison en Italie.

Mais le but de John Barnes, à la dernière minute de la première période, va le faire passer à la postérité. Sur 20 mètres, après un contrôle de la poitrine, le tout jeune (20 ans) attaquant de Watford place une terrible accélération et mystifie toute la défense brésilienne, dont son gardien Roberto Costa, pour ouvrir le score. Ce but va lui offrir une renommée mondiale mais aussi placer sur la jeune étoile anglaise née en Jamaïque une terrible pression. L'intéressé évoque lui une relation particulière avec ce but qui a marqué sa carrière. "C'est marrant, raconte-t-il, parce que tout le monde m'en parle encore aujourd'hui alors que, moi, je n'en ai presque pas de souvenir précis. On me demande de le raconter et j'en suis incapable. Quand je vois les images, je sais que c'est moi, même avec des cheveux longs et un short très court, mais c'est allé tellement vite que j'ai du mal à m'en souvenir vraiment."

"Impérial, le Brésil triomphe en finale au Maracana." Cela aurait fait une belle Une de 14 juillet pour Globo. Malheureusement pour les Brésiliens, on le sait depuis mardi, ils ne remporteront pas leur Coupe du monde. Ce titre de journal, c'est un an plus tôt que la Seleçao y a eu droit. Car elle a tout de même remporté un trophée dans son antre fétiche. C'était en 2013, lors de la Coupe des confédérations. Cette victoire en finale face à l'Espagne (3-0, avec un but de Neymar et un doublé de… Fred, qui a donc plus marqué sur ce seul match qu'en six rencontres dans cette Coupe du monde), alors encore auréolée de son statut de double championne d'Europe et championne du monde en titre, a suscité de grands espoirs à douze mois du Mondial. On connait la suite... Le Maracana, flambant neuf, venait de rouvrir ses portes quelques semaines plus tôt à peine. Cette finale, c'est donc en quelque sorte la première date marquante du nouveau Maracana.