Antisèche, Nigeria-Argentine (2-3): Sans le vouloir, l’Argentine a peut-être trouvé la bonne formule

Enfin une copie convaincante rendue par l’Albiceleste dans ce Mondial 2014. Elle a confirmé sa montée en puissance mercredi, devant le Nigeria. Ce n’était pas évident durant la première demi-heure. Face à un bloc nigérian positionné très bas et dangereux à chaque contre-attaque, elle est restée polarisée sur son trio offensif et s’est obstinée à attaquer dans l’axe, sans chercher à écarter le jeu. Une recette qui, comme lors des deux premières rencontres, n’a pas porté ses fruits. Mais la sortie sur blessure de Sergio Agüero a contraint Alejandro Sabella à revoir ses plans. Le sélectionneur argentin a changé de système, lançant Ezequiel Lavezzi et optant pour un 4-4-2 très classique. Effets immédiats : cela a libéré les latéraux et a offert davantage de variété aux mouvements de l’Albiceleste, obligeant les Super Eagles à défendre sans parvenir à ressortir proprement les ballons. Elle s’est ainsi adjugée au final un succès logique, plein d’enseignements pour la suite du tournoi.

Le Barça à l’honneur dans ce début de Coupe du monde. Auteur d’un doublé, Lionel Messi a rejoint Neymar en tête du classement des buteurs, avec quatre réalisations. Il s’est aussi démultiplié pour faire marquer Gonzalo Higuain, qui n’a pas soigné son manque de confiance. Entré au relais d’un Sergio Agüero quelconque, Ezequiel Lavezzi a apporté dynamisme et largeur au jeu argentin. Angel Di Maria a symbolisé la montée en régime de son équipe sur cette rencontre. Il a réalisé un match plein dans tous les secteurs et aurait mérité d’être récompensé d’un but, à l’instar de Marcos Rojo, révélation argentine sur son côté gauche.

Gênant pour la défense de l’Albiceleste par sa vivacité et sa qualité technique, Ahmed Musa a confirmé son excellent Mondial, avec deux buts marqués du sceau du talent pur. Kenneth Omeruo a fait parler sa puissance et son sens du placement en charnière centrale. Vincent Enyeama a encaissé ses trois premiers buts du tournoi, ce qui ne l’a pas empêché de se mettre en évidence. La paire Obi Mikel - Ogenyi Onzai a accompli un gros travail de sape à la récupération. Excellents face à la Bosnie, Emmanuel Emenike et Peter Odemwingie ont, eux, traversé la rencontre sans peser sur les événements.

87e minute, l’Argentine souffre depuis une dizaine de minutes. Les Nigérians se font plus pressants dans le camp adverse, à l’image d’Efe Ambrose, qui se présente dans la surface de l’Albiceleste. Sa frappe en force est légèrement déviée par Ezequiel Garay et toute proche de tromper un Sergio Romero pris à contre-pied. Cela aurait pu relancer le suspense dans la course à la première place du groupe F. Au lieu de cela, les Argentins ont géré leur avantage sans trembler jusqu’au coup de sifflet final.

A jamais les premiers. Voilà ce que pourront dire les Super Eagles, devenus mercredi les premiers sur le continent africain à se qualifier pour les huitièmes de finale à trois reprises dans leur histoire (après 1994 et 1998). Le Ghana pourrait les imiter jeudi, dans le groupe G. A noter que les deux fois précédentes, la route du Nigeria s’était arrêtée avant les quarts.

A force de tâtonner, Alejandro Sabella pourrait bien finir par avoir trouvé la solution pour permettre à l’Albiceleste de tourner à plein régime. Après le 3-5-2 utilisé pendant quarante-cinq minutes contre la Bosnie et le 4-3-3 mis en place depuis, le sélectionneur argentin a expérimenté mercredi un troisième système tactique en autant de rencontres. Une modification dictée par le sort, mais qui pourrait bien lui avoir donné une clé décisive pour la suite du tournoi. Il a disposé sa formation dans un 4-4-2 à plat suite à la sortie de Sergio Agüero sur blessure et l’entrée d’Ezequiel Lavezzi. Un changement qui a métamorphosé l’Argentine.

Avec leur attaquant parisien, remuant sur le côté droit, et un Angel Di Maria bien plus libre de ses mouvements sur l’aile gauche, les partenaires de Javier Mascherano ont trouvé moult décalages. Marcos Rojo et Pablo Zabaleta, moins contraints par les tâches défensives, n’ont plus hésité à apporter le surnombre en phase offensive. Le 4-4-2 a aussi permis à l’Argentine d’aérer son jeu, sans s’entêter à passer par l’axe dans la construction et dans la finition des actions. En attendant de connaître le verdict pour Agüero, victime d'un "problème musculaire", Sabella va devoir tirer le bilan de ce premier tour pour déterminer les enseignements à suivre s’il veut emmener l’Argentine à un troisième titre mondial dans son histoire. Une réflexion qui pourrait servir le 4-4-2, et indirectement les intérêts de Lavezzi.