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Après Espagne-Chili (0-2), notre antisèche : La Roja a sombré, le "tiki-taka" avec elle

Vincent Bregevin

Mis à jour 19/06/2014 à 19:20 GMT+2

L'Espagne a vécu sa période la plus glorieuse grâce au "tiki-taka". Si elle est tombée, c'est aussi parce que ce style de jeu a ses limites. Notre antisèche.

La déception d'Iker Casillas et Andres Iniesta après l'élimination de l'Espagne.

Crédit: AFP

Le jeu : Le pressing et la vitesse du Chili ont fait la différence

Vicente Del Bosque avait pourtant essayé de corriger le tir après la déroute face aux Pays-Bas (5-1), tentant notamment de donner de la profondeur à son équipe en titularisant Pedro. Mais ce changement n'a pas été suffisant face aux virevoltants chiliens. Les Sud-Américains ont récité leur plan de jeu à la perfection. Organisés dans un 3-4-1-2, ils ont imposé un pressing très haut aux Espagnols grâce au travail remarquable des trois joueurs offensifs pour empêcher la Roja de relancer court.
Un style exigeant physiquement qui a entraîné quelques situations intéressantes dont l'Espagne n'a pas su profiter, principalement parce qu'elle a été trop lente dans la remontée du ballon, surtout en première période. A l'inverse, le Chili ne s'est pas privé d'exploiter la vitesse de ses attaquants quand il en a eu l'occasion, notamment sur les pertes de balle des milieux de la Roja. Une stratégie payante face à une défense espagnole dont les lacunes n'ont pas été étrangères à la l'élimination précoce du champion du monde en titre.

Les joueurs : L'heure de gloire d'Aranguiz

Charles Aranguiz n'était pas le joueur chilien le plus connu au coup d'envoi. Il restera celui qui a scellé la défaite et l'élimination de la grande Espagne. Avec un but, une passe décisive, et un travail considérable dans l'entrejeu, le milieu de l'Internacional a été l'homme de la rencontre. Eduardo Vargas a fait parler sa technique et son sang-froid sur l'ouverture du score, tandis que son partenaire d'attaque, Alexis Sanchez, a été une menace constante pour la défense espagnole grâce à sa vitesse et ses prises de balle. Comme son gardien Claudio Bravo, Gary Medel a été impérial dans l'axe d'une défense à trois têtes, bien aidée par l'activité des deux joueurs de couloirs, Mauricio Isla et Eugenio Mena.
Dans le camp espagnol, la principale déception est venue de Xabi Alonso. Nerveux, imprécis dans ses interventions et dans ses transmissions, le milieu du Real s'est également rendu coupable d'une perte de balle qui a amené le premier but chilien, puis de la faute qui amène le coup franc sur le deuxième. Il a cédé sa place après la pause à Koke, qui a amené un peu plus de tranchant dans le jeu espagnol. Derrière un Diego Costa inexistant, Andres Iniesta, David Silva et Pedro ont tenté de donner du mouvement à l'animation offensive espagnole, sans obtenir le rendement attendu.

Le tournant qui n'a pas eu lieu : La sortie décisive de Claudio Bravo

15e minute de jeu : après une entame de match un peu poussive, l'Espagne refait surface et presse le milieu chilien. Sur un ballon perdu par les Sud-Américains, Diego Costa s'avance jusqu'à l'entrée de la surface et croise trop sa frappe. Andes Iniesta récupère le ballon et centre vers Xabi Alonso, qui profite d'un mauvais renvoi de la défense adverse pour se retrouver en position de frappe. Claudio Bravo sort à bon escient pour contrer le tir du milieu espagnol. Cinq minutes plus tard, Iker Casillas n'aura pas la même réussite face à Eduardo Vargas, et l'Espagne ne se remettra jamais de cette ouverture du score.
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Xabi Alonso perd son duel face à Claudio Bravo. Le début de la fin pour l'Espagne, battue 2-0 par le Chili.

Crédit: AFP

La stat : 3

Le statut de vainqueur sortant est décidément difficile à assumer. Avec cette élimination de l'Espagne, trois des quatre derniers champions du monde en titre ont chuté dès le premier tour de l'édition suivante. La France avait ouvert le bal en 2002, imitée par l'Italie en 2010, et donc l'Espagne en 2014. Seul le Brésil avait tenu son rang en franchissant la phase de poules en 2006, avant de tomber devant la France en quarts de finale (1-0).

Le tweet qui nous a fait sourire

Ça résume bien l'empreinte laissée par cette génération espagnole.

La décla : Vicente del Bosque (sélectionneur de l'Espagne)

Nous aurons le temps de décider des choses les plus adaptées pour le football espagnol, et cela vaut aussi pour mon cas personnel

La question : Est-ce la fin du "tiki-taka" ?

La chute de l'Espagne, c'est aussi celle de son style de jeu. Ce "tiki-taka" qui a fait la force du football espagnol entre 2008 et 2012 semble en faire la faiblesse depuis deux ans. L'humiliation subie par le Barça face au Bayern en demi-finale de la Ligue des champions en 2012/2013 (4-0, 3-0) a été un coup de semonce confirmé par le revers de la Roja en finale de la Coupe des Confédérations face au Brésil (3-0), puis par la déroute du Bayern Munich de Josep Guardiola face au Real Madrid en demi-finale de la C1 cette année (1-0, 4-0). Le fiasco de l'équipe de Vicente del Bosque lors de cette Coupe du monde marque un nouvel échec du football de possession.
Il y a une certaine similitude dans tous ces cas. Un excès de patience entraînant une possession souvent stérile  qui contraste avec la vitesse et l'efficacité des équipes qui ont vaincu ce système. Le Chili n'a fait que suivre l'exemple, dans un système différent, mais en appliquant le même principe de faire mal à l'adversaire le plus vite possible. Il y a peu de doute à avoir sur la qualité des joueurs espagnols, ou sur la génération à venir, qui a brillamment remporté l'Euro des moins de 21 ans l'an passé, ou sur ses clubs qui ont fait le doublé Ligue des champions-Ligue Europa. Mais pour retrouver le chemin de la gloire, la sélection devra peut-être abandonner ce style de jeu qui a fait son succès, mais dont les limites semblent assez criantes aujourd'hui.
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Les joueurs de l'Espagne n'ont pas pu réagir face au Chili

Crédit: AFP

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