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Bleus : Des selfies aux bains de foule: comment les Bleus sont en train de restaurer leur image

Martin Mosnier

Mis à jour 12/06/2014 à 13:20 GMT+2

Quatre ans après Knysna, les Bleus ont une image à restaurer au Brésil. Tous les efforts faits vont dans ce sens. Et jusqu'ici, c’est un sans-faute.

Paul Pogba, le milieu de terrain des Bleus, à Clairefontaine avec les supporters

Crédit: AFP

Mardi en début de soirée au stade du Botafogo à Ribeirao Preto. Les Bleus terminent leur premier entrainement et rejoignent les vestiaires sous les acclamations d’un public local venu en nombre. Souriants, les Bleus le saluent. Karim Benzema, qui a les faveurs du public, déserte les rangs pour jeter son t-shirt d’entrainement en direction des tribunes provoquant l’hystérie générale. La scène peut paraître anodine mais elle n’était pas si courante lors du passé récent des Bleus. Elle reflète à merveille cette nouvelle image que ils tentent se construire. Car au Brésil, les Bleus sont en mission.
Quatre ans après le traumatisme de Knysna, quatre ans après avoir été la risée du monde, l’équipe de France est au Brésil pour soigner son image. Elle accueillera l’Euro 2016 dans deux ans, en attendant, avant de gagner, elle doit séduire même si résultats et popularité sont fatalement liés. Pour séduire, il faut s’ouvrir. Là où Raymond Domenech avait décidé de verrouiller l’accès des médias et des supporters aux Bleus, Deschamps joue la proximité. Entretiens individuels à Clairefontaine pour les journalistes, bains de foule à Nice, Lille et Ribeirao Preto pour les supporters. Les Bleus sont redevenus plus accessibles.

2010-2014 : de la paranoïa aux selfies

Il est loin le temps du Pezula Hotel et de son centre d’entrainement façon Fort Knox. Entre 2006 et 2010, les Bleus s’étaient peu à peu installés dans la paranoïa. C’était eux contre le reste du monde. En 2014, ils inondent les réseaux sociaux de selfies, tout sourire, trainent sur le terrain à la fin des matches de préparation et prennent plus d’une heure de leur temps pour signer des autographes à la sortie de leur premier entrainement brésilien.
"Les caïds immatures" stigmatisés par Roselyne Bachelot,  ministre des sports en 2010, sont devenus des enfants de chœur et des VRP de luxe de la marque équipe de France. En conférence de presse mardi, Koscielny et Giroud étaient volontiers taquins, jouaient avec les médias. "Appelez-moi Kos", leur a lancé le défenseur des Gunners dans une ambiance détendue qui tranche singulièrement avec l’environnement glacial d’Af’Sud. A Knysna, les journalistes travaillaient dans une tente à peine chauffée au cœur de l’hiver sud-africain. C’est dans le magnifique théâtre Pedro II de Ribeirao Preto qu’a été installé le centre de presse cette année. "Vous êtes gâtés",  a lancé Deschamps aux relations cordiales et sans heurts avec la presse.
"On voit que les gens ont envie de nous soutenir", a constaté le sélectionneur. "Ce que démontre l’entraînement ouvert au public où il y a beaucoup de monde. C’est bien de garder le contact avec les gens qui sont là et qui ont envie de nous voir." Ce changement radical de comportement n’est pas innocent et n’est sans doute qu’en partie spontané. Quand, dimanche dernier, Olivier Giroud parle de  "mission reconquête qui va dans le bon sens", il n’est pas tout à fait idiot d’imaginer que les Bleus ont été briéfés.
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Ces fans brésiliens ont choisi : c'est Benzema leur préféré

Crédit: AFP

Didier Deschamps aurait multiplié les réunions à Clairefontaine pour mettre en garde ses hommes contre tout débordement. Sans même parler de grève de l’entrainement, pas question pour lui de voir un de ses hommes pris la main dans le sac dans une affaire extra-sportive. Tweeter oui mais pas pour afficher ses états d’âme et mettre le feu aux vestiaires,  "il ne faut pas tout écrire", a prévenu Deschamps. Au Brésil, l’objectif est clair : zéro polémique.
Je ne télécommande pas les joueurs
Même si le sélectionneur repousse vigoureusement la thèse de la préméditation : "Je ne télécommande pas les joueurs, je n'ai pas de joystick. S'ils vont tous congratuler le buteur, tant mieux. C'est spontané." Pourtant le choix de ne pas emmener Nasri au Brésil repose sur des critères extra-sportifs. Deschamps ne voulait pas d’éléments potentiellement perturbateurs ou ingérables. Les survivants de Knysna se comptent désormais sur les doigts d’une main (Lloris, Sagna, Evra, Valbuena) et le sélectionneur a construit son groupe autour de joueurs sans histoire.
Exit les Ménez et Ben Arfa - présents à l’Euro - et le mal-être qu’ils semblent trimballer perpétuellement, place à la fraîcheur avec les Mavuba ou Pogba à la bonne humeur contagieuse. Cette année, les réservistes n’ont pas fait de vague, Deschamps les avait aussi choisis pour cela. Et ils auront droit aux mêmes primes que ceux qui ont traversé l’Atlantique. Si, bien sûr, la logique sportive reste centrale, Deschamps ne peut pas nier que tout est savamment dosé.
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Didier Deschamps a montré la voie à suivre, même s'il assure ne pas avoir de "joystick"

Crédit: Panoramic

DD a pris grand soin d’éteindre chaque début d’incendie. Aujourd’hui, il ne reste que peu de situations susceptibles d’embraser le groupe. Koscielny remplaçant même après avoir été irréprochable en match de préparation ? Pas de problème : "C’est le groupe qui fera gagner l’équipe de France, ça ne m’empêche pas de dormir", le défenseur promis au banc a bien assimilé l’état d’esprit général. Bien sûr, il ne faudrait pas que l’association Giroud-Benzema vire au fiasco sous peine de voir le Madrilène réclamer l’axe mais, jusqu’ici, il ne fait pas d’histoire.
L’image, c’est gagné
La communication de la FFF s’attache, elle aussi, à lisser l’image écornée des Bleus. Elle s’appuie énormément sur l’image que renvoie Didier Deschamps et sa popularité monstrueuse auprès des supporters. Voilà pourquoi la FFF a distribué dimanche aux Lillois des autocollants "I ♥ D.D." aux abords du stade Pierre Mauroy, voilà pourquoi la chaîne youtube de la FFF diffuse quotidiennement des vidéos dans l’intimité des Bleus. Tout est fait pour les rendre accessibles et faire redécoller leur cote de popularité en les montrant sous un jour favorable.
Et ça marche. 60% des Français ont de la sympathie pour ces Bleus, selon un sondage réalisé avant France-Jamaïque pour l’Equipe. Ils étaient 20% après l’Euro 2012. "L'image, c'est gagné", fanfaronnait Noël Le Graët mardi au congrès de la FIFA. "Le grand public est en attente de l'équipe de France." Le président de la FFF sait qu’il est en passe de remporter son pari, sans doute le plus important. Les résultats seront ce qu’ils seront. Le forfait de Ribéry enlève un formidable poids à cette sélection de jeunes joueurs inexpérimentés qui peut difficilement ambitionner autre chose qu’un quart de finale au regard de ses résultats depuis 2006. Qu’importe puisqu’un Mondial réussi sera avant tout un Mondial sans vague. 
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