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Brésil - France 1977 (2-2), seul match des Bleus au Maracana avant France - Equateur

Laurent Vergne

Mis à jour 25/06/2014 à 11:59 GMT+2

Mercredi soir, ce ne sera que la deuxième apparition de l'équipe de France au Maracana. Trente-sept ans après les Bleus de Michel Hidalgo, qui avaient obtenu un remarquable match nul (2-2) grâce à Didier Six et Marius Trésor. Un grand moment, forcément, d'autant que le Maracana était alors au sommet de sa gloire.

Gigin, Dominique Bathenay, France - Brésil 1977

Crédit: Panoramic

Il y a des endroits mythiques que l'on n'a pas l'occasion de fouler tous les jours. C'est le cas du Maracana pour l'équipe de France. Mercredi soir, la formation de Didier Deschamps ne sera que la deuxième de l'histoire du football tricolore à fouler la pelouse du célèbre stade carioca. La première, et donc la seule encore pour quelques heures, commence à dater puisqu'elle remonte à 1977. Le jeudi 30 juin, exactement. Ce soir-là (cette nuit, en France, le match étant très tard), les Bleus de Michel Hidalgo avaient signé un authentique exploit en obtenant un match nul (2-2) chargé de promesses.
A l'époque, la France n'est plus rien sur la scène internationale. Nous sommes quasiment deux décennies après la troisième place de la génération Kopa au Mondial 1958. Les Français viennent de rater trois des quatre dernières Coupes du monde et leur seule présence durant cette période a viré au fiasco, en 1966. La France est au milieu de son parcours qualificatif pour le Mondial 1978 mais lors de cette tournée estivale sud-américaine, elle arrive en tout petit poucet avec sa nouvelle génération, celle des Platini, Bossis, Lacombe ou Six. Le Brésil, lui, n'est plus vraiment le grand Brésil. Il se cherche, entre la mythique équipe de 1970 et la non moins légendaire équipe des années 80, prête à débarquer. Mais enfin, il y a encore Rivelino et Paulo Cesar et il y a déjà un garçon comme Cerezo. Surtout, il y a le Maracana. Plus encore que jouer contre le Brésil, les Bleus viennent jouer au Maracana.
Rendez-vous compte, on a jeté un froid au Maracana !
 "C’est le stade le plus connu au monde. Celui où tout Européen rêvait déjà de jouer à l’époque", se souvient Maxime Bossis, titulaire ce soir-là. Pourtant, sa première impression lui donne plutôt le sentiment de visiter une cathédrale mal entretenue. "Je me souviens d’un stade vétuste, dit l'ancien Nantais. D’un tunnel vieillot pour rentrer sur la pelouse. Ça ressemblait au tunnel de l’ancien stade des Girondins de Bordeaux." "Onne voyait pas grand-chose non plus sur le banc, se remémore de son côté Michel Hidalgo. On était installé dans une tranchée, avec la tête à hauteur du terrain." En revanche, pour les joueurs, une fois les tribunes sous le nez et la pelouse sous les pieds, le mythe est apparu dans toute sa splendeur. "Une fois sur le terrain, reprend le grand Max, il y a avait un parfum particulier. On ressentait encore l’empreinte du Brésil de Pelé."
Impressionnés, les Français sont menés 1-0 à mi-temps après un but d'Edinho, tout jeune défenseur central qui disputerait ensuite trois Coupes du monde, étant même capitaine en 1986. Puis, à la 51e minute, Roberto "Dinamite" double la mise. Là, ça sent le gros bouillon pour les Bleus. Heureusement, dans la foulée, Didier Six marque. Un but d'anthologie, avec petit lob, contrôle et volée du gauche parfaite. C'est LE but de la carrière du grand mal-aimé du foot français. Un but plein de talent et de malice. "Après le lob, j'ai compris que le ballon allait retomber sur mon pied droit, racontera des années plus tard, le temps de la prescription acquis, Six le gaucher. J’avais la main droite collée au corps, et d'une petite pichenette, en un dixième de seconde, le ballon a atterri sur mon pied gauche. Vous connaissez la suite…"
Puis, à cinq minutes de la fin, c'est le monumental coup de boule de Marius Trésor. Il n'a pas marqué beaucoup, le Marius, chez les Bleus. Quatre fois. Mais deux sont mythiques: sa volée en prolongation contre la R.F.A. lors de la demi-finale de Séville en 1982, et ce coup de tête au Maracana. Son préféré. "Les deux ont beaucoup compté pour moi mais celui que je chéris le plus, c'est celui du Maracana. Je suis Antillais et j'ai grandi en rêvant de l'équipe du Brésil et du Maracana. Avoir la chance d'inscrire un but là-bas, pour nous permettre de faire match nul en plus, c'était quelque chose de magique." Soudain, le Maracana s'est tu. Rien à voir, évidemment, avec le but de Ghiggia vingt-sept ans plus tôt. Mais quand même. "Ça a jeté un froid au Maracana, s'emballe encore Michel Hidalgo. Rendez-vous compte, on a jeté un froid au Maracana ! C'est incroyable quand même…"
Mythique, l'adjectif n'est pas surfait
 Ce 30 juin, le mythique stade n'était pas loin. "Il n'y avait "que" 120.000 personnes", se souvient Bossis, amusé. C'est indéniablement un match qui a compté pour les Bleus. "Dans un tel contexte, c’était vraiment une belle performance, ajoute encore Bossis. Surtout que l’équipe de France sortait d’une longue traversée du désert, depuis la Coupe du monde 1966." "Faire le match qu'on a fait, en 1977, c'était une vraie performance, confirme Hidalgo. Pour nous, faire un nul face au Brésil, chez lui, ça augurait de bonnes choses." Ce nul a contribué à faire prendre conscience à ce groupe de sa qualité. Cinq mois plus tard, la France allait battre la Bulgarie et décrocher son billet pour la Coupe du monde. Le début d'une période dorée.
Trente-sept ans après, il reste des (bons) souvenirs pour la vie. Ils ont changé. Le football aussi. Quant au Maracana, n'en parlons pas... "Je n'y suis jamais retourné depuis, avoue Michel Hidalgo. Je sais qu'aujourd'hui, il a bien changé. Sa capacité a été réduite de moitié. Ce n'est plus vraiment le Maracana." Bossis, lui, y est revenu "une seule fois, un an plus tard, après la Coupe du monde 1978, pour un match entre le Brésil et l'Argentine." Pour lui, ancien ou nouveau Maracana, la légende perdure: "C’est un stade mythique, comme il en existe peu dans le monde. L’adjectif n’est pas surfait. A part Wembley, je n’en vois pas d’autre." Mercredi soir, les pionniers seront rejoints par une autre génération. Pour, peut-être, la première victoire française de l'histoire au Maracana.
Article réalisé avec Gil BAUDU
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