Brésil - Pays-Bas (0-3), notre antisèche : Le Brésil n’a pas su se remobiliser

Pourquoi changer un système qui n’a pas pris de but depuis les huitièmes? Louis Van Gaal a reconduit face au Brésil le 3-4-1-2 qu’il utilise depuis le début du Mondial. Le trio De Vrij – Vlaar – Martins Indi a parfaitement contenu les offensives des Brésiliens qui ont eu toutes les peines du monde à s’approcher du but de Cillessen. Avec une telle assise défensive, les Oranje ont pu se projeter vers l’avant grâce à Robben et Van Persie, épaulés par Jonathan de Guzman qui a supplée Wesley Sneijder, blessé à l’échauffement.

En face, la défense brésilienne a une nouvelle fois affiché d’immenses lacunes, malgré le retour du capitaine Thiago Silva. Avec deux latéraux, Maicon et Maxwell, positionnés très haut, elle s’est exposée aux débordements néerlandais et s’est montré trop naïve à l’image de David Luiz sur le deuxième but des Pays-Bas, qui a renvoyé le centre de De Guzman sur Daley Blind dans l’axe. Trop fragiles en défense, les hommes de Luis Felipe Scolari ont été trop brouillons en attaque pour inquiéter Cillessen. Sur onze tirs tentés, ils n’en ont cadré que deux. Souvent sans solution dans la moitié de terrain néerlandaise, ce Brésil-là ne pouvait pas espérer beaucoup mieux.

Ça devient une habitude. À chaque rencontre des Pays-Bas dans ce Mondial, un seul nom revient au coup de sifflet final : Arjen Robben. C’est toujours le cas après le match face au Brésil. Désigné homme du match, l’attaquant néerlandais n’a pas marqué, mais il est à l’origine de tout. Sur le premier but, il obtient la faute qui amène le penalty transformé par Van Persie. Sur le second, il lance De Guzman dont le centre s’est transformé en passe décisive pour Blind. Sur le troisième, il décale Janmaat sur la droite qui a offert le troisième but à Wijnaldum. Il s’est même permis un coup du sombrero sur un Brésilien dans sa propre surface en première période. Du grand Robben.

En face, les maigres espoirs du Brésil ont reposés sur les épaules d’Oscar. Le milieu de la Seleçao a été à l’origine de toutes les actions dangereuses de son équipe. Il n’a pas hésité à redescendre très bas sur le terrain pour relancer, et a souvent créé le bon décalage dans une défense néerlandaise qui a pourtant brillé par sa stabilité. À la 68e minute, il aurait dû obtenir un penalty non sifflé par l’arbitre. Derrière Oscar, Maicon a laissé de côté ses presque 33 ans pour apporter le danger sur son côté droit. Le latéral brésilien a mis plusieurs fois le feu dans la moitié de terrain des Oranje par ses montées et ses dribbles.

Mais ces efforts ont été annihilés par une défense centrale qui a hypothéqué les chances du Brésil en à peine plus d’un quart d’heure. Le retour de Thiago Silva devait stabiliser une équipe en déroute quatre jours plus tôt face à l’Allemagne. Ça a été tout le contraire. Le capitaine de la Seleçao a concédé un penalty après deux minutes de jeu pour une faute sur Robben. Il aurait même pu être expulsé pour avoir interrompu illicitement une occasion nette de but mais l’arbitre a préféré l’avertir. Son compère de la défense centrale, David Luiz, n’a pas été plus heureux en étant à l’origine du second but encaissé par la Seleçao.

On joue la 68e minute à Brasilia. Oscar pénètre sur la droite de la surface brésilienne et s’effondre après un contact avec Daley Blind, en retard sur le milieu brésilien. L’arbitre siffle une faute… pour les Pays-Bas et adresse un carton jaune à Oscar pour une simulation. Sauf que le contact entre les deux joueurs était bien réel. Blind s’est même blessé au genou en stoppant son adversaire et a dû sortir sur civière. À 2-0, un penalty en faveur du Brésil aurait pu tout changer.

Le Brésil va devoir se relever d’une immense désillusion, et construire une équipe capable de repartir au combat pour le prochain Mondial en Russie en 2018. La Seleçao doit mener plusieurs chantiers de front. Elle doit avant tout se trouver un buteur. Fred et Jô ont été inexistants dans ce Mondial. Elle doit aussi se trouver un patron au milieu du terrain. Pourquoi pas Oscar ? Le joueur de Chelsea n’a que 22 ans et a montré face aux Pays-Bas qu’il pouvait diriger le jeu de son équipe. Il peut être avec Neymar le pilier de la reconstruction du Brésil. La défense, qui a encaissé dix buts lors des deux dernières rencontres, a du travail à fournir, beaucoup de travail. Heureusement pour le Brésil, ses deux titulaires en charnière centrale vont se retrouver dans le même club, au Paris SG, et pourront peaufiner les automatismes. Reste à savoir si tous ces joueurs sauront digérer rapidement cet échec. Ceux du Maracanazo en 1950, qui avaient perdu à domicile le match final face à l’Uruguay (1-2), ont longtemps porté le fardeau de la défaite.