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Ce n'est pas seulement le Mondial du Brésil, c'est celui de tout un continent

Alexandre Juillard

Mis à jour 28/06/2014 à 13:55 GMT+2

Depuis plusieurs mois, le Brésil est à la Une de l’actualité. Mais on aurait presque tendance à oublier que cette Coupe du monde, c’est aussi celle de tout un continent. Sur le terrain et dans les tribunes, les Argentins, les Uruguayens, les Chiliens et les Colombiens l’ont démontré…

Les supporters de l'Argentine avec la Coupe du monde

Crédit: Panoramic

Des marées de supporters sud-américains

Lundi 16 Juin. Copacabana. L’avenue Atlântica, qui longe la mythique plage carioca, est prise d’assaut par des milliers de supporters albiceleste. Dans quelques heures, la sélection argentine va débuter son Mondial sur la pelouse, elle aussi mythique (car tout est mythique à Rio de Janeiro), du stade Maracana. Cette marée humaine bleue et blanche est hors d’elle, hystérique. Elle ne forme plus qu’un : ce fameux douzième homme si cher aux Sud-Américains. Le temps d’un après-midi puis d’une soirée, elle fait comme si elle était chez elle, ici, à Rio, chez son meilleur ennemi brésilien. Le symbole est fort alors, la foule jubile. Et lorsque les premières notes de "Libertad", l’hymne national argentin, ont sonné dans le Maracana, on se serait crû au Monumental de Buenos Aires.
Ces scènes-là, elles se répètent, avec autant de passion et d’émotion dans l’air, à chaque fois que l’Argentine, l’Uruguay, le Chili ou la Colombie joue un match. Car oui, c’est vrai que les Brésiliens attendent cette Coupe du monde depuis de longues années. Mais il ne faudrait pas oublier que leurs chers voisins se sont aussi invités à la fête. Et ils veulent démontrer, sur et en dehors des pelouses, qu’eux aussi existent et qu’il n’y à pas que le Brésil sur le continent. Mais aussi et surtout que le football, que supporter, c’est "un sentiment" (comme ils disent) d’Ushuaïa à Maracaibo et de Recife à Guayaquil.
Lors du dernier match de poule de l’Argentine (contre le Nigeria) à Porto Alegre, les autorités ont parlé de quelque 100 000 Argentins qui avaient fait le déplacement. Plus qu’une marée, c’était un tsunami albiceleste. Pourquoi tant de monde ? Parce que la région du Rio Grande do Sul (dont Porto Alegre est la capitale) est frontalière de l’Argentine. Alors, comment ne pas tenter sa chance ? Comment ne pas aller vivre une folle journée à la Coupe du monde ?
Faire 1000 ou 2000 kilomètres, conduire pendant des heures, ça ne les effraie pas. Parce qu’ici, sur ce continent, il y a tellement d’espace, qu’avaler de l’asphalte, ça n’a jamais fait peur à personne. Et encore moins lorsqu’il est question de football. Et n’oublions pas que l’Uruguay et la Colombie ont, eux aussi, une frontière avec le géant brésilien. Bref, qu’ils soient Argentins, Colombiens, Uruguayens ou Chiliens, ils se sentent tous "presque" comme à la maison au Brésil.
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La marée des supporters uruguayens déferle sur le Brésil

Crédit: Panoramic

L’Amérique du Sud, le continent du football

Sur les plages ou sur les terrains vagues, dans les rues ou dans les cours d’immeubles, le football est partout en Amérique du Sud. Les plus grandes villes du continent sont des villes de football aux équipes légendaires. A Santiago du Chili, il y a l’Universidad Católica et Colo-Colo. A Bogota, Sante Fe et Millonarios. A Montevideo, Peñarol et Nacional. A Buenos Aires, Boca Juniors, River Plate, Racing ou Independiente. A São Paulo, Corinthians, Palmeiras et São Paulo FC. A Rio de Janeiro, Botafogo, Flamengo, Fluminense et Vasco de Gama. Et que dire des sélections, si ce n’est qu’elles ont marqué à jamais l’histoire du football. Et les rivalités entre tous ces pays sont très fortes, que ce soit en club ou en sélection. Pour eux, il n’y a pas de plus belle victoire que celle ramenée du Brésil, le géant du continent.
Alors, les Messi, Neymar, Vidal, Cavani, Falcao ou Suarez ne pensent qu’à ça, qu’à cette Coupe du monde depuis longtemps. Ils ont fait de cet événement, le rendez-vous d’une vie, l’objectif d’une carrière. Falcao forfait ? On est loin d’imaginer l’immense frustration, l’immense déception qu’il a ressentie lorsqu’il a été obligé de jeter l’éponge. Et pourtant, il a tout essayé. Vidal et Suarez, eux, ont gagné cette course contre la montre et contre la blessure. Mais la pression sur les épaules du "Pistolero" uruguayen a été si forte qu’il a fini par craquer et par manger l’épaule de Chiellini.
Tous savent, qu’ici, ils ont rendez-vous avec l’histoire et qu’ils peuvent devenir des héros immortels s’ils venaient à remporter ce Mondial. Car les Sud-Américains sont persuadés d’une chose : la Coupe du monde ne peut pas leur échapper. Ils doivent rester maîtres chez eux... comme d’habitude ! Il faut rappeler que sur les quatre Coupes du monde qui ont eu lieu sur le continent, en Uruguay (1930), au Brésil (1950), au Chili (1962) et en Argentine (1978), c’est à chaque fois une sélection sud-américaine qui s’est imposée. L’Uruguay, deux fois (1930 et 1950), le Brésil (1962) et l’Argentine (1978), une fois.
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Un supporter de la Colombie avec la Coupe du monde

Crédit: Panoramic

Le Brésil, est-ce vraiment le pays du football ?

Cinq fois champions du monde, des joueurs exceptionnels, un style inimitable et exotique, n’en jetez plus…Pour le Vieux-Continent, il n’y a pas de doute : le Brésil, c’est LE pays du football. Ah bon, vraiment ? En êtes-vous si certains ? Allez demander à un supporter un jour de "clásico" à Bogota, Santiago, Montevideo, Buenos Aires ou Rosario, si le Brésil, c’est bien LE pays du football ? Il est fort probable que vos interlocuteurs ne daignent répondre à cette insolente question. Mais si, par miracle, ils acceptaient de faire un petit effort, ils auraient réponse à tout. Un Argentin, vous dira bien que l’Argentine a le même nombre de titres que le Brésil (17) (2 Coupes du monde à 5, mais 14 Copa America à 8, et 1 Coupe des Confédérations à 4), mais aussi que Maradona est meilleur que Pelé. Dans le même registre, un Colombien préfèrera toujours "el Pibe" Valderrama à Ronaldo. Et pour un Uruguayen, un Fransescoli aura toujours plus de classe et de charisme qu’un Socrates.
Non, pour eux, le football va bien au-delà des simples résultats et bien au delà de la sélection. Sur ce continent qui respire le football à chaque coin de rue, le football, c’est avant tout une passion. Et cette passion, c’est avant tout celle d’un club. Dans tous les pays du monde où le football est le sport roi, les stades seront toujours pleins lors d’un derby ou lors d’une finale d’un championnat ou d’une coupe. Non, pour mesurer la passion, la vraie, il faut que chaque équipe, qu’elle soit en première division ou en division régionale, ait ses supporters qui la suit partout et pour toujours. Et à ce petit jeu là, les Argentins, les Colombiens, les Chiliens et les Uruguayens n’ont rien à envier aux Brésiliens. Si on voulait pousser le bouchon un peu plus loin, on pourrait dire que cette passion-là est un peu moins présente au Brésil. Il n’y a qu’à voir depuis le début de ce Mondial : l’ambiance n’était-elle pas plus folle, plus électrique pendant les matches des Sud-Américains que pendant ceux du Brésil ? Mais là, ce sont deux conceptions qui s’opposent : le football, c’est d’abord le jeu ou la passion ?
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T.Silva: "Neymar sera au même niveau que Messi"

Crédit: Foot123

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