Au fait, c’était quoi ce dernier quart d’heure contre la Suisse ?
ParGil Baudu
Publié 25/06/2014 à 07:21 GMT+2
Nous avons revu la fin de match de l’équipe de France face à la Suisse, celui où elle a encaissé deux buts. Verdict : si elle a concédé deux buts, c’est parce que son investissement s’est effrité.
"Cela aurait pu être plus que parfait." Paroles de Didier Deschamps vendredi dernier, après France-Suisse (5-2). Mais dans la voix du sélectionneur des Bleus, on a senti un goût d’inachevé. Et, pour tout dire, une légère pointe d’agacement. Pendant soixante-treize minutes, l’équipe de France a maîtrisé son sujet. Elle l’a même survolé, jusqu’à compter cinq buts d’avance, avec celui de Moussa Sissoko. Mais ensuite, les Bleus se sont relâchés. La Suisse en a profité pour marquer deux fois. D’où la formule de Deschamps en conférence de presse.
La stat qui en dit long : 4
Les quatre derniers buts encaissés par l’équipe de France, en Ukraine (2-0), face au Paraguay (1-1) et contre la Suisse (5-2), l’ont tous été dans les dix dernières minutes.
Cette saute de concentration ne ternit évidemment pas le départ canon des Tricolores dans ce Mondial. Mais elle sonne comme un avertissement, comme un rappel à l’ordre. Face à un adversaire d’un calibre supérieur, avec un écart plus étroit, dans un match à élimination directe, ce genre de relâchement pourrait se payer cash. Pour tirer des leçons, nous avons voulu comprendre ce qui avait coincé en fin de match vendredi. Nous avons donc revisionné le dernier quart d’heure face à la Suisse. Du 5-0 au 5-2, chronologie d’une maîtrise française qui s'est peu à peu perdue.
De la 73e à la 78e minute : Les Bleus gardent le rythme
Après le but de Sissoko, les Bleus gardent d’abord toute leur concentration. Pendant cinq minutes, ils affichent même une maîtrise collective impressionnante. Les passes sont précises, les accélérations tranchantes, le pressing tout terrain. L’équipe de France a même deux occasions d’ajouter un sixième but. Durant cette période, on est plus près du 6-0 que du 5-1.
79e : Plus de fautes
A partir de cet instant, la Suisse prend le contrôle du ballon. Le bloc français est toujours compact. Tout le monde fait les efforts dans le replacement. Mais les Tricolores sont peu à peu dépassés dans les duels. Ils commettent de plus en plus de fautes. Celle de Koscienly sur Shaqiri, plein axe, à 30 mètres, sera fatale.
Dzemaili, qui vient de rentrer, tente sa chance. Le mur tricolore se fissure. La responsabilité de Benzema est engagée : le buteur des Bleus lève inexplicablement la jambe gauche et laisse passer le ballon. Lloris est trop court. A la décharge du gardien français, il est masqué au départ de la frappe.
81e minute : Sans Valbuena, plus aucun contrôle
Didier Deschamps injecte du sang neuf au sein de son attaque. Il lance Griezmann et sort Valbuena. Les Bleus gagnent en percussion. Mais ils perdent en maîtrise. La sortie du lutin marseillais coïncide avec une perte de contrôle flagrante. L’équipe de France ne verra plus le ballon jusqu’au coup de sifflet final.
83e : Cabaye perd ses nerfs, comme les autres
Les Bleus courent après le ballon. Ils n’ont plus d’essence dans le moteur. Et ils en perdent leurs nerfs. Comme Yohan Cabaye, qui s’énerve de manière disproportionnée pour une faute anodine de Dzemaili sur la ligne médiane.
85e : Sur les ailes, ça craque
Les couloirs connaissent quelques courants d’air. Evra, irréprochable jusqu’ici, laisse Shaqiri lancer Lischtsteiner dans son dos. Sans conséquence. Mais cette action illustre un relâchement des latéraux. Sur les côtés, la Suisse a pris, enfin, le dessus.
86e : Tous dans la moitié de terrain
Le bloc français joue de plus en plus bas, dans sa moitié de terrain, à une quarantaine de mètres du but de Lloris.
Cette tendance à reculer s'explique : les Bleus ont exercé un tel pressing qu'ils ont bien le "droit" de s'économiser un peu. Problème : ce recul laisse davantage d’espaces entre les lignes. Les Suisses trouvent des intervalles entre la défense et le milieu français. Ce qui permet à Shaqiri d’armer du gauche aux 20 mètres.
87e : Xhaka conclut une belle séquence
Les Bleus sont arc-boutés devant leur surface. Benzema est isolé en pointe. L’équipe de France court dans le vide. Xhaka profite d’une ouverture lumineuse d’Inler pour filer dans le dos de Koscielny et Evra. Le milieu offensif du Borussia Mönchengladbach n’est pas hors-jeu : il est couvert par Debuchy. Ce but vient récompenser un mouvement suisse de 40 secondes et de dix passes.
88e : Les milieux sont en retard
Les Bleus ont perdu la bataille du milieu. Dans l’entrejeu, plus aucun pressing. Les milieux sont systématiquement en retard. Comme Cabaye, qui laisse trainer ses crampons sur Dzemaili. Le Parisien prend un jaune stupide. Il sera suspendu face à l’Equateur.
Temps additionnel : Plus de jambes pour attaquer
A la récupération du ballon, les remontées sont lentes et imprécises. Les Bleus n’ont plus les jambes pour attaquer. Ils perdent beaucoup de ballons. Il est vraiment temps que ça se termine.
Conclusion : Un mal pour un bien ?
Dans l’investissement, dans le replacement, dans le pressing, les Bleus connu un vrai passage à vide durant ce dernier quart d’heure. Les deux buts concédés en fin de match ont sanctionné ce relâchement, sans doute autant physique que psychologique. Il doit maintenir les joueurs de Didier Deschamps en éveil. L'avenir dira si, finalement, c'était un mal pour un bien. En tout cas, ce quart d'heure aura eu le mérite de les mettre en garde.
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