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France - Honduras, Coupe du monde 2014 : comment Deschamps a redressé les Bleus en douze mois

Martin Mosnier

Mis à jour 15/06/2014 à 13:46 GMT+2

Humiliée au Brésil en juin 2013, la France revient à Porto Alegre ce dimanche pour débuter son Mondial. Entretemps, elle s’est reconstruite. Fonds de jeu, ambitions, leaders et système : tout a changé en un an grâce à Didier Deschamps. Voici comment.

En un an, Didier Deschamps a remis la France sur les bons rails

Crédit: AFP

Un an quasiment jour pour jour. En juin 2013, le 9 pour être exact, les Bleus quittaient le Brésil et Porto Alegre avec des bosses sur le front et le moral dans les chaussettes. Ce dimanche, ils reviennent dans le sud du Brésil gonflés d’ambition. Comment les Bleus ont-ils pu passer de la cave au grenier en douze mois ? Quelles étapes ont déclenché leur progression ? Zoom sur une année durant laquelle l’équipe de France est passée par toutes les émotions.

Juin 2013 : tournée fiasco et élagage massif

Le programme : une tournée sud-américaine qui passe par l’Uruguay (1-0) et le Brésil (3-0)
Un fiasco sur toute la ligne. Les Bleus ont déjà les tongs aux pieds et se font transpercer de tous les côtés. Deschamps fulmine après l’humiliation subie face à la Seleção. Jeu inexistant, impact physique proche du néant, la France est hors-sujet. La soufflante dans le vestiaire est sans concession.
Les enseignements : Cette tournée va en laisser quelques-uns sur le carreau. On ne reverra plus Jérémy Mathieu, dramatique à Porto Alegre, ni Adil Rami. Bafétimbi Gomis laisse lui aussi passer sa chance. En l’absence de Ribéry, Payet avait l’occasion de prendre les clés du camion. Il surjoue et se noie. Alexandre Lacazette aurait pu définitivement intégrer le groupe mais ses entrées indigentes refroidiront Didier Deschamps. Benzema livre à Porto Alegre l’un de ses matches les plus pauvres. L’attaque des Bleus est un chantier et le Madrilène n’est plus intouchable.
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Joshua Guilavagui lors de France - Brésil, 2013

Crédit: Panoramic

Août 2013 : Les doutes de Benzema

Le programme : Belgique-France (0-0)
Au stade du Roi-Baudouin, la déculottée est programmée face aux All Stars belges. Contre toute attente, la France tient plutôt bien le coup et met un terme à une série de trois défaites consécutives.
Les enseignements : Le match est enlevé. Koscielny impressionne en défense centrale, Valbuena s’impose un peu plus comme le patron en attaque mais Benzema continue d’étaler ses doutes et son manque d'efficacité.
Et sinon ? Josuha Guilavogui file à l’Atlético Madrid, Etienne Capoue à Tottenham, Benoît Trémoulinas au Dynamo Kiev, Geoffrey Kondogbia à Monaco : des choix de carrière qui se révèleront catastrophiques pour leur avenir international. Bafétimbi Gomis, lui, n'a pas choisi mais file en CFA 2.

Septembre 2013 : 15 minutes et Pogba ont tout changé

Le programme : Géorgie-France (0-0)
En Géorgie, les Bleus n’ont aucune audace, aucune imagination malgré un Ribéry entreprenant. La France est condamnée aux barrages.
Les enseignements : Le 4-4-2 est un fiasco. Toutes les critiques se concentrent sur Benzema qui n’a plus marqué depuis 1217 minutes.
Biélorussie-France (2-4)
Après une première période cataclysmique, les Bleus, menés 1-0, avec un Benzema sur le banc et un Lloris inhabituellement fébrile, touchent le fond. Un "discours d’homme" d’Evra à la mi-temps, un Ribéry monstrueux et un Pogba qui devient Pogba en Bleu permettent à la France de décrocher trois points inespérés.
Les enseignements : Evra s’impose au groupe. Il est le grand frère, le leader de vestiaire qui fait défaut aux Bleus. C’est un relais de Deschamps qui aura bien du mal à s’en passer. Ribéry est, lui, le leader technique. Au milieu, un gamin de 20 ans commence à faire la loi...

Octobre 2013 : Benzema retrouve la lumière, Evra dégoupille

Le programme : France-Australie (6-0), France-Finlande (3-0)
Treize buts en trois matches. Après la longue traversée du désert, la France retrouve des couleurs devant. Finlandais et Australiens plient devant la générosité et la variété des attaques françaises. Une grande nouveauté.
Les enseignements : Alléluia. Benzema marque et plutôt deux fois qu’une, un déclic. Pogba s’installe dans le onze avec autorité. Deschamps hésite encore sur la formule. Cabaye et Matuidi se relaient à ses côtés. Ribéry est partout mais, grande nouveauté, la France semble avoir enfin trouvé son pendant à droite : Mathieu Valbuena. Très bon contre l’Australie, Nasri passe au travers face à la Finlande. Il semble moins indispensable que Valbuena et Ribéry désormais. Giroud explose mais Benzema revient fort après 1222 minutes sans but. Dilemme pour Deschamps.
Et sinon ? Dans les médias, Evra, redevenu respectable, flingue "Fernandel", Lizarazu, "Ménes", et "tournevis" dans Téléfoot. Quelques heures plus tard, Didier Deschamps passe l’éponge dans le Canal Football Club. Le sélectionneur pardonne, Evra est intouchable. Deschamps ne veut pas fragiliser son leader de vestiaire.

Novembre 2013 : Le tournant, une équipe et un système s’affirment sans Nasri ni Abidal

Le programme : Ukraine-France (2-0), France-Ukraine (3-0)
En 180 minutes, tout se joue : la qualification au Mondial et la liste des 23 (ou presque). A Kiev, la France essuie un sévère revers mais renverse quatre jours plus tard la tendance. Deschamps laisse tomber le 4-2-3-1 pour le 4-3-3 et effectue cinq changements dans son onze de départ.
Les enseignements : C’est là que tout a failli finir et c’est finalement là que tout a vraiment commencé. Kiev a enterré les espoirs de Nasri, Abidal et Payet. L’expulsion de Koscielny l’éloignera du onze pour de bon. Le 4-2-3-1 est enterré. Les grands gagnants ? Les héros du retour. Sakho, Varane, Cabaye, Benzema, Valbuena et le 4-3-3. Tous ces hommes qui n’avaient pas démarré à l’aller et qui ont signé le chef d’œuvre de Saint-Denis. Face au Honduras, Deschamps alignera sans doute le onze du 19 novembre 2013 sans Ribéry mais avec Griezmann. Cette soirée accouche du reste. Les Bleus retrouvent leur public. L’élan naît dans cette froide soirée d’automne. Les Bleus sont lancés vers leur destin. Direction le Brésil.
Et sinon ? Sorti renforcé de cette qualification rocambolesque, Deschamps prolonge jusqu’en 2016. Le Brésil pourrait servir de rampe de lancement à l’Euro français.

Décembre 2013 : Boulevard au Mondial, la France se remet à y croire

Le programme : aucun match
Le tirage au sort offre les proies, a priori, les moins redoutables aux Français. Ils affronteront à la prochaine Coupe du monde le Honduras, la Suisse et l’Equateur. Un tirage qui, combiné à l’élan suscité par une qualification héroïque, charrie des ambitions enfouies sous les gravats de Knysna. La France y croit de nouveau. Dans un sondage publié par le JDD et réalisé par l’Ifop, 65% des Français interrogés pensent que les joueurs de Didier Deschamps passeront le premier tour de la Coupe du monde 2014. En 2010, il n’était que 48%. La main d’Henry et le doublé de Sakho ne soulèvent pas le même enthousiasme. Cette fois-ci, c’est tout un pays qui pousse son équipe nationale. Les Bleus fédèrent de nouveau.
Et sinon ? Catastrophique à Evian lors de la première défaite de la saison du PSG, Jérémy Ménez flingue ses maigres de chance de briguer une place de titulaire à Paris et de revenir en Bleu. Le 31 décembre à 23h59, la suspension d’Antoine Griezmann pour sa virée nocturne la veille d’un match des Espoirs prend fin. A l’heure de vider sa coupe de champagne, le joueur de la Real Sociedad ne s’imagine pas encore ce que 2014 lui réserve.
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Le tirage de la Coupe du monde 2014

Crédit: AFP

Janvier 2014 : Ribéry, le mal de crâne

Le programme : aucun match
Franck Ribéry y croit dur comme fer. Mais non. Ronaldo et Messi le devancent dans la course au Ballon d’Or. Le Français ne masque pas sa frustration. Clairement, il l’a mauvaise. Didier Deschamps a fait le déplacement et tente de le consoler. Le sélectionneur a fait campagne pour son meilleur joueur. Il perçoit sans doute bien avant tout le monde que l’injustice dont semble souffrir le Munichois pourrait porter préjudice aux Bleus. Ribéry ne sera plus jamais le même. Ce 14 janvier 2014, il perd gros. Les Bleus aussi mais ils ne le savent pas encore. Dès la fin janvier, il est forfait pour une rencontre face à Mönchengladbach.
Et sinon ? Kodogbia aligne les performances fades à Monaco et perd peu à peu sa place de titulaire. Il n’était pas là en Ukraine et ne fait rien pour donner tort à Deschamps. Le Brésil n’est plus qu’une douce chimère.

Février 2014 : Nasri, Abi et Clichy, c’est fini

Le programme : aucun match
Fin février, Deschamps définit très clairement sa ligne de conduite. La forme du moment n’est pas prioritaire : ce qui compte, c’est le groupe ou le potentiel. Les héros de l’Ukraine sont rappelés pour affronter les Pays-Bas en amical. Manquent à l’appel ceux qui ont failli à Kiev : Nasri et Abidal. Clichy cède sa place à Digne. Tout comme le latéral parisien, Antoine Griezmann fait son apparition dans le groupe au détriment de Dimitri Payet. Cette liste est capitale, elle contient 22 des 23 Mondialistes. Seul Landreau, blessé, manque à l'appel et laisse sa place à Ruffier. Mavuba, convoqué mais blessé, doit céder la sienne Guilavogui.
Et sinon ? Claudio Ranieri ne fait pas de sentiment à Monaco, Eric Abidal perd sa place de titulaire. Le Brésil est à bien plus de 10.000 kilomètres désormais pour lui.

Mars 2014 : Les Mondialistes se détachent

Le programme : Pays-Bas (2-0)
Deschamps reconduit le onze de l’Ukraine avec Griezmann en lieu et place de Ribéry, ménagé, et Mangala à la place de Sakho, blessé. C’est une démonstration d’audace offensive et de rigueur défensive.
Les enseignements : Ce n’est plus le groupe mais le onze qui se dessine en vue du Mondial. Benzema, sur la lancée de sa saison réussie à Madrid, s’affirme comme ce qu’il aurait dû être depuis plusieurs années déjà : le leader offensif de l’équipe de France. Au milieu, Pogba, Matuidi et Cabaye s’affirment. Varane joue sur du velours et le Stade de France enchaînent les olas.

Avril 2014 : La bataille derrière Cabaye, l’enjeu de l’image

Le programme : aucun match
Guilavogui se blesse avant la fin de saison alors que Rio Mavuba, après un mois et demi d’absence refait surface à Lille. Didier Deschamps multiplie les voyages à Monaco pour convaincre Jérémy Toulalan de revenir en Bleu mais le Monégasque est "trop marqué". La bataille pour jouer les doublures derrière Cabaye en rôle de sentinelle est remportée par KO par Mavuba.
Et sinon ? Michel Platini n’a pas oublié Knysna et réclame un comportement exemplaire des Bleus au Brésil. Noël Le Graët ne fixe pas d’objectifs précis et estime que les Bleus séduisent de nouveau. L’image prend le pas sur l’enjeu sportif. L’Afrique du Sud est encore dans toutes les têtes.
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Michel Platini aux côtés de Noël Le Gräet

Crédit: AFP

Mai 2014 : La liste et la liesse

La liste : C’est le verdict final. Pas de Nasri, Deschamps veut un groupe sain et sans état d’âme. Abidal est exclu aussi mais pour des raisons sportives. Deschamps fait confiance à ceux qui ont corrigé l’Ukraine et à Digne et Griezmann pour préparer 2016. Six réservistes sont intégrés au groupe en cas de pépin. L’aventure Coupe du monde prend forme.
Le programme : France – Norvège (4-0)
Pour leur dernier match au Stade de France avant de s’envoler, les Bleus soignent leur image et comblent leur public. 
Les enseignements : Dans la foulée de ses dernières sorties, la France se goinfre en attaque. La connexion Giroud (deux buts) - Valbuena (trois passes décisives) fonctionne à plein régime et Griezmann démontre qu’en l’absence de Ribéry, Deschamps peut compter sur lui.
Et sinon ? Mandanda, touché aux cervicales, laisse sa place à Ruffier. Ribéry ne s’en sort plus de ses problèmes de dos.

Juin 2014 : Sans Ribèry, pas sans certitude

Le programme : France-Paraguay (1-1), France-Jamaïque (8-0)
La France apprend à jouer sans Ribéry qui déclare forfait pour la Coupe du monde, tout comme Clément Grenier. Un contretemps qui ne semble pas tracasser plus que cela les Bleus qui y apportent une réponse collective. Face au Paraguay, les Bleus sont séduisants mais manquent de réalisme. Une semaine plus tard, ils humilient la Jamaïque en s’offrant la deuxième plus large victoire de leur histoire.
Les enseignements : Deschamps porte les dernières retouches à son onze. Benzema remplace Ribéry mais le système en 4-3-3 ne bouge pas, Giroud est devenu incontournable. La charnière Varane-Sakho s’installe. Les Bleus prennent forme dans leur configuration définitive. La province, Nice et Lille en l’occurrence, goûte à cette tournée avec enthousiasme et ferveur. Les humiliations subies en Uruguay et au Brésil, un an plus tôt, sont enterrées. Juste à côté de Knysna. Les Bleus repartent à la conquête du monde gonflés de certitudes et portés par un élan populaire. En un an, Didier Deschamps a transfiguré les Bleus et leurs ambitions.
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Blaise Matuidi fêtant son deuxième but de la soirée lors de France - Jamaïque

Crédit: Panoramic

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