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Coupe du monde 2014 - Cette fois, l'Allemagne a de vraies raisons de croire que ça va être la bonne

Laurent Vergne

Mis à jour 07/07/2014 à 12:18 GMT+2

Sevrée de grands titres depuis 18 ans, l'Allemagne se retrouve dans le dernier carré du Mondial pour la quatrième fois de suite. Autant dire que pour le groupe de Joachim Low, le temps des accessits, ça suffit. La Mannschaft a des atouts à faire valoir pour aller au bout.

Bastian Schweinsteiger serre le poing après l'ouverture du score de l'Allemagne contre l'Algérie (Mondial 2014)

Crédit: Panoramic

Certaines idées reçues sont bien ancrées. A tel point qu'elles finissent par prendre le pas sur la réalité. Comme celle qui voudrait que "les Allemands gagnent toujours à la fin", selon la bonne vieille phrase de Gary Lineker, dont on oublie qu'elle a paradoxalement été prononcée après la demi-finale du Mondial 1990, alors que les Allemands restaient sur… deux finales perdues. Depuis 1982, la Mannschaft est plus souvent en mode Poulidor qu'Anquetil.
Elle a disputé sur cette période huit Coupes du monde et huit Euro, sans jamais rater une phase finale. Elle a certes conquis deux titres (c'est moins, par exemple, que la France) mais elle a échoué trois fois en finale et deux fois en demies en Coupe du monde et une fois en finale et deux fois en demie à l'Euro. Soit "seulement" deux victoires finales pour 10 présences dans le dernier carré. Non, l'Allemagne ne gagne pas toujours à la fin. Plus exactement, depuis plus de trois décennies (pas un petit échantillon, quand même), elle est toujours placée, rarement gagnante.
L'Allemagne a déjà posé sa patte historique sur ce Mondial 2014 en se glissant pour la quatrième fois consécutive dans le dernier carré. Jamais une nation n'avait réussi à maintenir une telle régularité dans la performance sur 12 années. Si le seul pays en 20 éditions à avoir aligné quatre demi-finales ne parvenait pas à l'emporter une fois sur cette période, ce serait sacrément paradoxal. En Coupe du monde, de 2002 à 2014, l'Italie est sortie deux fois au premier tour et une fois en huitièmes. Mais elle a triomphé en 2006. Alors, les Allemands aimeraient que le temps des places d'honneur ait fait son temps. Ils veulent croire que 2014 ne ressemblera pas jusqu'au bout à 2002, 2006 et 2010, sans parler de l'Euro 2008 ou 2012 où, là aussi, ils avaient atteint les demi-finales, en vain. Et ils ont quelques raisons de le croire. Voici pourquoi.

Parce que ce groupe possède la qualité nécessaire

L'Allemagne croit en ses qualités. Ce n'est certainement pas une nouveauté dans l'histoire de la NM, mais c'est particulièrement vrai cette année. "Je pense que nous avons un groupe avec la qualité nécessaire pour aller au bout de l'aventure", a jugé Joachim Low après la victoire contre l'équipe de France en quarts de finale." Des quatre demi-finalistes, elle est sans doute la plus complète. Elle n'est pas dépendante d'un ou deux joueurs comme le Brésil ou l'Argentine. Et sa palette est probablement plus variée que celle des Pays-Bas. Elle possède probablement le meilleur gardien du monde, de vrais leaders et une réelle variété de talents dans toutes les lignes.
Alors que Bastian Schweinsteiger juge qu'il y a aujourd'hui "plus de bons joueurs" dans le groupe, d'où un banc étoffé, Low a montré contre la France qu'il pouvait bouleverser son onze de départ sans nuire à la performance globale. "Aujourd'hui, a-t-il confirmé vendredi au Maracana, je sais que je peux changer des joueurs, je peux même changer de système, et le rendement de l'équipe ne s'en trouve pas affecté. C'est très important parce que cela me permet de m'adapter à tous les types d'adversaires, sans nuire à la qualité de notre collectif." Et quand on lui demande si ce n'était pas le cas lors des précédents grands rendez-vous, Low répond dans un sourire: "pas à ce point". En somme, l'Allemagne aurait désormais réponse à tout. Et à tout le monde.
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Joachim Löw

Crédit: Eurosport

Parce qu'il possède le vécu indispensable

S'il en est bien un qui peut témoigner et comparer, c'est Phillip Lahm. Le polyvalent leader du Bayern Munich a tout vécu en équipe nationale ces dernières années. "Cela fait dix ans que je joue pour l'Allemagne et je pense que nous sommes prêts aujourd'hui, juge-t-il. Nous avons eu de très bonnes équipes déjà, peut-être même encore plus fortes que celle-ci mais cette année, tout est en place, le groupe est vraiment très bien." Joachim Low a renouvelé par touches son groupe ces dernières années mais, globalement, celui-ci possède désormais une habitude du très haut niveau.
Contre les Bleus, cela s'est senti. "On a abordé le match avec beaucoup de calme et de concentration, les Français, eux, étaient peut-être un peu nerveux", note Mats Hummels. "Quand vous échouez près du but à chaque fois, vous vous appuyez sur cette expérience pour corriger les petits détails", soulignait le sélectionneur allemand au début du Mondial. Comme un puzzle qui se met en place. Toutes les pièces sont peut-être là, maintenant. D'autant que le culte de la gagne habite la plupart de ces joueurs. "Même si l'équipe nationale n'a pas gagné de grands titres ces dernières années, en club, les joueurs ont l'habitude de gagner, notamment ceux du Bayern Munich. Ce n'est donc pas une source d'inquiétude pour moi. Ils savent ce que gagner veut dire." En somme, ils ont appris à gagner en club, et veulent tirer les leçons des échecs en sélection.
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Mats Hummels après son but contre la France.

Crédit: Eurosport

Parce que ses trois derniers rivaux n'ont aucune raison de lui faire peur

Gagner une Coupe du monde, ça ne dépend pas que de soi. Vous pouvez posséder une excellente équipe et buter sur une génération intouchable face à vous. Lors des derniers grands rendez-vous, l'Allemagne est ainsi tombée sur une Espagne qui s'est imposée comme un des plus grandes équipes nationales de l'histoire, remportant deux Championnats d'Europe et une Coupe du monde. Les Allemands en ont été victimes comme les autres, et même peut-être un peu plus que les autres, s'inclinant par deux fois contre la Roja, à l'Euro 2008 en finale et deux ans plus tard en demi-finale du Mondial sud-africain. Cette fois, l'Espagne, en bout de cycle, n'est plus là. Il y a une place à prendre et la Mannschaft entend bien ne pas passer son tour.
Sur le papier, elle n'a absolument rien à envier aux trois autres derniers candidats au titre. Et même un peu moins depuis que le Brésil, son adversaire en demi-finale, a perdu Neymar et Thiago Silva, soit son fer de lance offensif et son leader défensif, potentiellement les deux joueurs les plus importants de l'équipe de Luiz Felipe Scolari. Lothar Matthaus, interrogé samedi matin, n'y est d'ailleurs pas allé par quatre chemins. "L'Allemagne était déjà légèrement favorite pour moi, parce que le Brésil ne m'a pas du tout convaincu, a-t-il estimé. Je n'ai rien vu depuis un mois, à part cet extraordinaire enthousiasme populaire, qui soit de nature à me laisser penser que le Brésil puisse être champion du monde. Et maintenant que Neymar n'est plus là… Autant Dante peut suppléer Thiago Silva, autant Neymar n'a pas d'équivalent dans cette équipe qui me parait manquer de talent." Ensuite, s'ils parviennent en finale avec la confiance qu'on imagine en ayant sorti le Brésil, ni les Pays-Bas ni l'Argentine ne sont de nature à jouer les épouvantails. Le match serait ouvert, mais dans les deux cas, la NM serait probablement légèrement favorite. Des quatre survivants, l'Allemagne n'est certainement pas la moins bien outillée pour succéder à l'Espagne. Evidemment, reste à le prouver. Pas le plus aisé.
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