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Coupe du monde 2014 : "Le beau jeu, c'est vraiment la dernière chose dont on se soucie"

Laurent Vergne

Mis à jour 17/06/2014 à 05:54 GMT+2

Menés par Neymar en personne, les Brésiliens ont annoncé la couleur: peu importe le style, la manière et l'esthétisme, seule la victoire comptera pour la Seleçao dans ce Mondial 2014. Toute autre considération relève du superflu. Reportage.

Pour Marcelo et Neymar, le Mondial aurait pu mieux commencer

Crédit: AFP

Neymar est bien la star brésilienne de son temps. Aucun doute là-dessus. L'ancien enfant vedette du Santos est le produit de la Seleçao de son époque. A ce titre, il a été très clair la semaine dernière, avant le début de cette Coupe du monde : seule la victoire sera belle. Peu importe la manière. "Le beau jeu, c'est vraiment la dernière chose dont on se soucie", a-t-il assené après le dernier match de préparation. Des propos de nature à tempérer l'enthousiasme de ceux qui, naïvement, espèrent voir le Brésil, sur ses propres terres, marcher sur les glorieuses traces des ainés de 1958 ou ceux de 1970, qui avaient si magistralement marié esthétisme et efficacité.
Attention, l'attaquant du FC Barcelone n'exclut pas complètement que son équipe puisse donner un peu de plaisir. Mais ce sera, au mieux, une conséquence, un dommage collatéral de la victoire, pourrait-on dire, si tout se passe bien. "Toujours gagner, quel que soit l'adversaire, quel qu'il soit, même s'il est peu huppé, nous voulons toujours gagner et c'est notre seul souci en tête, poursuit-il. On veut marquer des buts, et si on en a l'occasion, bien jouer". L'occasion fera donc le larron. Ou pas. Au vu de la première rencontre contre la Croatie, ce serait plutôt "ou pas" (le douzième homme a été le meilleur ce jour-là). Mais au bout, il y a eu la victoire. Cette rencontre inaugurale pourrait donc servir de baromètre aux Brésiliens : parvenir à ses fins, peu importe les moyens.
Nous devons gagner. Notre responsabilité est là
Luiz Felipe Scolari ne dit pas autre chose que son prodige. Si la fédération brésilienne est venu le (re)chercher il y a un an et demi, c'est avec un seul objectif: un sixième titre pour le pays. "Depuis que j'ai pris mes fonctions, je travaille avec ça en tête, a-t-il rappelé mercredi dernier.  Nous sommes en mission pendant cette Coupe du monde et rien ne doit nous détourner de cette mission. Neymar a raison, dans la mesure où on ne peut pas rentrer sur le terrain en se disant 'nous devons bien jouer'. Non, nous devons gagner. Notre responsabilité est là." L'un pourrait ne pas exclure l'autre, et ni Neymar ni Scolari ne l'écartent donc totalement. Mais on peut quand même se demander si, dans leur esprit, le beau jeu, en plus de ne pas être un préalable, pourrait même devenir un frein.
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Scolari a repris les rênes du Brésil en novembre 2012.

Crédit: AFP

Carlos Alberto Parreira, sélectionneur vainqueur en 1994, s'amuse de ce débat. Il a réintégré le staff aux côtés de Scolari en tant que coordinateur technique de la Seleçao. Non sans talent, il réfute les caricatures. "L'équipe qui est championne du monde n'est pas forcément celle qui joue le mieux et ce n'est pas non plus forcément celle qui pratique le jeu le plus fermé, dit-il. C'est comme pour tout, il y a un subtil équilibre à trouver non pas dans l'absolu, mais en fonction des qualités propres de votre équipe." Et quelles sont les qualités propres de ce Brésil? "Il y a du talent partout mais nous avons d'abord une bonne assise défensive et notre base doit être là." Tout est dit, même si, au passage, cette solidité-là n'a pas toujours sauté aux yeux contre la Croatie, bien que le grand Pelé lui-même ait souligné que, "pour la première fois de son histoire, la défense du Brésil est meilleure que son attaque."
Une chose est sûre, si le 13 juillet au soir, Thiago Silva soulève la coupe devant la foule en liesse du Maracana, il n'y aura personne au Brésil pour se plaindre éventuellement de la forme. L'intolérable, ce serait un deuxième échec à domicile après celui de 1950. "Des grandes sélections, nous sommes la seule à n'avoir jamais gagné à la maison, relève encore Parreira. Nous voulons nous racheter de cela, réécrire cette histoire." Il sera plus facile de s'asseoir sur quelques minuscules états d'âme que de porter des décennies durant le poids de la honte d'une nouvelle désillusion à la maison. Car, vu d'ici, il s'agira bien de honte. Même s'il aurait été inimaginable d'entendre Zico tenir le discours de Neymar.  Mais, vous rétorquera-t-on, Zico n'a jamais gagné la Coupe du monde.
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