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Coupe du monde 2014 - Le Top 20 des images de France-Allemagne

Laurent Vergne

Mis à jour 06/07/2016 à 20:50 GMT+2

La France et l'Allemagne se retrouvent, jeudi, en demi-finale de l'Euro. Au fil des décennies, les deux nations ont livré quelques combats épiques. Nous vous proposons, à travers 20 instantanés, 20 images, 20 temps forts, de retrouver les moments qui en ont fait l'histoire.

Patrick Battiston git à terre après la sortie kamikaze d'Harald Schumacher lors de la 1/2 finale entre la France et la R.F.A le 8 juillet 1982 à Séville

Crédit: Imago

1. L'attentat de Schumacher sur Battiston

Match: France – R.F.A.: 3-3 (4-5 aux tirs au but)
Date: 8 juillet 1982
Lieu: Séville (Sanchez-Pizjuan)
Demi-finale de Coupe du monde
La scène la plus violente jamais vue sur une pelouse de Coupe du monde. Des tacles assassins, des attentats, oui. Mais cette séquence dépasse tout ce qu'on a pu voir avant ou après. Elle dépasse l'imaginable. Nous sommes à la 65e minute de cette demi-finale du "Mundial" 1982. Qu'est-il passé par la tête du gardien de but allemand à la 65e minute du match ? Lui seul le sait. Et encore. Quand Patrick Battiston se présente seul devant son but après une merveille d'ouverture de Platini, Schumacher sort de sa surface comme une furie et, sans jamais jeter un œil au ballon (qui passe juste à côté de son poteau), vient percuter le joueur français avec une violence inouïe, en pleine tête. Battiston git sur le sol. L'image de son bras gauche, suspendu en l'air avant de retomber doucement sur le sol, comme dans un dernier souffle, est terrible et poignante. Evacué sur une civière par deux membres de la Guardia Civil, avec Platini (qui, un instant, le croit mort) lui tenant la main et lui apportant des paroles de réconfort qu'il n'entend pas, "Battiste" s'en tirera avec un sévère traumatisme crânien. Évidemment, l'absence de sanctions rend plus absurde encore cette action. Schumacher n'est pas expulsé. Il ne reçoit même pas de carton jaune. A vrai dire, il n'y a même pas de coup-franc. Monsieur Corver, l'arbitre, a donc considéré que l'acte du gardien allemand n'était pas répréhensible. Pas même une simple faute.
Des années après, pour sa défense, l'homme en noir néerlandais expliquera ne pas avoir bien vu l'action. Il dira aussi que son juge de touche lui a signalé que, selon lui, l'action n'était pas intentionnelle. Soit. L'attitude de Schumacher a posteriori rendra plus insupportable encore son geste. Qu'il s'agisse des secondes, des jours ou des années qui ont suivi. Juste après cet attentat, on le voit mâchonner tranquillement son chewing-gum. Le lendemain, il dira, avec un effroyable cynisme, qu'il est prêt à payer le dentiste à Battiston si cela pouvait lui faire plaisir. 25 ans plus tard, Schumacher regrettera son attitude "incorrecte" après coup. Et le geste lui-même? "Je suis devenu la figure du mal, mais si j'étais encore gardien aujourd'hui, je quitterais mon but de la même façon", assure-t-il. Le plus frappant dans cette scène, c'est que Schumacher ne cherche pas à protéger son but. Faire faute pour empêcher l'adversaire de marquer, dans une certaine mesure, l'idée peut se comprendre, à défaut de se défendre. Mais en l'occurrence, elle semble totalement étrangère à Schumacher, sorti uniquement, dans un fol élan d'agression, dans le but de faire mal. Dans son autobiographie, parue quelques années plus tard, le portier allemand livrera une piste sur les raisons de son coup de folie: les joueurs allemands tournaient à l'éphédrine, afin de stimuler leur agressivité. Ce bon vieux "Toni" avait dû forcer sur les doses ce 8 juillet 1982…
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Sortie d'Harald Schumacher sur Patrick Battiston en 1982

Crédit: Imago

2. La joie de Giresse

Match: France – R.F.A.: 3-3 (4-5 aux tirs au but)
Date: 8 juillet 1982
Lieu: Séville (Sanchez-Pizjuan)
Demi-finale de Coupe du monde
La force du sport, et même sans doute sa première raison d'être, c'est la puissance avec laquelle il est capable de produire des émotions et de les transmettre. Dans le cas d'Alain Giresse, cette émotion, c'est une joie si forte qu'elle dévaste tout sur son passage, à commencer par l'intéressé. Quand le Bordelais marque ce troisième but français au cœur de la prolongation, il parait lui-même emporté par sa propre émotion. Ces yeux fermés, ces bras grands ouverts aux mouvements désordonnés, presque désarticulés, cette course folle vers le banc de touche et vers le bout du monde, donnent à cette scène son caractère inédit. Une joie extatique, incontrôlable. Presque une joie d'enfant. C'est le Cri de Munch à l'envers. L'œuvre de l'artiste norvégien symbolisait l'angoisse de l'homme moderne. La joie de Giresse incarne, elle, à merveille, la force brute, paroxystique, de l'émotion sportive.
D'un strict point de vue footballistique, cette émotion-là sera enterrée quelques minutes plus tard par l'élimination de l'équipe de France. Mais la sécheresse brute d'un résultat ne peut rien face à la force d'une telle émotion. Celle-ci est éternelle. Elle permet de comprendre pourquoi l'expression "on ne se souvient que des vainqueurs" n'a absolument aucun sens. Seule la victoire est belle, à la rigueur, oui. Seul le résultat compte, peut-être. Le palmarès ne conserve dans ces pages que des vainqueurs, certes. Mais le souvenir, lui, n'a que faire du vainqueur ou du perdant. Il garde précieusement au chaud ce qui marque, ce qui frappe, ce qui touche, ce qui ébranle. En matière de sport, si "on" est le regard extérieur à l'action, il gardera ainsi en lui le souvenir procuré par toutes sortes d'émotions. Voilà pourquoi celle de Giresse est si forte. Voilà pourquoi cette nuit de Séville, véritable volcan d'émotions en permanente fusion, reste un souvenir ineffaçable, et inégalable, pour tous ceux qui l'ont vécue.
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La joie d'Alain Giresse après le 3e but de la France face à l'Allemagne en 1982

Crédit: Imago

3. Justo porté en triomphe

Match: France – R.F.A.: 6-3
Date: 28 juin 1958
Lieu: Goeteborg (Ullevi Stadion)
Match pour la troisième place de Coupe du monde
C'est une scène peu orthodoxe pour un match pour la troisième place, qui donne généralement lieu à des scènes de joie modérées. Mais sans doute les Bleus mesuraient-ils dès le coup de sifflet final l'impact de ce double exploit. Collectif, d'abord, avec cette victoire 6-3 face à la R.F.A., championne du monde en titre. Individuel, ensuite. Car Just Fontaine a signé au cours de ce match débridé un authentique exploit en inscrivant quatre buts. Avant le match, Justo a déjà frappé neuf fois en Suède. Il a besoin de deux buts pour égaler le record de Kocsis. Il assure pourtant ne pas en faire une obsession. D'ailleurs, quand les Bleus obtiennent un penalty alors que le score est de 1-1, Fontaine, qui a ouvert le score, laisse Raymond Kopa le tirer alors qu'il tient là l'occasion d'égaler le record. Qu'importe, son heure vient après la pause. L'attaquant rémois ajoute trois buts et surpasse Kocsis avec 13 réalisations. C'est l'euphorie dans le camp tricolore. Fontaine, symbole de cette réussite collective, est porté en triomphe. Avec 13 buts, il établit un record que personne, depuis, n'a pu ne serait-ce qu'effleurer en plus d'un demi-siècle.
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Just Fontaine soulevé en triomphe après son quadruplé face à la R.F.A en 1958

Crédit: Imago

4. L'Immense frustration de Platoche

Match: France – R.F.A.: 0-2
Date: 25 juin 1986
Lieu: Guadalajara (Estadio Jalisco)
Demi-finale de Coupe du monde
Le Mundial mexicain, Michel Platini en garde un souvenir mitigé. Presque amer. Physiquement, la pubalgie qu'il se traine tout au long de la compétition l'empêche de s'exprimer. Pourtant, il a quand même marqué face à l'Italie, tenante du titre, en huitièmes. Puis contre le Brésil, en quarts, le jour de son 31e anniversaire. Alors, même quand les Bleus sont menés rapidement au score par la R.F.A en demi-finale, on se dit que Platoche va nous sortir de là. Puis les minutes passent. Les occasions aussi, toutes ratées. Platini marque, enfin, mais le but est refusé. Dans le temps additionnel, Schumacher se couche sur le ballon devant sa ligne. Il le couve jalousement. Platini arrive. Trop tard. On le voit alors prêt à frapper dans la tête du gardien allemand. Évidemment, il se retient. Mais il y a dans cette amorce de geste toute la frustration accumulée dans ces deux demi-finales perdues. Platini ne gagnera jamais la Coupe du monde.
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Michel Platini bute sur Harald Schumacher et la R.F.A en 1/2 finale de la Coupe du monde 1986

Crédit: Imago

5. Stielike en larmes dans les bras de Littbarski

Match: France – R.F.A.: 3-3 (4-5 aux tirs au but)
Date: 8 juillet 1982
Lieu: Séville (Sanchez-Pizjuan)
Demi-finale de Coupe du monde
Pour bien comprendre la force émotionnelle du dernier acte de ce France-Allemagne, il faut prendre en compte deux éléments: d'abord la dramaturgie du match, absolument hors normes. Mais, au-delà de ce scénario, il s'agissait aussi de la toute première séance de tirs au but dans une rencontre de Coupe du monde. Qui plus est pour une place en finale. La tension, ajoutée à la pression, place les acteurs au bord de la crise de nerfs. Le premier à craquer est Uli Stielike. Le milieu de terrain du Real Madrid voit son penalty repoussé par Jean-Luc Ettori. Il s'agenouille, tête dans les mains, et fond en larmes aussitôt. Schumacher, à peine plus charmant avec ses coéquipiers qu'avec ses adversaires, se charge en personne de le sortir de sa surface. Il y a un côté "pousse-toi de là, tu me gênes", dans le geste du gardien allemand. Stielike, inconsolable, trouve refuge dans les bras de Littbarski. A la télé, le réalisateur s'attarde sur eux, oubliant de revenir sur Didier Six, qui s'apprête à tirer à son tour. Du coup, c'est à travers la réaction de joie de Littbarksi qu'on comprend que l'attaquant français a échoué, lui aussi. Et c'est au tour de Six de tomber à genoux dans la surface. Cette séquence d'une minute à peine résume parfaitement le torrent de sentiments contradictoires qui a enseveli ce match.
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Uli Stielike tombe en larmes dans les bras de Pierre Littbarski pendant la séance de tirs au butface à la France. Au même moment, Didier Six manque sa tentative...

Crédit: Imago

6. L'Adieu du Kaiser

Match: France – R.F.A.: 1-0
Date: 1977
Lieu: Paris (Parc des Princes)
Match amical
103 sélections. Franz Beckenbauer a passé douze années en équipe d'Allemagne. Pour un titre de champion du monde, une autre finale, un titre de champion d'Europe, une autre finale et une foule de matches de légende. Mais sa toute dernière cape, c'est au Parc des Princes que le Kaiser l'a connue, le 23 février 1977. Après avoir quitté le Bayern et l'Allemagne pour les Etats-Unis et le Cosmos de New York, Beckenbauer tirera un trait sur sa carrière internationale, à seulement 31 ans. "J'aurais pu aisément continuer deux ou trois ans au plus haut niveau", estime-t-il. Capitaine, une dernière fois, il échange ici son dernier fanion avec Christian Lopez, porteur du brasseur des Bleus. "Cette défaite m'a fait beaucoup de peine car nous tenions à gagner à Paris et nous étions invaincus depuis longtemps. D'autre part, rester sur une défaite, ça fait toujours mal", confiera quelques mois plus tard le légendaire libéro allemand.
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Franz Beckenbauer fête sa dernière cape avec la R.FA. en 1977 au Parc des Princes

Crédit: Imago

7. La volée parfaite de Trésor

Match: France – R.F.A.: 3-3 (4-5 aux tirs au but)
Date: 8 juillet 1982
Lieu: Séville (Sanchez-Pizjuan)
Demi-finale de Coupe du monde
Une reprise de volée d'une parfaite pureté. Un geste d'avant-centre, sorti du pied droit du défenseur central des Bleus, avec la complicité d'une défense allemande qui a totalement oublié Marius Trésor au point de penalty. Quand le Girondin fusille Schumacher à la 95e minute de cette folle soirée de Séville, la France prend l'avantage 2-1 face aux Allemands. C'est à cet instant que se matérialise l'idée que les Bleus vont peut-être aller en finale. Jusqu'ici, cela semblait irréel. Parce que cette équipe n'avait aucune référence au niveau international. Parce que son premier tour avait été particulièrement laborieux. Au moment où Amoros sauve sur sa ligne une balle d'élimination face à la Tchécoslovaquie, la finale du "Mundial" parait loin... Même avant ce match face à la R.F.A, les Français font office de petits poucets. La R.F.A a été championne du monde huit ans plus tôt, elle est championne d'Europe en titre. Voir les Bleus s'accrocher, c'est une divine surprise. Au fil des minutes, chacun commence à y croire. Mais c'est vraiment avec ce but de Trésor, au début de la prolongation, que l'idée d'une qualification pour la finale de la Coupe du monde, surréaliste trois semaines plus tôt, devient concrète.
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Marius Trésor célèbre son but face à la R.F.A e 1/2 finale de la Coupe du monde 1982

Crédit: Imago

8. Le chef d'oeuvre parachevé par Douis

Match: France – R.F.A.: 6-3
Date: 28 juin 1958
Lieu: Goeteborg (Ullevi Stadion)
Match pour la troisième place de Coupe du monde
Le France-R.F.A. de Göteborg demeure un des plus grands matches jamais joués par l'équipe de France. Cela ne fait aucun doute. Si, dans la mémoire collective, le quadruplé de Just Fontaine est à juste titre le principal fait marquant de cette inoubliable journée, ce n'est pourtant pas à lui que l'on doit le plus beau but de ce récital tricolore, mais à Yvon Douis. Cinq minutes après la pause, alors que les Bleus mènent déjà 3-1, Douis conclut d'une frappe du droit une fantastique séquence marquée notamment par un une-deux entre Kopa et Fontaine. Du grand art. Ce but symbolise mieux que tout autre le style de cette flamboyante équipe de 1958. Pourtant, Yvon Douis n'était pas titulaire dans cette équipe de France. Le Lillois n'avait été aligné par le sélectionneur Albert Batteux qu'en raison de l'absence de Roger Piantoni, victime d'une crise d'appendicite.

9. Bossis accroupi, c'est fini

Match: France – R.F.A.: 3-3 (4-5 aux tirs au but)
Date: 8 juillet 1982
Lieu: Séville (Sanchez-Pizjuan)
Demi-finale de Coupe du monde
Il ne méritait tellement pas ça, le grand Max. Pas après sa Coupe du monde, énorme, ni même après ce match. Ce penalty, de toute façon, il ne voulait pas aller le tirer. Mais les deux équipes refusant toujours de se départager après le passage des cinq premiers tireurs désignés, il fallait bien trouver un sixième. Max sera celui-là. Le Nantais avance ses grands compas, il frappe sur la droite de Schumacher, qui a anticipé du bon côté. Personne ne lui en voudra. Paradoxalement, le fiel populaire s'abattra sur Didier Six, bouc-émissaire facile car habitué à ce costume à l'époque, qui avait lui aussi raté un tir au but quelques instants plus tôt. Le désespoir du grand Max, lui, est devenu instantanément celui de la France du foot.
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Maxime Bossis, 6e tireur des Bleus, est mis en échec par Harald Schumacher lors de la séance de tirs au but en 1/2 finale de l'édition 1982

Crédit: Imago

10. Le déboulé et l'offrande d'Henry

Match: Allemagne-France: 0-3
Date: 2003
Lieu: Gelsenkirchen (Arena Auf Schalke)
Match amical
Le plus large succès jamais obtenu par un XI de France sur le sol allemand. Une véritable humiliation même pour les Allemands, balayés 3-0, dont un doublé de David Trezeguet. Symbole de la supériorité tricolore ce soir-là, le deuxième but, le premier de Trezegoal. Ce but, c'est surtout l'œuvre de Thierry Henry: une longue ouverture de Mikaël Silvestre. Puis la classe d'Henry. Contrôle poitrine, Christian Wörns complètement enrhumé, un déboulé de 30 mètres côté gauche, avant le caviar pour Trezeguet, qui n'a plus qu'à pousser le ballon au fond du but gardé par Oliver Kahn. L'attaque française avait trop de talent pour cette défense allemande.
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Thierry Henry fête son but face à l'Allemagne (0-3) en novembre 2003

Crédit: Imago

11. Platini à Beckenbauer: "Vous allez être champions du monde"

Match: France – R.F.A.: 2-1
Date: 28 février 1990
Lieu: Montpellier (Stade de la Mosson)
Match amical
Il y a des séries, comme ça, qu'on ne sait expliquer. Pourtant, elles durent, durent. Prenez les Bleus. Pendant plusieurs années, ils ont eu une réputation de porte-bonheur. Vous voulez être sacrés champion du monde ? Rien de plus simple: venez perdre en France un match amical au mois de février. L'Italie, battue au Parc en février 1982, sera titrée en Espagne cinq mois plus tard. En 1986, même sanction, même consécration pour l'Argentine, dominée 2-0 elle aussi en février, toujours au Parc. Nous voilà donc en 1990. En février, si vous avez bien suivi. Petite variante, le match a lieu à la Mosson de Montpellier. Les Bleus de Platini ne sont pas qualifiés pour le "Mondiale" italien, mais ils s'offrent quand même une belle victoire de prestige face à l'Allemagne de l'Ouest, dirigée par Franz Beckenbauer. A la fin du match, Platini, qui connait ses stats, aussi anecdotiques soient-elles en apparence, va voir le Kaiser: "Vous allez être champions du monde, crois-moi". Ça ne loupera pas. La R.F.A. sera sacrée l'été venu. Le plus drôle, c'est que le coup passera encore très près en 1994. La France ira gagner en Italie en février et la Squadra ira jusqu'en finale aux Etats-Unis. Depuis, il ne sert plus à rien de jouer la France au mois de février les années de Coupe du monde.
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Michel Platini et Franz Beckenbauer en conférence de presse en 1990

Crédit: Imago

12. Le bijou de Rouyer

Match: France – R.F.A.: 1-0
Date: 23 février 1977
Lieu: Paris (Parc des Princes)
Match amical
Un match face à la Mannschaft, perpétuelle référence internationale, ce n'est jamais anodin. Surtout pour cette équipe de France (re)naissante de Michel Hidalgo, en quête d'une qualification pour le Mondial 1978 mais aussi de références. Quand la R.F.A., championne du monde, vice-championne d'Europe et invaincue depuis quasiment deux ans, débarque au Parc des Princes en février 1977, c'est un sacré test pour les Bleus. Pour Olivier Rouyer aussi. A 21 ans, le jeune Nancéien n'a que trois capes et une titularisation derrière lui. Hidalgo lui demande d'oser. Il ose. Maladroitement, souvent, en première période. Mais l'attaquant lorrain a de la suite dans les idées. A la 52e minute, à l'entrée de la surface, Rouyer décoche une volée du gauche en cloche. Le ballon file droit dans la lucarne du grand Sepp Maier. Un vrai petit bijou, qui scelle la victoire française face aux invincibles allemands. La première victoire des Bleus sur la R.F.A. depuis le 6-3 de 1958.
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Olivier Rouyer marque face à la R.F.A en 1977 lors d'un match amical en 1977

Crédit: Imago

13. Derwall, Platini, les jumelles et le général

Match: R.F.A. - France: 4-1
Date: 19 novembre 1980
Lieu: Hanovre (Niedersachsenstadion)
Match amical
Ce soir-là, l'équipe de France passe un sale quart d'heure. Plus d'un, même. A Hanovre, la R.F.A., trop physique, trop solide, s'impose nettement, 4-1, face aux Bleus, qui paraissent alors si loin de ce haut niveau qu'ils convoitent. Un an et demi avant la brillante campagne d'Espagne, les sommets sont encore loin. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Jupp Derwall, le sélectionneur de la Mannschaft, s'autorise après le match à glisser un tacle, verbal mais bien appuyé, à Michel Platini. Grand joueur, certes, mais tout sauf un leader, selon lui. "Votre Platini, dit-il en s'adressant aux journalistes français, me fait penser à un général qui envoie ses troupes et se contente de les regarder depuis l’arrière avec ses jumelles !" Une semaine plus tard, Platini revient en Allemagne, avec Saint-Etienne, pour y disputer un match de Coupe UEFA, face à Hambourg. Il retrouve notamment Horst Hrubesch, buteur avec la Nationalmannschaft face aux Bleus, ou encore Manfred Kaltz. Les Verts signent un exploit retentissant, un des plus grands de l'histoire du football français sur la scène européenne, en s'imposant 5-0. Platini marque deux buts. "J'avais laissé mes jumelles à la maison ce soir", glisse-t-il à destination de Derwall.
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Jupp Derwall en pleine discussion avec Karl-Heinz Rummenigge novembre 1980

Crédit: Imago

14. Canto, joyeuse première

Match: R.F.A. - France: 2-1
Date: 12 août 1987
Lieu: Berlin (Stade olympique)
Match amical
En cet été 1987, l'équipe de France déprime. Une année seulement la sépare de sa troisième place au Mundial mexicain mais, dans les faits, cela semble appartenir à une autre époque. Platini vient de prendre sa retraite, et les Bleus, battus au mois de juin en Norvège, sont quasiment éliminés de la course à l'Euro 1988. Lorsque les Bleus d'Henri Michel se rendent à Berlin au mois d'août pour un match amical, tout le monde redoute une grosse fessée. Quand Rudi Völler, après neuf minutes, a déjà signé un doublé, les craintes sont plus que jamais fondées. Mais il n'y aura pas de raclée. La R.F.A. ne marquera plus. Et quand les Bleus quitteront l'Allemagne, c'est avec davantage d'espoirs qu'en y arrivant, grâce, notamment, à un certain Eric Cantona. A 21 ans, le jeune attaquant de l'AJ Auxerre fête à Berlin sa toute première cape en bleu. Henri Michel, qu'il n'a pas encore traité de sac à merde, lui accorde sa confiance. Peu avant la mi-temps, servi par José Touré, Canto reprend du droit et trompe Eike Immel. Première sélection et premier but, face à la Mannschaft, l'histoire en bleu, blanc, rouge de Cantona débutait on ne peut mieux. Elle sera faite de hauts et de bas et jamais il ne trouvera pleinement sa place en sélection.
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Eric Cantona fête sa première cape avec les Bleus face à la R.F.A le 12 août 1987 à Berlin

Crédit: Imago

15. La tête d'Hummels

Match: France – Allemagne : 0-1
Date: 4 juillet 2016
Lieu: Rio (Maracana)
Quart de finale de Coupe du monde
Vingt-huit ans après Guadalajara, Rio et le Maracana sont le théatre de leurs retrouvailles mondiales. Français et Allemands ont rendez-vous pour une revanche qui n'en est pas une. Parce que les Bleus ont perdu les deux manches qu'il fallait gagner, en 1982 et 1986. C'est une autre histoire que les Bleus espèrent écrire dans la touffeur carioca. Il n'en sera rien. Parce que l'entame des Bleus est ratée. Et sanctionnée par l'ouverture du score de Mats Hummels sur laquelle Raphaël Varane paie le prix de sa jeunesse. A la lutte avec son alter ego allemand, il est battu de la tête sur un coup franc lointain de Toni Kroos. Hummels a à peine besoin de sauter. Plus puissant, il envoie son coup de tête dans la lucarne de Lloris. Les Bleus ont un genou à terre. Il ne s'en relèveront jamais.

16. La toile de Joël le magnifique

Match: France – R.F.A.: 0-2
Date: 25 juin 1986
Lieu: Guadalajara (Estadio Jalisco)
Demi-finale de Coupe du monde
Quatre jours plus tôt, Joël Bats a livré le plus grand match jamais joué par un gardien de but en phase finale de Coupe du monde (ce qui est toujours vrai près de trente ans plus tard). La France lui doit en grande partie sa victoire face au Brésil en quarts de finale. "Le jour de gloire de Joël le magnifique", lit-on dans la presse. L'Estadio Jalisco de Guadalajara a été le théâtre du plus grand moment de sa carrière. Même endroit, même heure, Bats est là quatre jours plus tard, en demi-finales, contre la R.F.A. C'est la revanche de Séville, ruminée depuis quatre ans par les Bleus. Avec le talent et l'expérience de la troupe d'Henri Michel, et avec l'état de grâce de Bats, il ne peut rien arriver. Puis, à la 9e minute, les Allemands obtiennent un coup-franc à 20m. Pourtant, Rummennigge est tombé tout seul. Tant pis. Andreas Brehme le tire. Bats se couche. Le ballon lui passe sous le bras. Joël le magnifique vient de se trouer. La France est menée 1-0. Jamais elle ne reviendra, et jamais Séville ne s'effacera.
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Joël Bats se loupe sur le coup franc tiré par Andreas Brehme à Guadalajara lors des 1/2 finale de la Coupe du monde

Crédit: Imago

17. Amoros, ah la barre !

Match: France – R.F.A.: 3-3 (4-5 aux tirs au but)
Date: 8 juillet 1982
Lieu: Séville (Sanchez-Pizjuan)
Demi-finale de Coupe du monde
Sur l'écran, le chronomètre affiche 45:00. Le temps règlementaire de la seconde période de ce France-R.F.A. pas encore tout à fait légendaire est terminé. Manuel Amoros s'avance. Deux secondes plus tard, il décoche un formidable tir du droit, à 25 bons mètres, légèrement décalé sur la gauche. La frappe est superbe. Le ballon vient s'écraser sous la transversale de Schumacher, avant de sortir. A quoi tient un match mythique? Si Amoros, du haut de ses 20 ans, avait marqué, il serait entré dans la grande histoire du foot français et de la Coupe du monde en expédiant les Bleus en finale pour la première fois. Il n'y aurait pas eu certains des moments qui vont suivre dans ce classement. Pas de volée Trésor, pas de joie extatique de Giresse. Pas de séance de tirs au but et la cruauté ineffaçable qui l'accompagne. Au final, on ne saurait dire si c'est mieux comme ça ou pas…
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Manuel Amoros au duel avec Pierre Littbarski lors de France - R.F.A lors de la 1/2 finale du Mondial 1982

Crédit: Imago

18. Une bonne tête de président

Match: Allemagne-France: 0-1
Date: 1er juin 1996
Lieu: Stuttgart (Neckarstadion)
Match amical
Vingt matches et 65 ans. Voilà ce qu'il aura fallu attendre pour assister à la toute première victoire française en terre allemande. Cinq minutes de jeu, un coup-franc tiré par Djorkaeff et voilà Laurent Blanc qui surgit d'une tête plongeante. Ouverture et fermeture du score. Victoire des Bleus 1-0. Amical, certes, mais historique, quand même. Merci président. Bon, un mois plus tard, c'est l'Allemagne qui sera championne d'Europe. Comme quoi… Depuis, les Bleus ont en tout cas pris de bonnes habitudes. Ils se sentent même comme chez eux de l'autre côté du Rhin puisque leurs deux voyages suivants (en 2003 et 2012) se sont soldés par deux nouvelles victoires.
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Laurent Blanc trompe Andreas Köpke et permet à la France de battre l'Allemagne chez elle pour la première fois de son histoire

Crédit: Imago

19. Quand Zizou enrhume Ballack

Match: France-Allemagne: 1-0
Date: 27 février 2001
Lieu: Saint-Denis (Stade de France)
Match amical
C'est l'ère des triomphes pour l'équipe de France. Championne du monde, championne d'Europe, c'est elle qui crée l'évènement désormais partout où elle passe et chaque fois qu'elle joue. L'Allemagne, elle, est en reconstruction. L'artiste, c'est Zidane. Mains gantées par le froid et semelles dorées par son sponsor, il régale le public du Stade de France en inscrivant l'unique but de la rencontre. Mais c'est surtout un geste qui reste. Un tour de passe-passe, sorte de roulette avec la semelle, pour enrhumer Michael Ballack le long de la ligne de touche. Quelques années plus tard, lors d'une émission en son honneur sur Canal Plus, Zizou se met à rire en voyant les images. Pourquoi ? "Ça me fait rire parce que c'est Ballack", dira-t-il, un brin mystérieux. Mais l'Allemand ne sera qu'une des innombrables victimes de Zidane dans ce registre, tant ce geste deviendra une de ses marques de fabrique.
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Zinedine Zidane marque un but somptueux face à l'Allemagne au Stade de France en février 2001

Crédit: Imago

20. Péri le malheureux

Match: Allemagne-France: 5-1
Date: 27 septembre 1967
Lieu: Berlin (Stade Olympique)
Match amical
42e minute de cet Allemagne-France. Les Bleus, à l'entame d'une traversée du désert qui durera une décennie entière, sont menés 1-0. Le Bordelais Robert Péri commet une faute sur Franz Beckenbauer. L'arbitre sort un carton rouge. Le seul jamais reçu par un joueur français dans une confrontation avec la Mannschaft. La seconde période vire du coup au cauchemar pour les Tricolores, balayés 5-1. Leur plus lourde défaite face à l'Allemagne, à ce jour encore. Robert Péri, lui, a vu sa carrière internationale s'arrêter sur cette expulsion.
Cet article a été publié pour la première fois en février 2013 et réédité en juin 2014
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