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Coupe du monde 2014 - Portugal : Que le Brésil serve de leçon aux Portugais

Nicolas Vilas

Publié 15/07/2014 à 21:03 GMT+2

Pas de jeu, moins de résultats, peu d’artistes. Le football brésilien s’étiole et inquiète ses suiveurs. Que les Portugais s’en inspirent pour éviter les mêmes erreurs. Car ils pourraient bien en prendre le chemin…

Cristiano Ronaldo avec le Portugal lors de la Coupe du monde 2014

Crédit: Panoramic

A défaut de pouvoir partager autant de médailles que le Brésil, le Portugal aimerait éviter ses casseroles. La défaite subie par l’autre Seleção en demi-finale de son Mondial face à l’Allemagne (1-7) est un traumatisme, y compris pour les "cousins" portugais. Le "Brasil" a toujours été une source d’inspiration, un vivier, voire un refuge pour les penseurs du foot lusitanien. Alors quand les "Brazucas" se mettent à cogiter, les "Portugas" les imitent. Du moins, ils devraient. Le Brésil a mal à son football. Depuis un moment maintenant. Le temps des "Professores", plus que celui du fameux "joga bonito".

La dictature des "Professores"

"Depuis le début des années 1990 et l’arrivée de Carlos Alberto Parreira  aux commandes du football brésilien, notre jeu perd son identité. Parreira incarne le football des professeurs qui a pris le pouvoir". Le diagnostic de l’ex-Parisien Valdo est partagé par de nombreux observateurs. De toutes générations. L’ancien Marseillais Paulo César vous établira le même. Diplômé d’EPS, Parreira est devenu entraîneur. Et champion du monde en 1994. De quoi légitimer son statut dans un pays où les stars étaient jusqu’alors les joueurs. Et le jeu. Il n’avait convoqué Romário que sous l’énorme pression populaire. Celle-là même qui a fait éjecter Mano Menezes il y a deux ans.
Ancien footballeur amateur, Mano a suivi un cursus universitaire pour devenir entraîneur. Même parcours pour Scolari. Médiocre défenseur, il sera prof de sports. Et champion du monde en 2002. Sans flamber, il décroche la cinquième étoile du Brésil. Comme il aime le rappeler, cette dernière demie au pays, c’est le meilleur résultat qu’a réalisé la Seleção depuis. Oui mais, Felipão, ce 1-7 fait mal. Tache. Celui qui a mené le Portugal à la seule finale de son palmarès (toujours vierge) s’est entêté et enterré avec ses idées. Depuis son passage, les Portugais ont accouché de nombreux Professores. Jesualdo et Queiroz ne sont plus seuls. Les Mourinho, Villas Boas ou Jardim ont la cote, une partie du pouvoir et la Seleção leur semble promise.
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Leonardo Jardim est le nouvel entraîneur de Monaco

Crédit: AFP

Garder Bento, donc ?

Pour la plupart adeptes du 4-3-3, ces techniciens théorisent et optimisent leur football. Et ils obtiennent des résultats. Mais pas toujours du spectacle. Après tout, pourquoi devrait-on tous se soumettre à la dictature du beau ? Seule la victoire compte, non ? Reste à savoir si cette philosophie est applicable à une équipe nationale. Au Portugal, bien plus qu’au Brésil encore, c’est bien la formation qui pose problème. Le vivier n’est pas le même ; les clubs de Liga portugaise s’alimentent d’ailleurs généreusement au Brésil, à défaut de miser sur les jeunes talents nationaux. Et aucun sélectionneur n’a autant "baptisé" que Paulo Bento.
L’immobilisme qui caractérise la Copa 2014 fait figure d’exception car, avec 22 joueurs lancés en 46 matches, l’ancien milieu de terrain du Benfica ou du Sporting possède un ratio plus élevé que celui du recordman Scolari (30 joueurs en 74 matches). Et si finalement, le maintien de Bento était la meilleure solution pour le Portugal ? Avant ce Mondial, il avait su retoquer son onze, proposer des alternatives. Le temps dira s’il en a toujours la capacité. Et les joueurs pour…
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Paulo Bento

Crédit: Getty Images

Ne tuez pas les artistes

Pour proposer du "jogo bonito", faut-il encore faire confiance aux joueurs capables d’en créer. C’est là que Scolari a fauté, estiment ces fossoyeurs. Il les a oubliés pour s’en remettre au seul et jeune Neymar. Au Portugal, le mal est plus profond. Si le foot y est aussi une religion, le nombre de ses pratiquants baisse, ces dernières années. Les Portugais figurent parmi les moins sportifs d’Europe (seuls les Maltais et les Bulgares sont derrière). Le foot de rue tend à disparaître. Les nouveaux complexes urbains s’y prêtent moins et les jeunes s’adonnent à d’autres activités. Or, ce sont sur ces aires que les futurs artistes s’essayent à leurs premiers numéros. Sans audace, ni celle de ceux qui les ont lancés, les Futre, Figo ou Quaresma n’auraient pas existé. Et ne dites pas que seul le boulot paie. La machine CR7 a été façonnée là. Et son talent, aussi.

Pas l’heure de Mourinho 

Avant même que Felipão soit officiellement éjecté, la CBF songeait au nom de son successeur. La fédé brésilienne aurait approché José Mourinho mais le manager de Chelsea aurait décliné. Peut-être pas si grave pour un Brésil en quête de jeu et en pleine crise d’identité. Le Portugal, lui, en rêve toujours. Mais pas tous les Portugais. Les rapports du Mou avec Pepe et Ronaldo rendent plus improbable encore une intronisation annoncée mais que tous savent différée. Le Special One est un homme du présent. Un compétiteur de l’immédiat, un conservateur du succès (et du nul, parfois). Or, les deux Seleções ont besoin de temps, pour se reconstruire, se reformer et se réformer.
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