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Coupe du monde 2014 : Pour l'Allemagne, c'est tout sauf la fin d'une histoire

Laurent Vergne

Publié 14/07/2014 à 23:07 GMT+2

Brillante et compétitive depuis des années sans parvenir à concrétiser son talent par un grand titre, l'Allemagne a enfin mis dans le mille en remportant la Coupe du monde 2014. Une consécration certes, mais une étape aussi, pour un groupe encore jeune et constamment régénéré par l'exceptionnel vivier dont dispose le football allemand.

La joie des Allemands après le but de Mario Götze

Crédit: AFP

Heureuse Allemagne. Elle s'est réveillée lundi matin dans la liesse et l'allégresse d'un quatrième titre mondial. La (re)voilà enfin au sommet, après un sevrage de grands titres long 18 années, disette insupportable pour elle, et 24 ans après son dernier sacre planétaire. Là encore, une parenthèse inédite par sa durée depuis que la Nationalmannschaft a goûté pour la première fois au titre en 1954. Mais si le présent est aussi joyeux que glorieux pour le football allemand, son avenir proche pourrait l'être tout autant. Cette Coupe du monde 2014 a tout pour marquer le début d'une nouvelle période de domination, plutôt qu'un aboutissement. Au Maracana, dimanche soir, ce n'était pas la fin d'une histoire.
Ce fut d'ailleurs un peu le credo de Joachim Löw tout au long de cette Coupe du monde. Tout ne s'arrêterait pas avec l'hiver brésilien, quoi qu'il arrive. Quand on lui demandait si ce groupe n'avait pas "besoin" de ce titre mondial après avoir tant tourné autour depuis quasiment une décennie, le technicien allemand n'était pas si catégorique. Oui, répondait-il, ces joueurs devront valider un jour ou l'autre leur évolution par une victoire majuscule. Mais la Coupe du monde 2014 n'était pas le rendez-vous de la dernière chance. "Si nous perdons contre l'Argentine dimanche, tout ne s'écroulera pas", avait-il prévenu. L'Allemagne affichait les certitudes de celle qui est convaincue d'être dans le vrai, indépendamment des résultats bruts. Depuis dimanche, les résultats ont enfin suivi jusqu'au bout. Et il n'y a aucune raison que ça ne continue pas.
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Joachim Löw fête la victoire de l'Allemagne, dont il a été l'architecte

Crédit: Reuters

Compétitive mais en devenir
"Nous avons connu notre part d'échecs, le groupe s'est construit à travers eux aussi, mais notre grande force, a rappelé Löw dimanche soir au Maracana, a été de progresser continuellement ces dernières années, même si on ne gagnait pas à la fin, on savait qu'on allait finir par gagner". L'Espagne, qui l'avait stoppée en finale de l'Euro 2008 puis en demi-finale du Mondial 2010, lui a longtemps fait de l'ombre, mais jamais le patron de la sélection et ses joueurs n'ont jamais dévié de leur trajectoire. "Cette équipe le méritait, a souligné Löw, personne ne le mérite plus que des garçons comme Lahm, Schweinsteiger, Mertesacker, Podolski ou Klose, qui sont là depuis dix ans ou même plus parfois. Ils étaient déçus de ne rien gagner mais on a continué à travailler et à croire en nous, encore et encore."
Maintenant, plus personne ne pourra venir leur chercher des poux dans la tête sur leur incapacité à gagner. L'Allemagne va pouvoir passer à autre chose. Mais sans rien changer ni à sa philosophie ni à son projet. "L'idée, c'est de faire ce que nous avons fait après chaque grand tournoi, à savoir conserver une ossature car elle est là et il n'y a aucune raison d'en changer, tout en intégrant des jeunes pour faire émerger leur talent. Si nous y parvenons, il n'y a pas de raison de ne pas continuer à être performants." Compétitive mais en devenir, en somme. Et le pire, pour la concurrence, s'entend, c'est qu'elle est bien à la fois l'un et l'autre, grâce à son vivier, remarquable à la fois quantitativement et qualitativement.
Sept joueurs nés après 1990 sur le banc
Ainsi, sur les 11 titulaires de la finale dimanche, deux seulement avaient dépassé la trentaine. Philip Lahm, 30 ans et Miroslav Klose bien sûr qui, à 36 ans, fait figure d'exception. Mais si l'on enlève le recordman des buts en Coupe du monde (dont Löw n'a d'ailleurs pas exclu qu'il rempile), la moyenne d'âge sur les dix autres joueurs tombe à 27 ans à peine. Derrière le dinosaure Klose, Lahm et Schweinsteiger, qui fêtera ses 30 ans le mois prochain, la jeunesse est là. A l'heure où s'achève ce Mondial, Thomas Müller n'a pas encore 25 ans. Toni Kroos en a 24. Mesut Ozil 25. Idem pour Mats Hummels et Jerome Boateng. Christoph Kramer, qui a supplée au pied levé Khedira, a 23 ans. Et Khedira n'en a que 27. Tous ces garçons ont déjà 2018 dans le viseur.
Et que dire du banc? Mario Götze, le héros libérateur, a soufflé ses 22 bougies juste avant le Mondial. Andre Schürrle, l'homme qui lui a délivré la passe décisive, a 23 ans. Sept des douze joueurs qui figuraient sur le banc au départ de la finale sont nés dans les années 90, comme, outre Götze et Schürrle, Julian Draxler, Erik Durm ou le benjamin de Fribourg, Matthias Ginter, né en 1994. Mieux, l'Allemagne peut aussi tabler sur ceux qui n'étaient pas au Brésil, notamment sur blessure pour certains. Joachim Löw n'a pas manqué de les citer dimanche. "Marco Reus aurait dû être avec nous, Lars et Sven Bender vont revenir, il y a aussi Gundogan", a rappelé le sélectionneur. Tous ces garçons ont entre 23 et 25 ans. Ils vont réintégrer ce groupe et d'autres jeunes talents viendront se greffer. Tout en douceur.
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Mario Götze, héros de la finale de la Coupe du monde 2014

Crédit: AFP

Le fruit d'un travail de près de 15 ans
Cette pépinière ne sort évidemment pas de nulle part. L'Allemagne ne fait rien d'autre que recueillir les fruits d'un travail en profondeur entamé au début du siècle, comme a tenu à le souligner Joachim Löw après la finale. "En 2000, le foot allemand était au plus mal après l'éliminationau premier tour de l'Euro, a-t-il expliqué. Il fallait changer beaucoup de choses. Des mesures importantes ont été prises: il fallait former des joueurs plus techniques. La seule vertu allemande ne suffit plus. On a fait des centres de formation et des écoles de foot qui ont aidé les équipes. Je suis très redevable de tout ça, notre titre est aussi un produit de la très bonne formation en Allemagne".
Dans deux ans lors de l'Euro en France, dans quatre ans à l'occasion du Mondial en Russie, l'Allemagne sera encore là et bien là. Le champion du monde deviendra-t-il aussi celui de l'Europe? Deviendra-t-il la première équipe depuis le Brésil en 1958 et 1962 à aligner deux titres mondiaux consécutifs? Personne ne le sait et personne, côté allemand, ne le prétendra. Ce que Joachim Löw peut vous garantir en revanche, c'est qu'il faudra compter avec ce groupe à la fois en perpétuelle régénérescence et en constants progrès. Un double tour de force qui suscite envie et admiration chez les collègues de Jogi. Depuis dimanche soir, un peu plus encore sans doute...
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