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Coupe du monde 2014 : Six bonnes raisons de ne pas s’enflammer face au parcours des Bleus

Martin Mosnier

Mis à jour 22/06/2014 à 10:39 GMT+2

Gagner les deux premiers matches avec la manière, c’est important. Mais les Bleus ont encore beaucoup de choses à prouver avant de prétendre au statut de favoris du Mondial. Voilà pourquoi il faut garder la tête froide.

Didier Deschamps à l'entraînement avec les Bleus à Riberao Petro

Crédit: Panoramic

"Ce n’est pas parfait, on a encore plusieurs domaines où on peut s’améliorer." C’est un effet de manche de Didier Deschamps qui recouvre une certaine vérité. L’équipe de France impressionne depuis le début du Mondial, c’est un fait. Ses deux premiers matches font-ils pour autant des Bleus les favoris de la compétition ? Certainement pas. Voici pourquoi.

1. Une équipe qui reste déséquilibrée

C’est le point sensible de cette équipe de France. Celui qui freine encore les ambitions les plus folles. L’équipe de France est déséquilibrée parce que Deschamps donne une liberté totale à ses attaquants. Moussa Sissoko l’a encore répété ce samedi : "On ne peut pas demander aux trois attaquants de trop défendre." Benzema et Valbuena laissent des trous d’air dans les couloirs. Mais c’est assumé par Deschamps. C’est aussi pour cela qu’offensivement, la France est aussi efficace. Mais face à des adversaires plus efficaces, il faudra resserrer les rangs. Matuidi peut faire des miracles mais il n’a pas encore le don d’ubiquité.
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Olivier Giroud, Blaise Matuidi et Moussa Sissoko, buteurs lors de la promenade de l'équipe de France face à la Suisse - Coupe du monde 2014

Crédit: AFP

2. On ne sait pas encore ce que ce groupe a dans le ventre

La France n’a plus été menée au score depuis le barrage aller à Kiev en novembre dernier. Plus globalement, elle n’a plus été mise en danger depuis. Après des Pays-Bas méconnaissables et sans Robben, la Norvège, le Paraguay, la Jamaïque et le Honduras, la Suisse devait être son premier gros test. "Techniquement, on a été à la ramasse", a jugé Djourou, le défenseur central de la Nati. "On ne peut pas juger la France car on n’a pas vu la meilleure Suisse." Bien sûr, depuis sept mois, les Bleus ont le mérite de se rendre les matches faciles. Mais ils n’ont pas non plus affronté de vrais gros clients. L’efficacité des attaquants, la fluidité du jeu, la belle unité du groupe : tout cela résistera-t-il au premier accroc ? "J’aimerais bien savoir comment l’équipe va réagir quand on connaîtra des moments difficiles", a prévenu Evra mercredi dernier. "C’est là qu’on verra si le groupe est vraiment solide." Celui-ci n'a pas encore été mis à l’épreuve. On ne sait pas tout à fait ce qu’il a dans le ventre.

3. Les poules, ce n’est pas le tableau final

Briller en phase de poules, c’est important. Pas décisif puisque ça ne présage pas toujours d’une Coupe du monde réussie. Les exemples récents sont nombreux. En 2010, l’Argentine dévore tour à tour la Grèce, la Corée du Sud et le Nigeria. L’Allemagne l’attend en quart, lui en colle quatre et lui valide ses billets pour Buenos Aires. L’Espagne a longtemps été une spécialiste du genre. Six matches, six victoires entre 2002 et 2006 dans les groupes, quelques roustes en passant (4-0 face à l’Ukraine en 2006) pour échouer en quart de finale face à la Corée du Sud puis en huitième de finale face à la France quatre ans plus tard. Au contraire, en 2010, elle commence par une défaite face à la Suisse (1-0) avant d’arracher sa qualification face au Chili (2-1) et… au Honduras (2-0). Une qualification poussive et laborieuse qui la mènera jusqu’au titre.  

4. Trop fort, trop vite ?

La France a construit ses deux succès face au Honduras et la Suisse par un pressing incessant notamment au milieu de terrain. "On les a mordus, c’était ce qui avait été dit dans la causerie", témoignait Mathieu Valbuena vendredi dans les couloirs du stade Fonte Nova. Malgré la touffeur du climat tropical de Salvador, Matuidi et les autres n’ont jamais desserré l’étau. La France est dès le début de la compétition le mord entre les dents. C’était prévu:  "Il y a plusieurs types de préparation", indiquait Eric Bédouet la semaine dernière. "La première, c’est d’y aller progressivement en se disant qu’on passera le premier tour facilement. Ça n’a pas du tout été notre façon de penser, c’est trop dangereux." La crainte est d’y laisser des plumes. Le Brésil ou l’Argentine visent une montée en puissance. Comme les Bleus en 2006. "On ne peut pas se préparer pour monter en puissance en vue de la fin du tournoi", reconnaissait Deschamps samedi. "Au troisième match, vous pouvez rentrer à la maison..." Les Bleus devront garder de la fraîcheur car, sans jambe et sous le climat exigeant du Brésil, ils n’iront pas beaucoup plus loin.

5. Une défense qui ne dégage pas une immense sérénité

Est-ce du relâchement ? Peu importe, la France a encaissé deux buts en fin de match face à la Suisse. Elle en avait cinq d’avance et ils ne sont qu’une péripétie d’un match maîtrisé. Mais face à l’Argentine, l’Allemagne ou le Brésil, les Bleus ne pourront pas se permettre une telle période de flottement. Lors du dernier quart d’heure, ils se sont exposés aux quatre vents. En première période, sans une double parade de Lloris, le match aurait pu se compliquer. La défense reste le principal point d’interrogation du collectif tricolore. Parce que les côtés sont très exposés et que l’axe ne dégage pas toujours une grande sérénité. Si Varane est irréprochable, Sakho peut s’oublier. Entré en jeu, Koscielny est coupable sur le deuxième but suisse. "Ce n’est pas encore parfait, a reconnu Deschamps ce samedi. Sur le premier but, le mur se disloque, c’était évitable. Sur le deuxième, on aurait pu résoudre le problème dès le départ en mettant l’adversaire en position de hors-jeu, mais l’alignement n’était pas bon." Vendredi, les conséquences furent minimes mais c’est un vrai avertissement.
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Mamadou Sakho rejoint le banc après avoir ressenti une douleur à la cuisse contre la Suisse

Crédit: Panoramic

6. Des entames de match timides

Que ce soit face au Honduras ou à la Suisse, la France a mis du temps à rentrer dans son match. Timides, les Bleus ont fait tourner le ballon dans leur moitié de terrain et ont subi l’agressivité adverse à chaque fois. Le Honduras était trop tendre offensivement, la Suisse trop maladroite pour en profiter. Mais il ne faudra pas tendre la joue lors du premier quart d’heure à chaque rencontre. "En début de match, on a envie de bien faire, mais sans prendre de risque", a constaté Deschamps. "Même si l’objectif est de démarrer pied au plancher, c’est humain de prendre la température. En tout cas, ce n’était pas une consigne, bien au contraire. Il vaut mieux être actif que réactif."
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