Equipe de France : Lacazette : "Je ne vais pas prier pour qu'un joueur se blesse"

Ils ne peuvent pas dire autre chose. Maxime Gonalons, Loïc Perrin et Alexandre Lacazette sont heureux malgré tout. Heureux de figurer dans un groupe élargi même s'ils savent qu'ils ne franchiront l'Atlantique que si un de leurs coéquipiers se blesse. Parmi ce trio, Alexandre Lacazette (deux sélections) et Maxime Gonalons (six sélections) sont ceux qui avaient le plus de raisons de ne pas se satisfaire de ce statut de réserviste. D'abord parce qu'ils ont déjà porté le maillot bleu, ensuite parce qu'à leur poste, les hommes choisis par Deschamps ne signent pas une saison plus flamboyante que la leur (Rio Mavuba et Loïc Rémy).

"Je m'y attendais un peu", admet pourtant Alexandre Lacazette. Avant de relativiser : "Forcément tout le monde espérait être dans les 23. La vraie déception aurait été de ne pas être dans la liste des 30 parce que j'ai fait une bonne saison." "J’aurais préféré être retenu dans les 23", témoigne Maxime Gonalons, malgré tout "fier" de figurer dans le groupe."Mais je savais que ce serait plus compliqué pour moi car je n’avais pas été appelé depuis un certain temps."

Pour Loïc Perrin, capitaine des Verts, la convocation était "quasiment inespérée". C'est sans doute lui qui s'accommodera le plus facilement du statut ingrat de réserviste : "Je suis nouveau ici même si peu de joueurs sont plus vieux que moi. Je ne peux prétendre à rien du tout." Auteur d'une excellente saison, Lacazette, en concurrence directe avec Rémy, même s'il refuse de l'admettre, estime que la différence s'est "peut-être fait sur l'esprit de groupe". Lui a sans doute laissé passer sa chance lors de la tournée sud-américaine.

Lacazette, comme les autres, ne peut s'appuyer sur son expérience internationale. Les sept réservistes culminent à 11 sélections, c'est peu et cela permet aussi de relativiser son rôle : "Cette place de réservisten'est pas difficile à accepter", insiste Lacazette. "Pour la plupart, on n'avait pas l'habitude de venir en sélection, c'est avant tout une joie d'y être. On ne créera pas de problème, on ne traînera pas des pieds." C'est aussi pour cela que Deschamps les a sélectionnés. "C'est clair pour tout le monde, il n'y a pas d'ambiguïté. Du coup, cela facilite la vie de groupe et le travail du staff", diagnostique l'avant-centre de l'OL.

Le sélectionneur a bien conscience de l'ingratitude du sort qu'il leur a réservé. Les réservistes restent condamnés à attendre un pépin physique. Seule une blessure leur délivrera leur billet pour le Brésil. Un climat malsain qu'ils ont vite fait d'évacuer."J'ai suffisamment connu de galères pour ne pas en souhaiter d'autres à un coéquipier", indique Perrin qui connait bien les blocs opératoires. "Je ne vais pas prier pour qu'un joueur se blesse", lui répond en écho Lacazette.

En attendant, ils sont à Clairefontaine sans vraiment faire partie de l'aventure. Un entre-deux sans doute désagréable que chacun s'efforce de gommer : "Même si on ne sera pas du voyage, on fait bien partie du groupe jusqu’au 28 mai", rappelle Gonalons. Pour Perrin, il n'y a qu'un "seul et même groupe" dont ils font "partie."

Pourtant la Coupe du monde reste encore un mirage pour ces sept recours. Loïc Perrin n'a d'ailleurs pas encore annulé ses vacances même s'il sait que, s'il quittera le groupe mercredi prochain comme tous les réservistes, sauf rebondissement de dernière minute, il ne devra pas se la couler douce avant la Coupe du monde. Didier Deschamps a jusqu'au 2 juin pour transmettre sa liste définitive à la FIFA. Tous pourraient rendre service. Dans l'axe ou à droite de la défense pour Perrin. En sentinelle pour Gonalons. A droite de l'attaque ou en position d'avant-centre pour Lacazette. "Je peux jouer aussi  à gauche", glisse un Lacazette toujours affamé et soucieux de défendre sa candidature. Au cas où...