Etats-Unis - Portugal (2-2) : Le Team USA, c'est l'atout cœur

"Très sincèrement, je dois dire que si cette équipe des Etats-Unis ne se qualifie pas pour les huitièmes de finale, ce sera une grande injustice. Elle a battu le Ghana et elle le mérite tellement plus que le Portugal. J'espère qu'ils vont le faire." Cette phrase, dont il est juste de dire qu'elle résume bien le sentiment général qui flottait dans l'air étouffant de Manaus dimanche soir, on la doit à un journaliste… portugais. Vous pouviez d'ailleurs vous adresser à des Brésiliens ou des Allemands, le discours était le même. Personne n'a envie de voir cette équipe s'arrêter là.

Sur ce qu'il a montré lors de ces deux premières rencontres, le Team USA mérite mille fois de sortir de ce groupe G tellement relevé où il faisait, au mieux, figure d'outsider. En Coupe du monde, on le sait bien, le mérite n'a pas grand-chose à voir dans la destinée des diverses équipes, mais celle de Jürgen Klinsmann est en train de susciter un indéniable élan de sympathie, d'enthousiasme même. Et question enthousiasme, la troupe de l'ancien attaquant de la Mannschaft s'y connait manifestement. Elle en donne à revendre. "Pour un entraîneur, c'est tellement gratifiant de voir tant de vie dans son équipe", a joliment noté "Klinsi", après ce nul aussi cruel que prometteur face au Portugal. Pour les observateurs aussi, c'est satisfaisant.

Le sélectionneur des Etats-Unis a goûté la performance de son équipe à Manaus. Il l'a savourée, même, et on le comprend pour tout dire. "C'était un vrai thriller, tellement excitant, a-t-il souligné. Je pense que l'on se souviendra longtemps de cette soirée à Manaus." Même si l'affaire eut été plus mémorable encore pour les Américains avec 30 secondes de moins… "Oui, c'était très fort émotionnellement à la fin, pour tout le monde, les joueurs, le staff, les fans... Le football est cruel parfois, mais la Coupe du monde, ça tient à une chose: être capable de penser au match qui arrive, pas à celui qui vient de se terminer."

Ça, c'est tout Klinsmann, fidèle à son discours depuis des semaines : confiance, encore et toujours, et positivisme. Toujours à regarder vers l'avant. Il croit en son équipe et rien ne pourra le détourner de cette foi-là. Le "German guy" n'est pas pour rien dans la cote d'amour de son équipe. Il déploie une force de conviction impressionnante sans jamais verser dans l'arrogance. "Bien sûr, j'aurais préféré être déjà qualifié ce soir, c'est une évidence. Mais regardons la situation, nous sommes en excellente position, nous avons quatre points. Vous n'étiez peut-être pas nombreux à imaginer ça avant le début du tournoi, non? Moi, je vois beaucoup, beaucoup de positif à retirer de ce match. Mes gars ont été magnifiques. Tous." Sa personnalité joue à fond dans l'état d'esprit de ce groupe. On sent bien que "ses gars" le suivraient partout. "Il est à la base de notre état d'esprit, dit l'attaquant Clint Dempsey. Nous lui ressemblons." Savoureux résultat.

Faute d'avoir pu appliquer 30 secondes de plus le plan anti-Ronaldo ("Nous avons fait une erreur mais c'est grâce à cela qu'il y a des buts dans le football, et son centre était magnifique", a jugé Klinsmann), la sélection U.S. va devoir remettre le cœur à l'ouvrage encore 90 minutes. Vous pouvez lui faire confiance. "On va se battre, on va encore tout donner, parce que fondamentalement, c'est ce que nous sommes, c'est ça notre équipe", avance avec force Tim Howard. Et elle n'a pas que ça à offrir. La formation américaine a du courage, du cœur mais aussi du talent et, sur le plan strict du jeu, son collectif est également assez remarquable. Bref, elle a tout pour plaire. Et elle plait. A tout le monde.