France - Norvège (4-0) : Cette fois, Valbuena a mis fin au débat

La carrière de Mathieu Valbuena s'est construite sur un paradoxe depuis que Didier Deschamps a pris en main les Bleus. Il est sans doute le Français le plus régulier depuis l'été 2012 en sélection. Pourtant, sa place dans le onze est beaucoup plus fragile que celle d'un Ribéry, d'un Matuidi, d'un Pogba et même que celle d'un Evra. Ainsi a-t-il observé la déroute de Kiev du banc de touche durant 80 minutes, c'est lui que Deschamps a sacrifié au profit de Nasri avant de s'en mordre les doigts. Ce n'est pas faute pourtant d'avoir multiplié les miracles : une frappe venue du cosmos en Italie, un but de la tête (!) contre l'Allemagne, une demi-volée face à la Géorgie.

Malgré tout, Griezmann semblait avoir l'étoffe pour chatouiller le statut du Marseillais et lui chiper sa place dans le onze en cas de prestations abouties en préparation. Valbuena mardi a dû sortir l'artillerie lourde pour mettre fin au débat et éteindre les doutes nés d'une fin de saison finie sur les rotules à Marseille.

Trois passes décisives en 50 minutes et une délicieuse impression de transformer en or tout ce que touche son pied droit ont fini de convaincre qu'il existait deux Valbuena cette saison : celui rayonnant qui dirige la manoeuvre en sélection et celui qui ne parvient pas à s'extraire d'un collectif en déliquescence à Marseille. "Avec son club, il peut être parfois en difficulté, mais comme le reste de son équipe. Mais avec nous, il est bien depuis deux ans", insiste Deschamps.

"Il n'est jamais décevant", rappelle Blaise Matuidi. Yohan Cabaye, son compère du milieu, trace le même sillon : "Ça ne me surprend pas, il fait toujours des très bons matchs avec les Bleus, se donne toujours à 100%." Le Marseillais est impliqué sur 12 des 33 buts de l'équipe de France depuis la prise de fonction de Didier Deschamps. L'absence de Ribéry ce mardi lui a permis de démontrer ses qualités sur coups de pieds arrêtés.

Olivier Giroud ne s'y est pas trompé et a invité ses coéquipiers à fêter dignement l'homme du match au poteau de corner après la quatrième but des Bleus : "C'est quelqu'un que j'apprécie en dehors du terrain", témoigne Giroud. "Ça se voit. C'est simplement du bonheur d'avoir un petit bonhomme comme ça qui fait des passes décisives."

Mais ne comptez pas sur lui pour fanfaronner. Il a connu trop de désillusions pour se considérer comme un incontournable du onze de départ : "Franck Ribéry et Patrice Evra sont beaucoup plus expérimentés, je ne peux pas dire que je suis un taulier", a-t-il indiqué mardi soir alors que l'essaim de micros qui l'entourait témoignait de son poids dans la victoire du soir. Lui veut simplement se montrer "le plus décisif et le plus performant possible" pour "rendre la confiance du coach." Lui qui n'a disputé que vingt petites minutes lors des tournois internationaux (la fin de Mexique-France en 2010) devrait enfin pouvoir débuter une compétition majeure dans la peau d'un incontournable en Bleu. Il a tout fait, et sans doute plus encore, pour arracher sa place. S'il y avait encore l'ombre d'un débat ce mardi, il l'a dissipée avec force.