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Javier Mascherano, le capitaine sans brassard de l'Argentine

Alexandre Juillard

Mis à jour 11/07/2014 à 22:05 GMT+2

A 30 ans, Javier Mascherano est un personnage incontournable de la sélection argentine. C’est le capitaine sans brassard, l’âme, le guerrier d’une équipe maintenant obsédée par la victoire finale.

Javier Mascherano et Lionel Messi

Crédit: AFP

Quelques minutes avant d’entrer sur la pelouse, dans l’intimité du vestiaire, c’est toujours le “jefecito” (le petit chef) qui hausse le ton. Ses coéquipiers sont enlacés autour de lui et boivent chacune de ses paroles. C’est un aboyeur hors pair. Un jour, avant le quart de finale contre la Belgique, les yeux noirs, le ton ferme, il a dit à ses coéquipiers : “J’en ai marre de manger de la merde, maintenant, je veux que mes proches, que mon pays soient fiers de moi. Nous allons faire le match de nos vies.”
C’est un joueur exceptionnel, le rêve de tout entraîneur.
Un autre jour, avant une séance irrespirable de tirs au but contre les Pays-Bas : “Les gars, je suis tellement fier de vous, on a souffert, on s’est fait critiquer comme jamais, mais on n’a jamais rien lâché. Maintenant, cette série ne changera rien, car moi, je serai fier toute ma vie d’avoir fait partie de ce groupe.” Avant de prendre Sergio Romero, le gardien de but, entre quatre yeux et de lui dire : “Maintenant, c’est à toi, tu vas tous les bouffer, tu vas devenir un héros” Résultat : “Chiquito” Romero a arrêté deux pénos et ses coéquipiers ont réalisé un quatre sur quatre plein de sang-froid et de maîtrise.
Depuis, Javier Mascherano est devenu ce guerrier, ce kaiser, dont raffolent les Argentins. Après la demi-finale victorieuse contre les Pays-Bas, #maschefacts est même devenu un trending topic sur twitter.
En clair, avec lui, tout est possible, même de récupérer les Malouines (qui appartiennent aux Anglais et qui avaient donné lieu à la fameuse guerre du même nom au début des années 80). “Javier, c’est un symbole, une emblème, assure Sabella. C’est le seul footballeur argentin qui a remporté deux médailles d’or aux Jeux Olympiques (en 2004 et 2008).C’est un joueur exceptionnel, le rêve de tout entraîneur.” C’est un leader charismatique tant dans ses mots que dans ses actes. En Argentine, nombreux pourront raconter à leurs petits-enfants ce tacle glissé et salvateur à la 90e minute de jeu après une frappe de Robben. Pour beaucoup, c’est ce geste qui a permis aux albiceleste de se qualifier pour la demi-finale.

Il a élevé son jeu à partir des huitièmes de finale

Sur la pelouse, Mascherano est un vrai 6 à l’ancienne. Un 5 comme on dit en Argentine. C’est une sentinelle, postée devant sa défense. Il sent très bien le jeu, coupe les trajectoires et ses tacles sont d’une grande propreté. En 6 matches et 600 minutes passées sur les terrains, Javier n’a commis que 7 fautes. Et pourtant, il a récupéré 42 ballons dans les pieds adverses. C’est énorme. Et lorsqu’il a le ballon au bout du pied, là encore, il est d’une précision chirurgicale. Depuis le début de la Coupe du Monde il a réussi 86,6% de ses passes et donné 478 passes. Aucun joueur n’a de telles statistiques. Il défend, il construit, il temporise et il court beaucoup (67,3 kilomètres). L’homme aux 104 sélections est monté petit à petit en puissance dans cette Coupe du monde. Après un premier tour cahin caha, il a élevé son niveau de jeu à partir des huitièmes de finales. Et les changements d’hommes et de tactique de Sabella n’y sont pas pour rien.
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Javier Mascherano, Coupe du monde 2014

Crédit: AFP

“Avec Biglia et Enzo Perez, Mascherano est bien aidé au milieu de terrain,tant dans ses tâches défensives que dans la possession, a expliqué Cesar Luis Menotti à une radio argentine. Et la titularisation de Demichelis lui a fait un bien fou. Car Demichelis joue plus haut, plus près de Javier ce qui a pour conséquence de réduire les espaces. L’équipe est plus regroupée, c’est un bloc compact.” Un bloc, une équipe dont Mascherano est le cœur et la voix. C’est lui qui calme ses coéquipiers, qui impose la cadence. Il est dans la droite lignée des milieux défensifs argentins comme le “Cholo Simeone”.
L’Argentine, c’est Mascherano + 10 joueurs
Ce caractère bien trempé lui joue des tours, car il a avoué, qu’à la fin de chaque match, il n’avait plus de voix à force d’aboyer sur ses partenaires. Lucas Biglia a raconté, après la demi-finale que Mascherano l’avait presque porté sur ses épaules : “Je me suis fait mal au bras gauche, mais Javier venait me voir et me disait que je devais serrer les dents, que je n’avais pas le droit de les abandonner. Et quand tu le vois courir, aller au charbon, il te donne l’exemple et il te motive comme jamais.” Capitaine exemplaire jusqu’en 2011, l’ex-joueur de River Plate, Corinthians et de Liverpool, n’a rien dit lorsqu’il a dû laisser le brassard à Lionel Messi. Car il n’a pas besoin d’un brassard pour donner sa pleine mesure. Mascherano a toujours été un indiscutable en sélection et ce, quel que soit l’entraîneur. En 2010, Maradona avait même dit : “l’Argentine, c’est Mascherano + 10 joueurs.” Un dicton devenu célèbre chez les finalistes de ce mondial.
Mascherano attend cette finale de Coupe du monde depuis de bien longues années. Il a joué dans toutes les catégories sous le maillot albiceleste. Il a même joué, et c’est assez rare pour le noter, en sélection nationale avant de faire son baptême en première division. Et tout ça parce que Jose Pekerman savait qu’il deviendrait un joueur mythique de l’équipe nationale. Dimanche, contre l’Allemagne, il devrait encore sortir un discours pas piqué des hannetons à ses coéquipiers avant d’entrer sur la pelouse du Maracana. Et une fois encore, ses dix camarades de jeu vont le suivre pendant 90 ou 120 minutes. Le kaiser argentin compte bien emmener son équipe au bout et franchement, pour l’ensemble de son œuvre, ça serait bien mérité.
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Sabella-Mascherano

Crédit: Eurosport

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