Coupe du monde 2014 : Les défenseurs du Brésil sont aussi ses buteurs

Non, la Seleçao n’a pas retrouvé le Jogo Bonito égaré depuis le début de la Coupe du monde. Faute de quoi, dans un match intense au détriment de la qualité technique (436 passes réussies par les deux équipes, plus faible total depuis un Pologne-Corée du Sud en 2002), elle a utilisé d’autres armes pour vaincre la Colombie. Intéressant en première période, le Brésil a surtout fait preuve d’un sérieux tactique et d’une détermination à toute épreuve. Supérieur dans l’impact physique, il a bloqué toute possibilité de contre-attaque pour les Cafeteros en multipliant les fautes (31 commises, un record historique pour le Brésil). Les hommes de José Perkerman se sont heurtés, dans tous les sens du terme, au bloc adverse et n’y ont trouvé quasiment aucune faille. Même le moment de flottement en fin de rencontre n’a pas fait dévier la Seleçao de sa ligne de conduite. Celle qui lui permet, tant bien que mal, de se retrouver en demi-finales de sa Coupe du monde.

Soirée très particulière pour Thiago Silva. Sous le feu des critiques cette semaine, le capitaine de la Seleçao a répondu en ouvrant le score et en livrant une prestation d’ensemble impeccable. Il a terni son match en écopant d’un avertissement évitable, qui le privera de la demi-finale. David Luiz a encore démontré sa faculté à élever son niveau de jeu dans les grands matches et a inscrit son deuxième but en autant de rencontres à élimination directe d’un maître coup-franc. Dans un secteur offensif où Fred et Oscar ont traîné leur peine, Hulk a surnagé, au moins en première période. Très remuant et disponible, Neymar s’est mis au service du collectif, en créant des décalages. Fernandinho a donné de la verticalité au jeu par sa qualité de passe et s’est chargé d’un marquage individuel à la limite sur James Rodriguez, avec la complicité d’un arbitre clément (quatre fautes pour aucun avertissement).

Clairement ciblé par les Brésiliens, le meneur des Cafeteros a souffert. Plus les minutes sont passées, mieux il a réussi à se défaire du marquage, comme sur cette action amenant son but sur penalty. Il a ainsi marqué lors de cinq rencontres de suite dans ce Mondial, lui permettant d’égaler la performance de Rivaldo en 2002. Meilleur passeur du tournoi, Juan Guillermo Cuadrado est passé à côté de son sujet et n’a jamais réussi à peser sur les événements. Fredy Guarin et Carlos Sanchez, coupable d’un marquage très lâche sur le premier but brésilien, ont vécu un calvaire devant leur défense. David Ospina et Mario Yepes ont, eux, rendu des copies dans la lignée de leur Mondial, c’est-à-dire excellentes. Dès son entrée en jeu, Carlos Bacca a apporté du dynamisme et du punch à l’attaque colombienne. Mais il était bien trop tard.

Comme le nombre de demi-finales de Coupe du monde disputées par le Brésil dans son histoire. Sur ses six précédentes, la Seleçao s’est toujours qualifiée pour la finale. Une statistique à confirmer mardi sur la pelouse de Belo Horizonte.

Une image qui se passe de commentaires

Après avoir été absent de la Coupe du monde depuis un long moment, notre performance a apporté de la valeur au football colombien. Nous avons montré que nous possédons quelques joueurs de talent et pouvons nous battre à haut niveau. Les gens peuvent se sentir très fiers.

A la 11e minute, le Brésil est toujours dans l’euphorie de l’ouverture du score et la Colombie veut lui répondre d’emblée. Juan Guillermo Cuadrado s’élance de son côté droit pour repiquer dans l’axe et prendre sa chance du gauche. Sa tentative est légèrement déviée par le genou de Thiago Silva et frôle le poteau de Julio César. Ce sera longtemps la meilleure occasion des Cafeteros dans cette rencontre…

Le constat est clair. Les Brésiliens ont inscrit trois buts sur leurs deux derniers matches, tous par leur défense centrale (deux pour David Luiz et un pour Thiago Silva). Même si cela relève de l’anecdote et découle aussi de la propension de toutes les sélections à marquer sur coups de pied arrêtés dans ces matches couperet, cela traduit les difficultés offensives de la Seleçao. Elles étaient déjà apparues au premier tour, mais deviennent évidentes à mesure que le niveau de l’adversité s’élève. Seule éclaircie, Hulk a confirmé sa montée en puissance. Toujours aussi moyen techniquement, il était pourtant le comparse de Neymar le plus inspiré, à l’image de leur une-deux bien senti en première période. Loin d’être le point de fixation attendu, Fred a traversé le match comme une ombre. Au même titre qu’Oscar, toujours aussi décevant dans cette Coupe du monde.

Avec un potentiel offensif aussi faible, le Brésil ne présente aucune garantie avant de s’attaquer au dernier carré de son tournoi. Mais il ne devrait pas changer une recette qui gagne pour défier l’Allemagne. Surtout que les options sur le banc ne sont pas légion, même si Willian présente un profil qui pourrait donner davantage d’assurance technique à la Seleçao. En l'absence de Neymar, sorti sur civière en fin de rencontre et victime d'une fissure des vertèbres qui signifie la fin de son Mondial, le Brésil va pourtant bien devoir trouver d'autres solutions. Pour continuer leur avancée dans le tableau, malgré leurs limites criantes.