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Mondial 2014 - La Colombie a séduit mais ne sait pas encore ce qu'elle a dans le ventre

Laurent Vergne

Mis à jour 28/06/2014 à 11:23 GMT+2

La Colombie est une des quatre équipes à avoir bouclé le premier tour avec trois victoires. En prime, elle a séduit, à l'image de James Rodriguez. Mais que vaut-elle vraiment? Même elle cherche la réponse. Ça tombe bien, les huitièmes de finale arrivent. L'Uruguay aussi.

James Rodriguez et les Colombiens célèbrent un but lors du Mondial

Crédit: Eurosport

Si un vent de fraîcheur a soufflé sur la première phase du Mondial ces deux dernières semaines, la Colombie n'y est pas tout à fait étrangère. En tout cas, elle a pris sa part. Souvent joueuse, plutôt séduisante et, ce qui ne gâte rien, efficace, l'équipe du si flegmatique José Pekerman a bouclé son premier tour au galop avec trois victoires, neuf buts inscrits et, depuis quelques heures, le statut inutile mais toujours flatteur de meilleur joueur de la première phase pour James Rodriguez. "J'ai beaucoup aimé cette équipe, a ainsi relevé Christian Vieri, un des nombreux observateurs séduit par l'outsider colombien. Elle à la fois agressive, technique et physique. C'est une très bonne surprise. Avec Falcao, je pensais qu'elle pouvait atteindre les demi-finales. Maintenant, je commence à penser que, même sans lui…"
Le gentil début de buzz qui accompagne les Cafeteros au Brésil va maintenant tenter de ne pas se fracasser sur la réalité des matches à élimination directe. C'est un destin si fréquent en Coupe du monde. Depuis l'introduction des huitièmes de finale après le premier tour de poules, soit en 1986, l'histoire a pris un malin plaisir à bégayer pour doucher les enthousiasmes naissants. Du redoutable duo Danemark-U.R.S.S. en 1986 à l'Espagne en 2006, les exemples ne manquent pas. Des équipes qui flambent, qui gagnent, suscitent dès lors une attente, pour mieux exploser en vol quand les choses sérieuses commencent.

Du potentiel oui, mais…

Il y a au moins un écueil que ne risquent pas les Colombiens : l'excès de confiance. José Pekerman veille au grain pour ça. "Ce que nous avons fait jusqu'ici, c'est très bien, c'est même remarquable, mais ce n'est rien à côté de ce qui nous attend à partir de maintenant, a-t-il prévenu. Les matches à élimination directe, c'est une autre approche et le droit à l'erreur est encore plus infime. Il est même nul." Tout ceci pourrait s'apparenter à des évidences, sauf que la Colombie n'a que très rarement eu l'occasion de les expérimenter de façon concrète. Absent de la Coupe du monde depuis 1998, ce n'est que la deuxième fois qu'elle franchit la phase de poules après 1990, où elle s'était arrêtée net en huitièmes, battue par le Cameroun (1-2).
La vague d'enthousiasme suscitée par les premières sorties de la troupe de Pekerman ici au Brésil demande donc confirmation. C'est l'avis de Luis Montenegro, journaliste au quotidien El Espectador : "L'équipe a été brillante lors du premier tour, incontestablement. Mais pour moi, ça ne veut pas dire grand-chose en termes de potentiel pour la suite du tournoi. Cela veut juste dire qu'elle était très supérieure à la Côte d'Ivoire, à la Grèce et au Japon. C'est déjà bien pour nous d'être là, mais le groupe n'était pas très relevé, me semble-t-il."  La Colombie ressent ainsi l'excitation de celui qui pressent son potentiel mais n'ignore pas qu'il n'a encore pas eu l'occasion de l'éprouver.
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La Colombie a signé trois victoires en autant de matches lors de la phase de poules

Crédit: AFP

Il n'y a pas de raison de ne pas avoir d'ambition, mais chaque chose en son temps
"Pour nous, c'est un gros test", souligne José Pekerman, qui a très largement appuyé vendredi en conférence de presse sur la "qualité" et surtout "l'expérience" de l'Uruguay, dont le vécu est en effet sans commune mesure avec celui de son adversaire. Qu'il s'agisse du passé récent (demi-finaliste en 1990) ou plus lointain (deux titres de champion du monde), un monde sépare les deux pays. Mario Yepes avait servi le même discours dès mardi soir, une fois les deux équipes qualifiées. "Le passé de l'Uruguay en Coupe du monde est beaucoup plus important que le nôtre et ça joue à ce niveau", avait lancé l'ancien Nantais.
Alors, la Colombie se sent-elle vraiment trop petite pour jouer dans cette cour des grands où elle a si rarement eu sa place ? "Il n'y a pas de raison de ne pas avoir d'ambition, corrige José Pekerman, mais chaque chose en son temps. L'équipe grandit match après match je trouve. Simplement, là, il va falloir grandir d'un seul coup, et beaucoup. C'est le prix", juge Pekerman, qui balaie d'un revers de mains les questions sur un éventuel quart de finale contre le Brésil. L'Uruguay suffira à la peine colombienne, samedi.
"Moi, plus que l'inexpérience, c'est l'adversaire qui m'inquiète, reprend d'ailleurs Luis Montenegro. L'Uruguay, c'est une équipe compliquée à jouer pour les Cafeteros. Elle sait manœuvrer dans ce genre de matches et si elle sera moins dangereuse offensivement sans Suarez, je ne la vois pas passer à côté de son match. Il faudra être capable d'être aussi guerriers qu'eux. Ça reste une interrogation." Lors des qualifications, la Colombie avait étrillé l'Uruguay à Bogota (4-0), avant de s'incliner 2-0 à Montevideo. Samedi, c'est la belle. Mais comme le rappelle Pekerman, "tout cela n'a plus aucune importance". Comme les trois victoires des deux dernières semaines. C'est ça, la Coupe du monde. Les plaisirs y sont terriblement éphémères et les regrets nettement plus durables. La Colombie veut les repousser le plus longtemps possible. Pour que les petits plaisirs deviennent grands.
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