Pays-Bas - Costa Rica : Krul, le coup de poker que seul Van Gaal avait vu venir

C’est une soirée qui restera marquée à jamais dans l’histoire de la Coupe du monde. Et qui ajoutera une ligne de plus aux coups d’éclats de Louis van Gaal et aux anecdotes qui jonchent son incroyable parcours d’entraîneur. Luca Toni, ancien attaquant du Bayern Munich, avait ainsi confessé que le technicien néerlandais, alors en poste en Bavière, avait un jour baissé son pantalon à l’entraînement pour montrer à ses joueurs qu’il en avait. Ce samedi à Salvador, il l’a fait de manière plus pudique. Mais avec un résultat éclatant.

On vient en effet d’entrer dans le temps additionnel du quart de finale face au Costa Rica et les Pays-Bas, incapables de franchir la muraille Keylor Navas (0-0), se dirigent vers la séance de tirs au but. C’est alors que Tim Krul, qui s’échauffait depuis quelques minutes sur le bord du terrain, s’approche du quatrième arbitre assistant. Devant les yeux ébahis de l’Arena Fonte Nova de Salvador, les numéros 1 et 23 s’affichent alors sur le panneau lumineux de l’homme noir : Jasper Cillessen, le gardien titulaire qui venait de sauver son camp quelques minutes avant, cède sa place à son remplaçant. Un changement tactique jamais vu en Coupe du monde mais qui était finement préparé... par van Gaal. Personne d'autre n'était au courant. "Lui dire avant le match, c'était risquer de provoquer de la déception chez lui. Il n'était pas au courant", a révélé le technicien après le match.

Alors que le stade n’en croyait pas ses yeux, Cillessen s’est précipité sans surprise vers son banc pour saluer le nouvel entrant et laisser sa place. Surtout, Van Gaal avait pris le soin de n’effectuer que deux changements auparavant pour mettre son plan à exécution si ses premières options ne payaient pas. Après avoir fait entrer ses deux attaquants, Jeremain Lens (76e à la place de Depay) et Klaas-Jan Huntelaar (106e à la place de Martins-Indi), le sélectionneur néerlandais a abattu sa dernière carte. Et tenter le coup de bluff le plus fou de sa carrière. Comment en effet oser parier sur un gardien qui n’a arrêté "que" deux penalties sur vingt avec Newcastle ? "J'ai tenu compte des meilleures statistiques de Krul dans cet exercice. Je ne pense pas avoir pris la mauvaise décision", s'est justifié van Gaal.

Le coup était donc savamment préparé. Du haut de son mètre 93 et de ses cinq petites sélections, le gardien de 26 ans s’est présenté confiant comme jamais. Battu de peu sur la première tentative de Borges, il a vite donné l’ascendant à son équipe en sortant la tentative de Ruiz. Avant de réciter le rôle qu’il avait certainement composé avec Van Gaal durant la semaine. Alors que Robben venait de donner l’avantage aux siens, Krul a carrément pris à partie Gonzalez, le troisième tireur costaricien, à la manière d’un joueur NBA maître dans l’art du trash-talking.

Si ce dernier n’a pas tremblé, le gardien néerlandais a finalement eu le dernier mot en sortant le tir d’Umana, qu’il avait aussi pris soin de chauffer en lui assurant qu’il savait où il tirait. Et il disait vrai ! Sur les cinq tirs costariciens, il s’est détendu à chaque fois du bon côté, accréditant la thèse d’une étude approfondie des tireurs adverses. Tout à sa joie, il a alors pu se diriger vers l’impeccable chef d’orchestre de ce récital. Qui a, cette fois, gardé son pantalon.