Müller est sur la même planète que Messi et Neymar

L'opposition promettait d'être intéressante entre deux équipes dont le style est basé sur la possession du ballon. A ce jeu-là, l'Allemagne s'est imposée haut la main. Les hommes de Joachim Löw ont maîtrisé le cuir sur l'ensemble du match (68% de possession) grâce à une précision technique indéniable dans les transmissions (91% de passes réussies), d'autant plus remarquable que les Allemands ont imprimé un rythme assez soutenu dans la circulation. Les Stars and Stripes ont passé l'essentiel de leur temps à courir après le ballon. A la récupération, ils n'ont pas su en faire la meilleure utilisation, ne parvenant à frapper que quatre fois sur le but allemand, sans jamais trouver le cadre. Une première depuis 2006. Cela en dit long sur la performance de l'Allemagne.

C'est décidément un joueur qu'il ne vaut mieux pas croiser dans une Coupe du monde. Thomas Müller, toujours inspiré dans ses mouvements et ses choix de jeu, a surtout été encore décisif avec son quatrième but dans ce Mondial 2014. Bastian Schweinsteiger a réussi une rentrée encourageante dans un milieu allemand dominateur, où Philipp Lahm a brillé par sa justesse de jeu. Devant, Mesut Özil a posé beaucoup de problèmes à la défense des Etats-Unis, où Omar Gonzalez a pourtant réussi une bonne prestation en remplacement de Geoff Cameron, avec un sauvetage décisif en début de seconde période. Son équipe privée du ballon la plupart du temps, Clint Dempsey n'a jamais été en mesure de contrarier l'arrière-garde allemande.

93e minute de jeu : Les Etats-Unis jettent leurs dernières forces dans la bataille. Peu influent jusqu'ici, Clint Dempsey finit par se signaler en donnant un bon ballon à Alejandro Bedoya dans la surface. Le Nantais tente d'envelopper sa frappe, mais Philipp Lahm se jette à bon escient pour détourner le ballon. Et priver les Etats-Unis à la fois de l'égalisation, et de leur premier tir cadré dans ce match.

La série continue pour l'Allemagne. En s'imposant devant les Etats-Unis, les Allemands ont franchi le premier tour d'une Coupe du monde pour la 16e fois consécutive. Une série ininterrompue qui dure depuis 1950. L'Allemagne confirme aussi son habitude de finir en tête de son groupe lors de la phase de poules. C'est systématiquement le cas depuis 1990. La valeur sûre par excellence.

C'est bien parti…

Il y a les stars. Et il y a Thomas Müller. Au terme de ce premier tour, l'attaquant allemand pointe en tête du classement des buteurs avec quatre réalisations, autant que Lionel Messi et Neymar. L'Argentin et le Brésilien focaliseront toujours plus l'attention que lui. Cela masquerait presque l'incroyable performance réalisé par l'Allemand, déjà auteur de neuf buts en neuf matches de Coupe du monde, à seulement 24 ans. Le co-meilleur buteur du Mondial 2010 fait encore parler tout son talent au Brésil.

Ce n'est pas le dribbleur le plus spectaculaire, ce n'est pas le joueur le plus impressionnant physiquement, mais sa faculté à lire le jeu avant tout le monde et à réaliser le geste juste, dans la finition ou dans la création, lui permet d'être toujours décisif. Comme ces stars dont il ne fait pas partie. Si l'Allemagne a passé ce premier tour sans encombre, elle le doit beaucoup à son antistar. Un joueur invariablement sous-coté qui n'a probablement pas fini de faire le bonheur de la Mannschaft.