Pour Asprilla, la Colombie "peut gagner cette Coupe du monde"

C'est un des bons côtés de l'excellent Mondial colombien. Il permet de revoir quelques anciennes gloires d'une génération dorée qui, elle, avait échoué à justifier les attentes placées en elles. C'était une époque dorée pour les Cafeteros, qui ont participé aux trois Coupes du monde dans les années 90, mais sans jamais parvenir à dépasser les huitièmes de finale, s'arrêtant même dès le premier tour en 1994, alors qu'ils avaient une bonne grosse tête d'outsider. Faustino Asprilla était sans doute, avec Carlos Valderamma, le plus grand talent de cette génération. Aujourd'hui, l'ancien attaquant de Parme sillonne le Mondial pour les médias. Il commente notamment les matches pour une radio colombienne et savoure ce qu'il voit.

Après la victoire contre l'Uruguay samedi dernier au Maracana, il commençait même à rêver, comme tout un pays. "Un quart de finale, c'est déjà historique, estimait-il. Bravo aux gars pour ce qu'ils ont fait mais maintenant, il faut avoir beaucoup d'ambition. Cette équipe peut aller encore plus loin. J'ai toujours pensé que le Brésil serait champion du monde chez lui mais, sur ce que je vois depuis le début, je pense que la Colombie peut gagner cette Coupe du monde". Même avec le Brésil au prochain tour. "Le Brésil, c'est un nom. Mais nous ne jouons pas contre un nom, nous jouons contre onze joueurs. Et je vais vous dire, pour moi, la sélection colombienne qui joue ici n'a rien à envier à celle du Brésil. Au contraire même. C'est le Brésil qui a le plus de raisons d'avoir peur de match."

Faustino Asprilla ne le cache pas, il est bluffé. Comme beaucoup, il ne voyait pas l'équipe de José Pekerman aussi forte sans son buteur vedette, Radamel Falcao. "C'est une vraie équipe et ça, c'est le mérite du professeur Pekerman, comme il l'appelle. Il a donné une grande confiance à ses joueurs, ça se sent. Son coaching est intelligent, il fait des bons choix. Il ne faut surtout pas minimiser son rôle. Il a aussi professionnalisé le mode de fonctionnement. Tout est soigné dans les moindres détails. Il a même amené un psychologue avec lui." Dans les années 90, la Colombie fonctionnait de façon plus "artisanale." "Non, nous n'avions pas de psychologue, sourit Asprilla. J'aurais bien aimé voir ce qu'il aurait fait de moi", ajoute-il en partant dans un fou rire.

Bien sûr, comme tout le monde, il s'incline devant l'excellence de James Rodriguez, devenu "un des cinq meilleurs joueurs du monde aujourd'hui", selon lui. Mais il est aussi épaté par la performance de Mario Yepes. "Il a quoi? 38 ans? C'est incroyable d'être à ce niveau et avec un tel enthousiasme à son âge, juge-t-il. C'est un roc en défense. Entre lui et Ospina, l'équipe peut dormir tranquille derrière. Il est très important dans l'équilibre du groupe, dans un autre registre que James évidemment. Mais c'est un leader, l'équipe pourrait difficilement se passer de lui."

Quatre jours après l'euphorie du Maracana, il n'en démord pas. Il s'est même lancé dans un petit pronostic: "Je vois bien un 2-2 et une victoire de la Colombie aux tirs au but, a-t-il lancé. Franchement, le Brésil ne joue pas bien et je pense que la Colombie a davantage de chances de passer que de se faire éliminer." Faustino Asprilla vit par procuration ce qu'il n'a pu accomplir comme joueur. Mais il ne nourrit pas de regrets. "Nous aurions certainement pu faire beaucoup mieux mais c'est de l'histoire ancienne. Je suis très heureux de ce qu'accomplit la Colombie dans ce Mondial. Surtout ici, au Brésil, c'est spécial, nous avons énormément de supporters. C'est le meilleur endroit pour briller." On ne peut pas s'empêcher de songer qu'Asprilla n'aurait pas dépareillé dans un tel contexte, et dans une telle équipe...