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Pour que le Mondial 2014 soit vraiment inoubliable, il faudrait…

Laurent Vergne

Mis à jour 10/01/2014 à 16:38 GMT+1

Dans cinq mois quasiment jour pour jour, le monde sera tourné vers le Brésil. On en rêve déjà. Il est des Mondiaux qui marquent plus que d'autres. Et plus durablement. Si certains des éléments qui suivent se concrétisent, le Brésil 2014 fera date.

Papier Coupe du monde Montage

Crédit: Eurosport

... Une finale Brésil - Uruguay

Pourquoi ce serait géant : Cela reste, aujourd'hui encore, le plus grand trauma de l'histoire du football brésilien. La Seleçao n'a disputé qu'une seule Coupe du monde à domicile à ce jour, en 1950. Elle est passée tout près de la remporter. Puis tout a basculé dans l'ultime mi-temps de la compétition, lors d'un Brésil-Uruguay de légende. Menée 1-0 à la pause, la Céleste allait marquer deux fois en seconde période pour plonger le Maracana dans un silence assourdissant, où seuls les sanglots étaient alors audibles. Une cicatrice qui ne s'est jamais refermée pour le Brésil. 64 ans après, la Coupe du monde revient au pays. Imaginez une seconde que les Brésiliens rallient la finale et qu'ils y croisent l'Uruguay. Mêmes équipes, même stade, même enjeu, 64 ans plus tard. Ce serait un match en forme d'exorcisme et sans aucun doute une des finales les plus lourdes de sens aux yeux de l'Histoire.
Taux de probabilité (sur une échelle de 1 à 10): 3. Pas si ridicule. Le Brésil, à domicile, est de façon naturelle un des immenses favoris de Sa Coupe du monde. L'Uruguay, elle, reste sur une demi-finale en 2010 et possède un groupe de qualité. Puis nous sommes en Amérique du Sud. Seul problème, la Céleste devra survivre à un premier tour douloureux. Le tirage l'a placée avec l'Italie et l'Angleterre. Si elle s'en sort, tout sera possible.

... Que l'Espagne conserve son titre

Pourquoi ce serait géant : Double champion du monde en titre. Voilà une notion que seuls les grands anciens peuvent appréhender de façon concrète. Depuis le Brésil, sacré en 1958 en Suède puis quatre ans plus tard au Chili, aucune nation n'a réussi à conserver sa couronne mondiale. Dans l'ordre, le Brésil (quatre fois, en 1966, 74, 98 et 2006), l'Angleterre (1970), l'Allemagne (1978, 94), l'Argentine (1982, 1990), l'Italie (1986, 2010) et la France (2002) ont échoué dans cette (double) quête. Dans toute l'Histoire, seuls l'Italie (1934-38) et donc le Brésil ont réussi cette performance. L'Espagne, en devenant le troisième, plus d'un demi-siècle après le Brésil, inscrirait automatiquement ce Mondial 2014 comme une référence historique. L'exploit en lui-même serait immense. Mais il le serait d'autant plus que la Furia aurait décroché ses deux titres hors d'Europe. Avant 2010, rappelons que tous les titres mondiaux des Européens avaient été conquis sur le Vieux Continent.
Taux de probabilité : 5. Quatre ans après son triomphe sud-africain, l'Espagne demeure une équipe très compétitive. Sur le papier, c'est un des trois ou quatre grands favoris de la compétition. Le vieillissement de certains de ses cadres, l'usure du pouvoir et la gifle reçue en finale de la dernière Coupe des Confédérations face au Brésil (3-0) ont érodé son statut d'invincible. La considération géographique constitue elle aussi un obstacle important. Sept Coupes du monde se sont déroulées sur le continent américain. Elles ont toutes été remportées par des équipes sud-américaines. Impossible toutefois d'écarter l'Espagne a priori. Ce groupe a la victoire en lui, le vécu, la confiance et le talent. Personne ne tomberait de l'armoire.

… Une équipe africaine dans le dernier carré

Pourquoi ce serait géant: Tout tient en sept mots: parce que ce n'est jamais arrivé. Depuis trente ans, le football africain n'a de cesse de franchir les étapes. Pas à pas. Il y eut la victoire si marquante de l'Algérie contre l'Allemagne en 1982. Le Maroc, première équipe africaine à sortir du premier tour en 1986. Le Cameroun, premier quart de finaliste, quatre ans plus tard. Le Sénégal (2002) et le Ghana (2010) l'ont ensuite imité. Sans le dépasser. Les Ghanéens étaient passés tout près il y a quatre ans. L'étape suivante, pour le continent africain, c'est le dernier carré. Quel meilleur endroit que le Brésil pour accomplir cette première-là ? L e Mondial brésilien devenant celui de la première édition avec une formation africaine en demi-finales, ça aurait de l'allure.
Taux de probabilité : 3. Il y a quatre ans, il s'en était fallu d'un penalty (celui raté par Gyan à la 120e minute) puis de quelques autres lors de la série de tirs au but, pour que l'Afrique n'installe un des siens parmi les quatre derniers candidats au titre. Jamais les Africains n'ont donc été aussi près de franchir ce cap, sur lequel ils butent depuis 24 ans. Roy Hodgson, le sélectionneur anglais, a estimé en novembre dernier qu'une équipe africaine avait "plus de chances" selon lui remporter la Coupe du monde 2014 qu'une équipe européenne, notamment pour des questions climatiques. L'argument est discutable mais, sans aller jusqu'à parler de victoire finale, les demi-finales constituent désormais une ambition plus qu'un rêve. Malheureusement, le tirage au sort n'a pas gâté certaines équipes africaines, notamment le Ghana en l'occurrence, placé dans un groupe monstrueux avec l'Allemagne, le Portugal et les Etats-Unis, voire le Cameroun, qui devra se coltiner Brésil, Mexique et Croatie. La Côte d'Ivoire et le Nigeria ont été un peu plus épargnés, tout comme l'Algérie, mais les Fennecs n'ont peut-être pas autant d'arguments que leurs confrères africains. Mais globalement, les Africains ont des raisons d'y croire. 
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2010 Coupe du monde Ghana supporters

Crédit: Panoramic

… Que Messi ou Ronaldo s'offrent le record de Fontaine

Pourquoi ce serait géant : Le record de Just Fontaine parait gravé dans le marbre. Les 13 buts de l'attaquant français lors du Mondial 1958 en Suède appartiennent à une époque révolue. Celle où les quatre derniers matches d'une Coupe du monde (demies, troisième place et finale) pouvaient produire au cumul… 27 buts. Depuis, il existe une forme de consensus pour estimer que ce record ne pourra jamais être battu. Seul Gerd Müller a atteint la barre des dix buts de 1962 à 2010 et, en dehors des huit buts de Ronaldo 2002, aucun meilleur buteur n'a dépassé les six buts sur les neuf dernières éditions. Si un joueur parvenait à rejoindre Fontaine, ce serait donc tout simplement ahurissant. La Coupe du monde 1958 est restée dans l'histoire pour le premier titre du Brésil, l'émergence de Pelé et les 13 buts de Fontaine. Un buteur à 13 buts donnerait une dimension unique à cette édition 2014. A coup sûr, il faudrait un buteur extraordinaire pour accomplir une telle performance. 
Taux de probabilité : 2. Il faut se méfier des affirmations du style "ce record ne sera jamais battu". Jamais, ça n'existe pas dans le sport. Cristiano Ronaldo et Lionel Messi sont deux buteurs absolument phénoménaux. Ils tournent à des moyennes qui, elles aussi, semblaient il y a peu appartenir à un autre temps. Jusqu'à ce qu'ils en (re)fassent une norme. Pour atteindre un total à deux chiffres en Coupe du monde, il faut: 1. Réussir un énorme carton sur un match. 2. Atteindre le dernier carré, ce qui garantit à ces équipes de jouer sept matches. Depuis 40 ans, il y a eu l'un ou l'autre, mais jamais les deux. Dans l'idéal, il faut un Salenko dans une équipe qui va loin, pas qui disparait dès le premier tour. Mais sortir de la phase initiale avec six buts comme le Russe en 1994 ouvre des perspectives intéressantes. Paolo Rossi avait inscrit six buts sur ses six derniers matches en 1982. S'il avait pu tenir ce rythme dès le début, il n'aurait pas été loin de Fontaine. Ronaldo et Messi sont potentiellement deux véritables machines, capables précisément de tenir la distance à deux buts de moyenne. CR7 aurait probablement les meilleures chances de prendre feu, parce que tout, au Portugal, tourne autour de lui. Il n'y a qu'à voir ses quatre buts face à la Suède en barrages. Messi, lui, n'a jamais su, jusqu'ici, carburer à la même cadence sous le maillot ciel et blanc qu'avec le Barça. Malheureusement, la composition des groupes augure mal d'un carton de Ronaldo sur ses trois premiers matches. Le Portugal a hérité d'un groupe monstrueux (Allemagne, Ghana et Etats-Unis). Aucune équipe faiblarde à l'horizon. C'est un frein à une éventuelle frénésie.
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Portugal's forward Cristiano Ronaldo celebrates after scoring during the FIFA 2014 World Cup playoff football match Sweden vs Portugal at the Friends Arena in Solna near Stockholm on November 19, 2013 (AFP)

Crédit: AFP

... Une quatrième victoire des Bleus contre le Brésil

Pourquoi ce serait géant : 1986. 1998. 2006. 2014 ? De 1986 à 2010, le Brésil a gagné deux Coupes du monde (1994, 2002) et subi cinq échecs. Un face aux Pays-Bas (2010), un contre l'Argentine (1990) et… trois face aux Bleus. La France, vraie bête noire des temps modernes pour le Brésil. Evidemment, de nouvelles retrouvailles en terre brésilienne pour ce qui constitue un des classiques de la Coupe du monde porteraient en elles un parfum savoureux. Et forcément un surcroit de pression pour la Seleçao, marquée par ce triple échec. Pour les Tricolores, ce serait aussi un bon présage. Depuis 1986, c'est simple, quand les Bleus n'ont pas affronté le Brésil, leur Mondial a viré au carnage. A l'inverse, chaque confrontation avec les Auriverde est survenue lors d'une campagne glorieuse. Pour la France, c'est tout ou rien et pour que ce soit tout, il faut que le Brésil se trouve sur sa route. De même qu'en 1998, toute la France rêve d'une finale France-Brésil, affronter les Brésiliens chez eux serait exceptionnel. Pourquoi pas une demi-finale, histoire de changer un peu ?
Taux de probabilité : 1. On serait tenté de considérer que la plus grande inconnue dans cette histoire concerne l'équipe de France. Elle a traversé trop de tempêtes et de crises, qu'elles fussent de foi ou de nerfs, ces dernières années, pour se présenter au Brésil avec de réelles certitudes. Mais elle possède un potentiel certain et un premier tour (sur le papier, précaution de rigueur) abordable. Les deux équipes ne peuvent s'affronter en huitièmes de finale ou en quarts. Si ce désir doit se muer en réalité, ce sera en demie (si les deux équipes terminent à la même place dans leur poule et franchissent les deux tours suivants) ou en finale (si l'une termine en tête de son groupe et l'autre deuxième). Très franchement, à ce jour, miser sur une présence des Bleus dans le dernier carré apparait très audacieux. C'est tout sauf impossible, mais cette équipe part de trop loin pour placer son Plan d'épargne logement sur un tel scenario. Et si le rendez-vous était bien pris, encore faudrait-il gagner ce match. Battre le Brésil, pourquoi pas. Le battre chez lui…
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Top 100 2006 France Bresil Zidane

Crédit: Panoramic

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