Thiago Silva est né pour porter ce brassard et les espoirs de 200 millions d'âmes

Un brassard a rarement été aussi lourd à porter. Celui du capitaine de la Seleçao pour cette Coupe du monde que le Brésil va disputer à domicile pèse de tout son poids. Il représente plus de 200 millions d'âmes qui ne pardonneront rien à l'équipe auriverde si elle ne trouve pas le moyen de se faire respecter sur ses terres en y enlevant son sixième titre mondial. Un défi unique, qui demande des qualités exceptionnelles. Mais Luiz Felipe Scolari n'a pas eu besoin de pousser la réflexion très loin pour choisir à qui il allait confier cette mission pourtant délicate. Le sélectionneur brésilien n'a pas hésité au moment de se tourner vers Thiago Silva.

Peu de joueurs font autant l'unanimité que le défenseur du PSG. Déjà sur ses qualités de footballeur. Thiago Silva est globalement considéré comme le meilleur au monde à son poste avec Sergio Ramos, dont le palmarès est cependant plus fourni. C'est déjà un tour de force pour le Brésilien qui n'est jamais allé plus loin que les quarts de finale de la Ligue des champions. Il s'est taillé cette réputation sur son niveau de jeu, pas sur les titres, même s'il a été sacré champion en Italie avec l'AC Milan (2011) et en France avec le PSG (2013, 2014). "Il est complet, n’a aucune faille, résumait Laurent Blanc pour Le Parisien, avant même de devenir son entraîneur à Paris. C’est un défenseur moderne parce qu’il est aussi fort défensivement que beaucoup d’autres, mais il a quelque chose en plus que ceux-là : quand il a le ballon, il sait quoi en faire ! Pour moi, c’est le meilleur défenseur du monde."

Thiago Silva a tout pour lui, au point d'être reconnu comme un leader naturel. Ne laissant rien au hasard pour "sa" Coupe du monde, le Brésil a fait appel à une psychologue pour sonder l'effectif de Luiz Felipe Scolari afin de déterminer qui serait le plus qualifié pour porter le brassard. La majorité a donné le nom du Parisien, également capitaine au PSG après avoir été celui de l'AC Milan, confortant ainsi la décision de Scolari. "Il a un leadership qui est très bien accepté, très bien considéré par ses coéquipiers, a justifié le sélectionneur auriverde. Il sait commander un groupe, mais c'est aussi un leader technique. Ses qualités techniques font de lui l'un des meilleurs défenseurs du monde, et il sait les appliquer quand nous en avons besoin. C'est pourquoi j'ai fait le choix de Thiago comme notre capitaine, même si j'ai d'autres joueurs de grande qualité pour le rôle."

Thiago Silva avait manifestement quelque chose en plus. Peut-être parce que le capitaine de la Seleçao a failli ne jamais être en mesure de tenir ce rôle. Il n'oublie pas comment il en est arrivé là. "La clé de ma réussite, c’est avant tout beaucoup de travail, a-t-il expliqué dans les colonnes du Parisien. Et des sacrifices. Quand je suis arrivé en Europe, à 20 ans, j’ai eu un gros souci de santé. On m’a diagnostiqué la tuberculose. J’ai pensé que je ne pourrais plus jamais rejouer au foot." C'est en venant à bout de sa maladie et en poursuivant jusqu'au bout son rêve de devenir footballeur que Thiago Silva a atteint ce niveau et acquis cette reconnaissance. "Je m’en suis remis, et cela a décuplé ma rage et ma volonté de gagner, affirme le défenseur auriverde. Il y a un avant et un après ma maladie : je suis beaucoup plus fort mentalement et j’ai développé ma plus grande qualité, la concentration sur le terrain. Aujourd’hui, je me sens invincible."

Cette rage de vaincre, il lui appartiendra de la transmettre à une Seleçao qu'il incarne parfaitement. Pas seulement parce qu'il fait l'unanimité dans son rôle de capitaine. Il est aussi le symbole d'un Brésil dont le talent est davantage reconnu en défense qu'en attaque. "Avant, les gens n’avaient d’yeux que pour Pelé, Garrincha, Zico, Zagallo et parlaient très peu du secteur défensif de la Seleçao, reconnaît-il. Aujourd’hui, je suis content que ce soit l’inverse, car ce n’est pas facile d’être brésilien et d’être reconnu pour ses forces défensives. Moi-même, quand je rêvais d’être joueur de football, je rêvais d’être attaquant, je voulais marquer des buts mais ça n’était pas possible car je n’avais pas les qualités requises. Alors aujourd’hui, en tant que joueur dans mon secteur, je me sens accompli. Mais il n’y a qu’en gagnant la Coupe du monde au Brésil que je me sentirai vraiment accompli."

A 30 ans, Thiago Silva est ainsi à l'aube du plus grand défi de sa carrière. Peut-être même du plus grand défi qu'une carrière puisse offrir à un footballeur, tant la relation du Brésil au football est unique en son genre. Le capitaine auriverde est prêt à assumer son statut. Comme s'il était né pour ça. "J'ai une immense responsabilité vis-à-vis de mon pays, mais cela ne me fait pas peur, assure-t-il. Je me sens prêt pour cette importante mission. Je rêve de ce moment-là tous les jours. Ça serait ma plus grande réalisation professionnelle que de remporter ce trophée. J’espère donner ce titre à ma famille, à mes amis et à tout le peuple brésilien, qui va aussi nous aider. Vous pouvez être sûr que, si je devais soulever la Coupe du monde, je pleurerais !" Il y environ 200 millions de Brésiliens qui n'attendent que de pleurer avec lui.