Equipe de France : Samuel Umtiti - Raphaël Varane, les super-héros

Ils en ont pris plein la tronche. Avant le début du Mondial, Samuel Umititi manquait de sérénité et Raphaël Varane d'épaisseur. Le premier vivait une année 2018 très douloureuse en Bleu quand il était reproché au second de ne pas prendre ses responsabilités en sélection. La France flanchait derrière et avait trouvé ses deux coupables : sa charnière centrale et Hugo Lloris. Il s'est écoulé un mois qui a duré un siècle : Umtiti et Varane sont devenus des super-héros, les sauveurs de la patrie. Sans eux, point de salut. Sans eux, point de finale.

Varane a marqué le but qui a tout déclenché en quart, Umtiti celui qui a envoyé les Bleus en finale. Deux pions, deux victoires : les défenseurs centraux s'occupent de tout. Marquer ne leur suffit pas. Ces défenseurs attaquent et défendent avec la même insolente réussite. Ce mardi, personne ne s'est montré aussi indispensable que Raphaël Varane. Le mur de Madrid a renvoyé Eden Hazard, dans une forme pourtant diabolique, à ses chères études. A terre, au sol, au duel, dans l'anticipation, en couverture, en profondeur, dans les jaillissements, le placement : ce fut un sans-faute.

Son meilleur match en Bleu : "C’est possible", témoigne l'homme aux 48 sélections. "On était assez acculé dans notre surface et il a fallu être solides dans les duels face à une équipe athlétique. Je peux être satisfait de ma performance." Ah ça oui, il peut.

Cette Coupe du monde l'a fait passer dans une autre dimension : celle des plus grands défenseurs de l'histoire des Bleus. Ce n'est que justice : en 2014, il fut d'une régularité exemplaire au Brésil avant que sa Coupe du monde ne soit réduite à un duel perdu avec Hummels. En 2016, il a raté l'Euro à la dernière minute à cause d'une cuisse qui lâche. Le voilà enfin au sommet.

A Saint-Pétersbourg, il a dégagé la sérénité d'un Laurent Blanc avec l'autorité d'un Marcel Desailly dans les duels. Il est le patron du secteur et peut-être bien le meilleur Français de la compétition. "Raphaël est fantastique mais Samuel aussi", s'est félicité Hugo Lloris après la rencontre. Big Sam, héros improbable d'une demie qui devait voir les attaques s'embraser pour se décider sur le coup de casque d'un défenseur central de 1m83…

"Quand on n'est pas spécialement grand, il faut mettre la détermination, l'envie de marquer, de passer devant le joueur. C'est ça je pense qui m'a permis de marquer ce but", a réagi le Barcelonais. "J'ai bien anticipé, et le coup de pied arrêté a été très bien tiré, ça m'a facilité la tâche, face à un joueur très performant de la tête comme Marouane Fellaini." De la demi-finale de 1998, il reste le doublé de Lilian Thuram. Vingt ans plus tard, c'est un autre défenseur qui restera dans les mémoires. Pour toujours. Et, si tout se passe bien dimanche, personne ne se souviendra des doutes qui ont escorté leur début de compétition. Ces deux-là ont porté l’équipe de France jusqu’au sommet. Il leur reste à y planter le drapeau.