Adebayor est attendu

Le Togo lui doit tout ou presque. En marquant 11 buts lors des qualifications, Emmanuel Adebayor a été le grand artisan de la migration des Eperviers vers l'Allemagne. Il avait même fini meilleur buteur des qualifications et s'annonçait, en janvier, comme l'une des stars de la CAN en Egypte. Mais le rêve a vite tourné au cauchemar. Après une première défaite contre la RD Congo (2-0), Adebayor quitte ses coéquipiers... avant de se raviser. Il reproche à Stephen Keshi de lui avoir annoncé qu'il ne serait pas titulaire avant de changer d'avis in extremis.

Quelque chose se casse avec le sélectionneur, limogé par la suite, et le groupe en paye les pots cassés: deux défaites plus tard, les Eperviers rentrent au nid les ailes coupées. "Nous n'avons pas fait une bonne Coupe d'Afrique des nations et nous avons une revanche à prendre pour montrer ce que nous pouvons faire, assure Adebayor désormais. Je suis très motivé par la Coupe du monde, c'est le plus grand tournoi du monde. J'ai vraiment hâte".

Au Mondial, le fer de lance des Eperviers va devoir faire oublier cette image de gamin instable, et montrer que son parcours réussi, des rues de Lomé à celles de Londres, démontre une force et un caractère hors du commun. Dès 15 ans, Adebayor fait en effet ses valises pour Metz où il perce très vite. A 17 ans, il joue son premier match en Première Division mais le club est relégué. Le caractère bouillant du garçon l'amène à claquer la porte en 2003, à 19 ans malgré la remontée de son club. Pour donner un coup d'accélérateur à sa carrière, il part à Monaco.

Dans la Principauté, Adebayor est pris en main par Shabani Nonda. Naguère un peu dilettante, se reposant trop sur ses qualités techniques naturelles et sa vitesse, il devient plus sérieux et travaille son adresse devant le but. Mais malgré huit buts en championnat, il laisse les supporters monégasques sur leur faim. La saison suivante, après le départ de Morientes, il trouve plus aisément le chemin des filets (14 buts). Mais ses envies de départ ressurgissent en 2005 avec l'arrivée de Guidolin. En janvier, il réalise enfin son véritable rêve: rejondre l'Angleterre. Ca sera Arsenal.

Mais si Adebayor est plus stable, ce n'est toujours pas le cas du Togo, en pleine auto-destruction depuis son arrivée en Allemagne. Entraînements boycottés, conflit sur les primes, un entraîneur (Otto Pfister) qui claque la porte avant de revenir la veille du premier match*. Les Eperviers défraient la chronique. Cette mascarade fait en tout cas un heureux: la Corée du sud. Le pays du Matin Calme veut montrer que sa demi-finale en 2002 n'était pas un hasard. Emmanuel Adebayor et son équipe devront faire abstraction de leurs problèmes pour faire mentir les Diables Rouges. Et pour faire parler d'eux, encore, mais cette fois sur le terrain.