Au tour de Thuram

L'annonce du retour de Zinédine Zidane et de Claude Makelele semble avoir donné des idées à certains. Pas à Robert Pires. Pas à Nicolas Anelka. A 33 ans, Lilian Thuram a sans doute été convaincu par le retour de Zizou. Depuis son départ le 27 juillet 2004, le défenseur de la Juventus n'avait pourtant eu de cesse de clamer que sa décision était définitive. "Si j'ai pris la décision d'arrêter, c'est que j'ai bien réfléchi avant. Et je n'ai pas encore la prétention de penser que ma présence va permettre à l'équipe de France de gagne en Irlande ou en Suisse (...) Je ne pouvais plus continuer. Je ne changerai pas d'avis", affirmait-il dans L'Equipe le 20 avril dernier.

Mercredi soir, l'agent de Thuram avait déjà levé une partie du voile sur un probable retour de son joueur. "Si Zidane revient, pourquoi pas Lilian ? (...) Il a envie de jouer des grands matches" , a indiqué Oscar Damiani, joint par téléphone par l'AFP, rappelant que le Turinois venait de prolonger son contrat avec la Juve jusqu'en 2008. Donc l'envie est bien là. Et le fait de retrouver désormais Zidane, Makelele, Vieira et Barthez chez les Bleus a dû faciliter sa décision. Zizou lui même l'a affirmé. Le retour de Thuram ne fait "aucun" doute. "On ira jusqu'à la prochaine Coupe du monde" , a-t-il même annoncé. Après tout, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, dit le dicton.

Mais le retour de Thuram soulèverait plusieurs interrogations. D'abord, à quel poste évoluera-t-il ? Au moment de prendre sa retraite, l'ancien Monégasque était enfin parvenu à s'imposer dans l'axe après avoir joué à contre-coeur sur le côté droit durant des années. Aurait-il alors conditionné son retour par l'assurance d'évoluer en défense centrale ? Rien n'est moins sûr, d'autant qu'il s'agit sans doute du seul secteur où les Bleus se sont montrés rassurant. Emmenée par le duo Squillaci-Givet, bien que jeune et inexpérimenté, la France n'a encaissé qu'un but face à Israël (1-1) lors des six matches disputés jusque là lors des qualifications.

Mais l'expérience pourrait être un atout majeur pour les prochaines échéances. Les retours conjugués de Zinédine Zidane, Claude Makelele et Lilian Thuram marqueraient en effet un virage à 180° dans la philosophie de Raymond Domenech. En rappelant les tauliers, le sélectionneur avoue à demi-mots avoir fait une croix sur sa politique de rajeunissement de l'équipe de France.

Alors qu'aucun champion du monde 98 n'était présent face à la Hongrie (2-1), cinq pourraient fouler la pelouse de Montpellier (Zidane, Makelele, Thuram, Vieira et Henry). Comment va réagir la jeune génération ? Quel sera le rôle de Thierry Henry, hissé au rang de leader depuis le départ de Zizou ? Ces retours risquent-ils de briser un équilibre déjà précaire ? Et surtout, permettront-ils de battre l'Irlande et la Suisse ? Domenech aura encore bien des soucis à régler.