Ballack au tournant

Depuis quatre ans, Michael Ballack y pense. Depuis quatre ans et une finale de Coupe du monde manquée pour un sacrifice*, le meneur de jeu allemand attend sa revanche. Et ce ne sont pas succès domestiques accumulés avec le Bayern Munich qui ont étanché cette soif. Le capitaine de la Mannschaft veut réussir son Mondial. Entrer dans l'histoire du football allemand, au même rang qu'un Fritz Walter, d'un Franz Beckenbauer ou d'un Lothar Matthaus, tous trois capitaines devenus champions du monde (1954, 1974, 1990).

Mais à la différence de ses prestigieux prédécesseurs, Michael Ballack (29 ans) est une île de talent dans un océan de labeur. L'ancien joueur du Bayer Leverkusen est le seul joueur de champ de l'équipe d'Allemagne disposant à coup sûr d'une carrure et d'une envergure mondiales. Une quatrième victoire de la Mannschaft en Coupe du monde ne passera donc que par des prestations XXL du Bavarois. Futur ex-Bavarois devrait-on dire puisque Ballack va quitter le plus grand club allemand pour certainement rejoindre Chelsea avec qui il est en pourparlers avancés.

L'affaire fait d'ailleurs grand bruit outre-Rhin et beaucoup, notamment Uli Hoeness, critiquent le choix du natif de l'ancienne Karl-Marx-Stadt (devenue Chemnitz). "Ce n'est qu'une question d'argent", a d'ailleurs accusé le manager du Bayern Munich. Pour mettre fin à tout ce tohu-bohu médiatique autour de sa personne, Michael Ballack a d'ores et déjà annoncé qu'il annoncerait sa future destination bien avant le 9 juin et l'entrée en lice de l'Allemagne (face au Costa Rica). Après, le numéro 13 de la Mannschaft pourra se concentrer à 100% sur le Mondial.

Joueur polyvalent, aussi à l'aise en position défensive ou avancée, doté d'une technique et d'une vision du jeu rares, Michael Ballack (63 sélections) a le poids de l'Allemagne sur ses larges épaules. Si la charge a longtemps semblé un fardeau, le capitaine de la Mannschaft se fait aux responsabilités inhérentes à son statut : "J'ai longtemps eu des problèmes avec la notion de leader. Et, je n'y étais sans doute pas d'emblée prédestiné. Avant, j'attendais beaucoup des autres." Désormais, ce sont les autres qui attendent beaucoup de lui.

Comme en Corée et au Japon, Ballack devra se montrer sous son meilleur jour. Mais pour devenir champion du monde, le milieu de terrain devra également bonifier ses coéquipiers. L'équipe d'Allemagne est jeune et a besoin que son capitaine bientôt trentenaire lui montre la voie. Aussi bien sur le rectangle vert que dans sa vie de groupe. La clé du succès est là. Souvent accusé de nonchalance, le Bavarois va devoir décoller cette étiquette de son maillot sans pour autant forcer sa nature. Faire en sorte que son altruisme dépasse le simple cadre du terrain. Le jeu en vaut la chandelle. "Je suis le capitaine de cette équipe et nous avons des objectifs élevés. Gagner la Coupe du monde sera certes très difficile mais il faut y croire. Chacun devra aller au bout de ses forces." De vraies paroles de leader.