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Duverne, à fond la forme

Eurosport
ParEurosport

Publié 30/06/2006 à 11:15 GMT+2

Principal responsable de la montée en puissance des Bleus, Robert Duverne réalise les mêmes merveilles en équipe de France qu'à Lyon. Prêté par l'OL, il a séduit tous les joueurs de l'équipe de France depuis le début de la préparation à Tignes. Un travail

En Allemagne, les joueurs ne parlent que de lui. Samedi, il ne sera pas sur la pelouse de Francfort pour affronter le Brésil. Pourtant, Robert Duverne pourrait jouer un rôle prépondérant. L'homme fait l'unanimité, au point que les Bleus se sont jetés sur lui pour célébrer la victoire contre l'Espagne. C'est Raymond Domenech qui a décidé, sans avertir la DTN, de faire appel à un préparateur physique. Une première en équipe de France puisque c'est René Girard qui occupait cette fonction en 2002 et n'avait pas été remplacé en 2004.
Et une vraie réussite à en croire la montée en puissance des Bleus depuis le match face au Togo. "Je crois que c"est l"une des meilleures idées que pouvait avoir le coach. C"est vraiment un gros plus, surtout que c"est quelqu"un d"aussi discret en dehors du terrain que compétent dessus", se réjouit aujourd'hui Willy Sagnol. "Robert est un passionné. Sans vouloir manquer de respect à qui que ce soit, avoir un vrai préparateur physique, ça change tout. C'est son métier", renchérit un Thierry Henry lui aussi sous le charme.
Il faut dire que Duverne et Domenech se connaissent bien. C'est en effet le patron des Bleus qui avait fait venir Robert Duverne, alors étudiant à l'Ufraps de Lyon, pour renforcer le staff de l'OL. "Préparateur physique, ce n'est pas une reconversion. C'est vraiment le métier que j'ai choisi de faire. J'ai commencé en 1990. On a évolué depuis" , se souvient celui qui avait débuté une petite carrière de footballeur en Promotion d'Honneur. Depuis, il a participé aux cinq titres de champion de France et a grandi avec le club rhodanien, exception faite de la période Jean Tigana (1993-1995). A 39 ans, il a ainsi eu le temps de mettre ses principes en pratique : "travailler en permanence, car le football est un sport d'endurance qui exige aussi de la vitesse". Une vision qui ne lui a pas apportée que des amis, en tout cas au début : "On monte en puissance. On râle un peu par rapport aux séances d'entraînement de Robert Duverne, mais on voit ce que ça apporte", avoue ainsi William Gallas.
Henry : "Avec lui, on peut parler"
Son secret ? L'écoute. Car Robert Duverne, s'il est assurément exigeant, n'est pas vraiment ce que l'on peut appeler un adepte des courbes et des tests physiques. "L'essentiel est d'être à l'écoute du joueur, de ses besoins, de ses demandes. Je n'ai pas le souci d'être à la pointe des dernières trouvailles sur les étirements ou le cardio-respiratoire. Ce qui compte, c'est surtout de savoir jusqu'où on peut emmener les joueurs", disait-il à Tignes. "Avec lui, on peut parler. Il y a un vrai dialogue, nous a confirmé Thierry Henry. Tu peux lui dire : "Robert, je vais couper aujourd'hui, je ne suis pas vraiment bien" . Il ne va te dire : "Non, tout le monde le fait, il faut que tu le fasses !". Car, pour lui, chaque joueur est considéré comme un cas particulier. L'entraînement à la carte en somme, à l'image d'un Thuram que l'on voit souvent s'entraîner en solo à base de longs étirements.
En équipe de France, il a déjà posé sa patte, avec le même succès qu'à Lyon. Le retour en forme de Zinédine Zidane, c'est lui. Les séances supplémentaires tous les matins avec Mikaël Silvestre, c'est lui. Les mots justes pour convaincre Grégory Coupet de revenir après son coup de sang de Tignes, c'est toujours lui. La renaissance de Patrick Vieira, c'est encore lui. D'ailleurs, dès qu'il le peut, le Turinois ne manque pas une occasion de remercier de son bienfaiteur. "Sur le plan personnel, je suis vraiment satisfait. Je me sens de mieux en mieux. C'est vrai qu'avec le travail que j'ai accompli avec Robert, je suis content. Je sais qu'en travaillant bien, je peux revenir à mon niveau. La dernière semaine que je viens de passer avec le préparateur physique me donne raison", clame-t-il après avoir été décrié. "Lui sait comment nous faire travailler", répète-t-il à l'envi.
Zidane et Vieira, c'est lui
Comme ce jeudi matin lors du dernier entraînement à Hameln avant d'affronter le Brésil, il n'est donc pas rare de le voir diriger une large partie de la séance. "Je suis un entraîneur, un entraîneur en charge de la préparation physique. J'ai beaucoup appris au contact d'eux. J'ai eu la chance de travailler avec des entraîneurs qui étaient très intéressés par le physique, que ce soit Raymond (Domenech), Bernard (Lacombe), Paul (Le Guen) ou même Gérard (Houllier).", explique-t-il pour parler de son métier. Il est aussi en charge de l'échauffement avant les matches, "un passage du footballeur au coéquipier" où le joueur sent qu'il fait partie d'un groupe.
En Allemagne, le principal souci de Robert Duverne aura été de gérer un effectif de trentenaires que beaucoup voyaient vieillissants. "L'équipe de France est bien physiquement, donc l'âge ne sera pas un élément déterminant, mais l'expérience peut l'être, rétorquait Sagnol avant d'affronter l'Espagne. On est au stade des 8e de finale. La fatigue ne se fait pas encore sentir. Un travail a été fait par Robert Duverne. On est en train d'en ressentir les bénéfices. Contre le Togo, même à 0-0 on a recommencé à pousser. On n'a pas eu besoin de puiser dans nos réserves physiques pour aller chercher ce résultat".
"Ménager nos vieux"
Robert Duverne a donc un credo durant ce Mondial : la récupération. "J'accorde beaucoup d'attention au repos, il est important que chacun puisse décrocher totalement une journée : une séance de récupération, c'est physique aussi", explique-t-il. Domenech avoue lui-même les bienfaits du programme mis en place par son préparateur physique : "On ne fait que de la récupération pendant trois jours. Vous savez, nos vieux, il faut les ménager. Pour qu'on soit bien physiquement sur ce match et les autres, la préparation avait été faite en amont" . Depuis Tignes plus exactement d'où les Bleus sont redescendus gonflés d'énergie. Les anciens avaient presque prévus ces débuts poussifs jusqu'en 8e... "C'est le constat que vous dressez, tranche Domenech. Mais la préparation était faite pour qu'on soit bien et qu'on ne baisse pas de rythme".
Si les effets ont tardé à se faire sentir, ils sont aujourd'hui indéniables. Les vieux Français, à qui l'on promettait l'enfer face à la jeunesse espagnole, ont retrouvé leurs jambes de 20 ans et cavalé jusqu'au bout sur la pelouse d'Hanovre. "Physiquement, on se sent de mieux en mieux. J'ai l'impression qu'on commence vraiment à se libérer. Ce qui était intéressant face à l'Espagne, c'est que l'on a vu que, même à la fin, l'équipe jouait très haut et agressait l'adversaire", nous a confié Lilian Thuram. "Son travail fait partie des choses importantes, admet-il également. Pour tirer le maximum de vos qualités, il faut être bien physiquement. C'est la base. Si vous n'êtes pas bien physiquement, ça devient très compliqué".
"Vous savez, le préparateur physique des Bleus que je connais bien a pour habitude de faire monter les joueurs en puissance progressivement pour qu'ils puissent donner leur maximum lors des matchs décisifs. Je ne suis donc pas surpris d'avoir vu les Bleus plus en jambes", expliquait pour sa part le président de l'OL Jean-Michel Aulas, qui l'autorisé à accompagner la France jusqu'au 10 juillet, date du début du stage des Lyonnais à Tignes. Cela tombe bien car la France s'apprête à disputer un nouveau match ô combien décisif face au Brésil. L'occasion pour Robert Duverne de sortir sa potion magique et de faire à nouveau des miracles. "Je serai fier quand on sera champions du monde", conclut-il simplement. Du Domenech tout craché...
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