L'énigme Van Nistelrooy

La patience de Marco van Basten a des limites et le sélectionneur des Pays-Bas l'a ouvertement fait savoir à Ruud van Nistelrooy après le premier tour "raté" de l'attaquant. "Ruud n'a pas été bon. Il a raté ses premiers rendez-vous. Il doit nous apporter beaucoup plus", a sèchement déclaré l'entraîneur batave jeudi à Fribourg au cours d'une conférence de presse. Auteur d'un seul but en trois matches, face à la Côte d'Ivoire, Van Nistelrooy a entamé tous les matches en qualité de titulaire a été remplacé en cours de jeu à chaque fois.

"Quand un joueur est bon, je ne le remplace pas", note van Basten pour bien signifier qu'à trois reprises il a trouvé son buteur peu performant. Et le sélectionneur d'écarter les critiques sur le jeu néerlandais qui ne serait guère favorable à l'attaquant bientôt trentenaire (le 1er juillet). "Il reçoit suffisamment d'aide des ailiers (Arjen Robben et Robin van Persie) et du milieu de terrain. C'est à Ruud de s'améliorer. Il est et reste un bon garçon, il travaille dur aux entraînements mais il doit nous apporter plus", argumente l'ancien attaquant de l'Ajax Amsterdam et du Milan AC.

Habitué à trancher dans le vif après avoir écarté Makaay, Seedord ou Davids de la sélection, Van Basten n'est pas homme à faire de cadeau. Auteur de 28 buts en 54 sélections, van Nistelrooy est donc plus que jamais sur la sellette. Même si le sélectionneur des Oranje assure ne pas encore avoir décidé de l'écarter du onze de départ dimanche lors du 8e de finale face au Portugal. "Il serait sans doute préférable de reléguer Ruud sur le banc. Ce serait peut-être la meilleure solution", a-t-il toutefois dévoilé. Un signe : lors de l'entraînement de vendredi à Fribourg, "Van the Man" évoluait avec les remplaçants.

Jusqu'à sa virulente sortie de jeudi, van Basten avait toujours soutenu van Nistelrooy estimant qu'un attaquant "a d'abord besoin de confiance" pour marquer. Le changement d'attitude de l'entraîneur a peut-être pour but de provoquer un électrochoc. "Je vais en tous cas avoir une bonne discussion avec Ruud", se contente-t-il de dire. Sera-ce suffisant pour remonter le moral d'un Ruud van Nistelrooy qui traverse une énorme crise de confiance depuis plusieurs semaines ?

Car sa fin de saison en club, à Manchester United, avait viré au calvaire : il avait perdu sa place de titulaire au profite de Louis Saha avant de se disputer avec le manageur Alex Ferguson et Cristiano Ronaldo. Au point que son avenir mancunien est désormais compromis. Et, malgré sa mauvaise passe actuelle, celui qui a inscrit 150 buts en 229 matches sous le maillot de MU, suscite les convoitises de plusieurs grands clubs. Il y a quelques jours, le Bayern Munich s'était déclaré prêt à débourser les 12 millions d'euros réclamés par Manchester. "Il me reste deux années de contrat et, à moins que l'on me dise le contraire, je reviendrai à Manchester pour la stage de pré-saison", asure toutefois le buteur.

La situation inquiète en tous cas la presse néerlandaise qui n'avait pas compris la non-sélection du joueur de l'Ajax Amsterdam Klas-Jan Huntelaar. Meilleur buteur du championnat des Pays-Bas, où il a inscrit la bagatelle de 33 buts cette saison, et héros de l'Euro des moins de 21 ans fin mai au Portugal, il incarne l'avenir du football néerlandais. Huntelaar, désigné par les journalistes du plat pays comme le clone du grand Ruud, pourrait être son successeur et certains regrettent déjà son absence en Allemagne.

En attendant, s'il décidait de se passer des services de Van Nistelrooy, Van Basten pourrait alors placer Dirk Kuyt à la pointe de l'attaque. A 26 ans, la star de Feyenoord est peu connue sur la scène internationale. Logique. Il n'a débuté sa carrière en équipe nationale que récemment, le 9 septembre 2004 face au Lichtenstein, alors que Marco van Basten venait de prendre l'équipe en mains suite à l'élimination des Néerlandais en demi-finale de l'Euro-2004 face au... Portugal. Ecarté du onze de départ par l'éclosion de Robin Van Persie sur le côté droit où il était titulaire avant le Mondial, Kuyt pourrait prendre une belle revanche à son poste de prédilection.