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Thuram, l'âge d'or

Eurosport
ParEurosport

Publié 09/07/2006 à 13:00 GMT+2

Comme Zidane et Makelele, Lilian Thuram achèvera sa carrière internationale en finale. Pourtant, à 34 ans, il vit une seconde jeunesse. Alors qu'il avait raccroché, le voilà aux portes de sa deuxième victoire en Coupe du monde, à condition de battre l'Ita

Tout le monde a vu son match incroyable face au Portugal (1-0). On a peut-être moins vu ses larmes au coup de sifflet final. "Quand on va au bout de soi, il ne reste plus que les larmes à sortir. Et quand je vois un gars comme Lilian pleurer... Lui, c'est un monstre. Il aura plus de 120 sélections après cette finale et il a été énorme ", reste admiratif Thierry Henry. A 34 ans, Lilian Thuram est tout simplement en train de vivre les plus grands moments de sa carrière. "C'est plus fort qu'en 1998", aime-t-il rappeler depuis la victoire en quart de finale face au Brésil. Alors qu'il avait raccroché son maillot bleu, le voilà aux portes de sa deuxième victoire en Coupe du monde. "Je me dis que j'ai vraiment trop de chance. Des moments comme ça, c'est extraordinaire. J'ai 34 ans et j'ai l'impression d'être un gosse de 10 ans qui regardait la Coupe du monde et qui trouvait ça magnifique. Et dire que je ne voulais pas revenir (en équipe de France) !"
Normalement, le Turinois n'aurait pas dû être là. Il l'a expliqué cette semaine avec franchise : il avait claqué la porte après l'Euro 2004 et ne voulait plus revenir au sein d'une équipe dans laquelle il ne se reconnaissait plus : "Quand on joue et qu'il n'y a pas d'équipe ni de groupe, on perd son temps. A un certain âge, vous n'avez pas envie de perdre votre temps, tout simplement". Finalement, Raymond Domenech l'a rappelé contre son gré après avoir essuyé un refus lors d'une entrevue à Turin. Lilian est revenu à reculons. Mais tout a changé aux Antilles. "Quand je suis revenu, j'étais tout seul en équipe de France. Je venais, j'attendais le match, je faisais le match puis je rentrais dans mon club. Mais il y a eu ce match en Martinique où je me suis un peu plus attardé à connaître les autres. J'avoue que j'ai été surpris ", raconte-t-il.
90 % de duels gagnés
Bien lui en a pris de revenir. "Aujourd'hui, j'éprouve énormément de plaisir à être ici. Sans doute aussi parce que j'ai bien failli ne pas vivre ces moments-là et que je sais que ce sont les derniers", avoue-t-il. Celui qui n'était " pas certain de rendre un service à l'équipe de France" en revenant doit en être persuadé après ses deux derniers matches face au Brésil et au Portugal. Apôtre de l'humilité et du don de soi, Thuram n'est pas du genre à tirer la couverture à lui ("On a bien défendu", disait-il pour commenter sa prestation en demi-finale). Pourtant, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Depuis le début du Mondial, le défenseur de la Juventus a remporté 90 % de ses duels (75 sur 83). "Ça veut tout dire. Quand on parle strictement de performances défensives, c'est la première chose à regarder", reconnait Willy Sagnol.
Cette force qu'on lui connaissait sur le terrain, elle émane également de lui en dehors. A évoluer à ses côtés, Thuram n'est jamais paru aussi serein. "Je me dis qu'il a bien fait de revenir. Dans sa tête, il est peut-être même encore plus fort qu'il ne l'avait jamais été. C'est une bonne chose pour tous les joueurs qui l'entourent", confirme Sagnol. Car, au même titre que Zidane, Thuram est aujourd'hui perçu comme un leader, un exemple, un guide par le groupe. "C'est mon idole donc je suis impressionné depuis que je le connais et que je regarde la télévision. C'est vrai que face au Portugal il a fait le match parfait. C'est un joueur qui ne devrait pas arrêter la sélection parce qu'on en a encore besoin", témoigne Eric Abidal doit sans doute avoir en tête de le faire venir à Lyon, comme il le disait quelques jours plus tôt à propos de Zidane.
Sagnol : "Il est plus fort qu'avant"
Malgré le poids des années, le recordman des sélections (120) est toujours indispensable à la défense hermétique des Français. Il en est le patron, l'âme. Son entente avec William Gallas, qui n'a que neuf matches de vécu derrière elle, est désormais parfaite. Seul rescapé de l'imprenable défense de 1998 avec Fabien Barthez, il n'est pas étranger au fait que la France n'ait encaissé que deux buts, dont un seul sur action de jeu, depuis le début de la Coupe du monde. "On se parle moins. Ça prouve qu'on se connait. C'est positif pour l'équipe", se réjouit Gallas.
Héros improbable face à la Croatie 1998, Lilian Thuram est l'homme des demi-finales. Il plaisantait même sur le fait qu'il serait prêt à faire encore une pige en 2010... "mais juste pour la demi-finale". Pourtant, dans la semaine, l'ancien Monégasque avait discrètement annoncé qu'il vivait ses derniers moments en équipe de France. "Pour le bien de tous, il est temps que je m'arrête. A mon âge, quand même...", a-t-il annoncé le sourire aux lèvres. On comprend mieux qu'il savoure chaque seconde passée avec les Bleus. Mais là non plus, Thuram ne s'attarde pas. La France lui a offert la plus belle des sorties avec une finale de Coupe du monde qu'il n'a pas envie de rater.
Ironie de l'histoire, c'est face à l'Italie où il évolue depuis 1996 qu'il tournera la page de l'équipe de France. Il y croisera la route de nombreux coéquipiers - ou anciens coéquipiers - dont Fabio Cannavaro au côté de qui il a évolué en défense. "On a l'habitude de se retrouver pendant les compétitions internationales. Fabio est un très grand joueur, un grand défenseur. Il fait une Coupe du monde extraordinaire. Mais l'Italie entière est une très bonne équipe", prévient-il. Il retrouvera également Buffon "l'un des meilleurs gardiens de but du monde" et Zambrotta, un de ses coéquipiers de la Juventus, le "club de Serie B le plus représenté en finale". Décidément, Thuram est sur un nuage sur lequel rien ne l'atteint...
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