D’Anelka à Zahia en passant par Dugarry et Henry, Raymond Domenech ressort la mitraillette

Il le dit lui-même, dans une interview accordée au Figaro. " Cet ouvrage est plus léger, plus spontané ". Pourtant, l’ancien sélectionneur des Bleus (2004-2010) est tout aussi piquant. Si son premier livre racontait notamment son parcours à la tête des Bleus, son deuxième ouvrage qui paraît ce mercredi, Mon dico passionné du foot, tourne autour du football actuel, avec des souvenirs rangés par lettre.

Le principe d’abécédaire n’est pas composé que de petites phrases sur ces cibles faciles. Anelka, déjà psychanalysé dans Tout seul, est seulement perçu comme  "Docteur Jekyll et Mister Hyde". Zahia, la fameuse ex-escort qui fréquentait certains joueurs, "devenue riche et célèbre", est "la seule qui ait gagné quelque chose à cette opération de déballage peu ragoûtante. Les autres, tous les autres, ont perdu". Mais entre la lettre A et Z, Domenech distribue les bons et les mauvais points.

Ce n’est pas faute de le répéter depuis des mois partout où il passe : Domenech n’aime pas les consultants qui manient le marteau pour enfoncer les joueurs ou dirigeants alors qu’ils ont souvent été eux-mêmes dans cette situation. “Avec les consultants (...) surtout les insultants, resurgit toujours le même problème : ils tiennent sur certains joueurs des propos qu'ils n'auraient jamais (...) supporté d'entendre à leur égard." Dans le viseur ? Christophe Dugarry, consultant Canal+ : "il jouait selon ses envies, n'écoutait pas vraiment" et Jean-Michel Larqué : "Son surnom d'autrefois était La Pleureuse, c'était vrai, d'ailleurs il continue." Domenech, consultant sur Ma Chaine Sport – où il est cependant loin d’être un sniper – apprécie particulièrement Raynald Denoueix : "Limpide, positif, sans être ennuyeux."

Paradoxal. Alors qu’il affirme s’être réconcilié avec lui, Raymond Domenech critique la paranoïa "digne de celle d’un entraîneur" tout en appréciant l’homme "attachant". Autre personnage en D, David Luiz, qui, selon l’ancien sélectionneur, "dégage tout, sauf de la sécurité - et sauf le ballon parfois", lui préférant largement Mascherano.

L'ancien sélectionneur des Bleus exonère son ex-capitaine Thierry Henry, qui "a sacrifié son image au profit de l'équipe de France" après sa main contre l’Irlande lors du match des barrages de la Coupe du monde 2010.

L’actuel entraîneur de Chelsea prend un taclé glissé :  "C'est le problème des traducteurs ils finissent par se persuader d'avoir écrit le texte eux-mêmes" faisant ici référence au passé de traducteur de l’entraîneur portugais.

Ribéry attaqué dans son ouvrage précédent, l’un des absents de la liste des 23 joueurs sélectionnés pour le Ballon d’or 2014 en prend encore pour son grade. Ribéry "a fait supporter aux Bleus le poids de son mal-être, de sa bêtise même, en Afrique du Sud et après, mais Monsieur, depuis, fait la tête parce qu'il voulait être Ballon d'or" écrit celui qui l’a sélectionné en 2006.

Celui qui avoue ne pas savoir s’il entraînera à nouveau, confie parfois ses regrets : "Aurais-je été plus heureux sans l'équipe de France ? Oui, je le crois, en fait je me sentais bien avec les Espoirs". Raymond Domenech a beau ne plus être « tout seul », il continue d’avoir des cicatrices qui peinent à se refermer.