Démission Bielsa - Que l'OM se rassure, quand Bielsa s'en va, il ne laisse jamais un champ de ruines

Une vieille habitude. Marcelo Bielsa n’aime pas faire de vieux os là où il passe. Quand il prend la mouche, El Loco préfère s'en aller quitte à laisser un immense chantier derrière lui. C'est le cas à l'OM depuis samedi. Pourtant, les dirigeants et supporters olympiens peuvent se montrer sereins. Ce n'est pas parce que Bielsa n'est plus là que l'OM va imploser. Depuis dix ans, chaque fois qu'il a quitté un club ou une sélection, ceux-ci se sont portés comme un charme après son départ. Tous ont pu s'appuyer sur les bases qu'il a laissées derrière lui.

Le point commun avec l'OM : A Marseille, Bielsa n'avait pas hésité à dire clairement ce qu'il avait sur le cœur et s'en était pris très sévèrement à Vincent Labrune en conférence de presse en début de saison dernière. A Bilbao, c'est le maître d'œuvre de la rénovation des infrastructures du club, coupable, selon lui, de ne pas avoir tenu les délais, qui en avait pris sévèrement pour son grade. Une fracture avec le club qui ne s’est jamais résorbée. 

Avec Bielsa : La première saison est une réussite. Les Basques atteignent la finale de la Coupe d'Espagne et de la Ligue Europa. Leur style de jeu enthousiasme toute l'Espagne même si le deuxième exercice sous Bielsa est plus laborieux. Bilbao achève la saison à une anonyme 12e place.

Après Bielsa : L'Athletic se relève sans mal du départ du coach argentin. Avec Ernesto Valverde sur leur banc, les Basques continuent leur progression. Onze mois après la fin de son idylle avec Bielsa, Bilbao termine quatrième de Liga à l'issue d'une saison étincelante. L'an dernier, toujours aussi séduisants, les Basques se qualifient pour la Ligue Europa.

Bilan : Bielsa a révolutionné l'Athletic. Fini les longs ballons, Bilbao est devenu une référence dans le jeu en Liga. Deux ans après le départ de l’Argentin, c'est toujours le cas et les résultats restent probants.

Le point commun avec l'OM : Au Chili, comme à Marseille, Bielsa est élevé au rang de saint parmi les Saints. Tout le pays lui voue un véritable culte. Là-aussi, il démissionne de son poste malgré un énorme soutien populaire, alors que sa fédération pensait l'avoir convaincu de rester. 

Avec Bielsa : Les progrès sont spectaculaires. Dans le jeu, offensif prôné par l'Argentin, et dans les résultats. En 2010, en Afrique du Sud, le Chili remporte son premier match en Coupe du monde depuis 1962 et va jusqu'en 8e de finale. Un immense exploit.

Après Bielsa : De 2010 à aujourd'hui, le Chili a vécu la période la plus faste de son histoire. Il retrouve d’abord les 8es de finale du Mondial au Brésil en s'offrant le champion en titre espagnol lors des poules (2-0) et passe à quelques centimètres de sortir le pays hôte en prolongation avant de céder aux tirs au but (1-1, 3 tab à 2). Mais la vraie consécration est intervenue en juillet avec la première victoire du Chili en Copa America.

Bilan : Dans les rues de Santiago, le soir de la victoire en Copa America, le peuple chilien n'a pas oublié de remercier Bielsa. C'est lui qui a posé les bases d'un succès inédit et tous les Chiliens en sont bien conscients.

Le point commun avec l'OM : Il quitte son poste en 2004 à la surprise générale en prenant totalement au dépourvu ses dirigeants.

Avec Bielsa : Tout démarre parfaitement. Au tournant des années 1990-2000, l'Argentine retrouve son jeu flamboyant et Bielsa se voit décerné le titre de meilleur sélectionneur en 2001. L'Albiceleste, après une campagne de qualifications au presque parfait, entre dans le Mondial 2002 dans la peau du favori mais ne passera pas les poules. Bielsa reste aux commandes, atteint la finale de la Copa America 2004, puis empoche le titre olympique à Athènes.

Après Bielsa : L'Argentine n'a toujours pas décroché sa troisième couronne mondiale mais, en 2006, s'incline d'un rien en quart de finale face au pays-hôte, la séduisante Allemagne (1-1, 4 tab à 2) et atteint de nouveau la finale de la Copa America en 2007 avant de tomber face au Brésil (3-0).

Bilan : La sélection argentine a su se relever du départ d'un de ses sélectionneurs les plus charismatiques. Avec ou sans lui, elle cherche un titre majeur sur la scène internationale depuis 1995.

Quand il quitte un club ou une sélection, Bielsa laisse souvent ses dirigeants dans l’embarras mais aussi un héritage solide. L’Argentine, mais surtout le Chili et l’Athletic Bilbao, ont tous capitalisé sur le passage de l’Argentin jusqu’à aujourd’hui. Qu’en sera-t-il à l’OM ? Sur la base des expériences récentes de son ancien coach, l’OM n’a pas à s’en faire. Avec un petit bémol tout de même : Bielsa n’a pas façonné avec autant de force l’Olympique de Marseille que Bilbao, le Chili ou l’Argentine. Et pour cause, même si son influence dans toutes les composantes du club (recrutement, préparation physique etc.) reste indéniable, il ne sera finalement resté qu’une saison.