Derrière Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, quel est le meilleur des footballeurs "normaux" ?

Désormais, ils sont seuls. Seuls là-haut, dans une galaxie parallèle dont ils définissent eux-mêmes les limites. Meilleurs buteurs de la Ligue des champions depuis cette semaine, Lionel Messi (74 buts) et Cristiano Ronaldo (72) viennent d'une planète qui n'est sans doute pas la nôtre. A ce titre, ces deux extra-terrestres et leur kyrielle de records échappent à toute logique, à toute raison. A eux deux, ils ont collectionné les six derniers Ballons d'Or et le seul doute qui subsiste dans l'attribution du prochain est de savoir s'il garnira la collection de l'Argentin ou celle du Portugais.

En marge de Messi et Ronaldo existent malgré tout un tas de très grands joueurs qui auraient pu marquer leur époque mais qui doivent vivre dans l'ombre du monstre bicéphale. Pour les journaux anglais, un homme s'impose petit à petit comme le meilleur recours au divin duo : Sergio Agüero, auteur d'un triplé face au Bayern Munich mardi (3-2). Agüero est-il vraiment le meilleur des footballeurs "normaux" ?

Difficile de trancher. D'Agüero à Zlatan Ibrahimovic, de Manuel Neuer à Neymar, d'Eden Hazard à Luis Suarez, ils sont quelques-uns à pouvoir prétendre grimper sur le podium. Comment les départager ? Le Ballon d'Or est un moyen de les classer. Cette année, il est certain que Kun Agüero ne sera pas le troisième homme. Et pour cause, l'Argentin ne figure pas dans la sélection des 23 meilleurs joueurs du monde en 2014. Peut-il prétendre se placer juste derrière Messi et Ronaldo sans figurer au palmarès de la plus prestigieuse des récompenses individuelles ?

A Zürich, Messi et Ronaldo pourraient bien être accompagnés par Manuel Neuer, le gardien du Bayern et de l'Allemagne. Le champion du monde est le favori pour occuper cette place de troisième homme pour la simple et bonne raison qu'il est le seul joueur au monde, hormis Messi et Ronaldo, à s'affirmer comme la référence absolue et incontestable à son poste cette année. Aucun consensus n'entoure l'identité du meilleur défenseur ou du meilleur milieu du monde, pour les gardiens de but, il n’y a plus de discussion. Le vrai problème réside précisément dans son poste : gardien de but. Un rôle tellement à part qu'il a tendance à exclure les meilleurs spécialistes du poste des honneurs de fin d'année (Lev Yachine demeure le seul gardien récompensé par un Ballon d'Or en … 1963).

Si les gardiens de but ont leur propre hiérarchie parallèle, comment classer objectivement les joueurs de champ. Les statistiques sont un moyen efficace (et objectif) d'établir une hiérarchie. Après tout, ce sont celles-ci qui font graviter Messi et Ronaldo au-dessus du commun des mortels. A ce petit jeu, Kun Agüero refait surface. Il est le seul à contester l'hégémonie argentino-portugaise depuis le début de saison avec 17 buts (en 18 matches et 28 en 34 apparitions la saison dernière !) soit autant que Messi, hors matches internationaux. "A part Cristiano Ronaldo, qui est sur une autre planète, Kun est tout là-haut", a jugé Nasri, son équipier chez les Citizens.

Difficile toutefois d'établir la hiérarchie des meilleurs joueurs du monde sur ces seuls chiffres qui excluent de fait les milieux et les défenseurs. Harry Kane et Alexandre Lacazette, sixièmes meilleurs buteurs européens de la saison, font-ils pour autant partie des meilleurs joueurs du monde ? Parmi les prétendants au Ballon d'Or, qui est censé effectuer une première sélection, c'est Karim Benzema qui, sur l'année 2014, présentent les meilleures statistiques (buts + passes décisives) derrière Messi et Ronaldo. Mais là-encore, l'absence d'Agüero pose question sur la crédibilité d'un tel classement.

Interviennent alors les critères moins quantifiables : la part de chacun dans le succès de son équipe, l'aura, le charisme, le palmarès etc. Avec City, Agüero a remporté le titre de champion d'Angleterre mais, en Europe, les Citizens ne parviennent pas à exister et il a traversé la Coupe du monde comme un fantôme, incapable de peser sur le destin de l'Argentine. Le destin du PSG, Zlatan Ibrahimovic l'a bien entre ses pieds depuis août 2012. Le Parisien est une machine à scorer mais son aura et son influence se heurtent à son incapacité à briller en Ligue des champions lors des matches qui comptent. Pour nos confrères italiens, Paul Pogba pourrait figurer parmi les prétendants derrière Messi et Ronaldo : "il est jeune, athlétique et il est promis à un avenir brillant", argument-ils. Le charisme du Français et son influence à la Juve et en équipe de France plaident en sa faveur. Mais il va devoir se frotter à un autre championnat ou s'imposer en Ligue des champions pour espérer faire partie de la crème de la crème.

Autre moyen de mesurer l'influence d'un joueur, sa valeur marchande. Le site Transfermarkt, référence en la matière, estime que le Gallois Gareth Bale (80 millions d'euros), le Brésilien Neymar (70 millions d'euros) et l'Argentin Angel Di Maria (65 millions d'euros) possèdent les plus grosses valeurs marchandes derrière Messi et Ronaldo, évalués à 120 millions d'euros chacun, pas de jaloux. Les salaires sont un autre indicateur objectif et d'autant plus fiable que ce sont encore et toujours Messi (41 millions d'euros annuels, revenus publicitaires compris) et Ronaldo (39,5) qui mènent la danse. Derrière eux, Neymar (29 millions d'euros) devance Rooney (24), Ibrahimovic (23,5), Falcao (21,2) et... Agüero (19,7).

Tenter d'identifier le troisième meilleur joueur du monde permet d'abord et avant tout de constater l'avance prise par Messi et Ronaldo. Car, derrière eux, aucune tête ne dépasse franchement. Un peloton d'une dizaine de joueurs pourrait prétendre au podium mais aucun d'entre eux ne rassemble tous les critères nécessaires pour s'imposer sans discussion.

En les synthétisant tous, Neymar est peut-être celui qui s'en rapproche le plus mais Manuel Neuer, Zlatan Ibrahimovic, Eden Hazard, Luis Suarez, Gareth Bale, Thomas Müller ou Angel Di Maria ne sont pas très loin. Le Brésilien, convaincant lors du Mondial avant de se blesser, est le plus bankable des joueurs derrière l'inséparable duo, il évolue dans l'une des deux équipes les plus médiatiques du monde et présente, en ce début de saison, des statistiques ahurissantes (20 buts en 21 matches, sélection comprise). Il lui reste à se construire un palmarès pour prétendre s’imposer derrière deux hommes définitivement intouchables.