Des grands dans le dur

Et de vingt ! En venant à bout de l'Udinese (2-1), la Juventus ne s'est pas seulement adjugé l'affiche de cette 20e journée de Serie A. Elle a aussi conservé son fauteuil de leader. Mais plus impressionnant encore, elle a perpétué son invincibilité. La Vieille Dame n'a perdu aucune de ses rencontres depuis le début de saison. Aucune équipe des cinq grands championnats européens ne peut s'en vanter. Les Turinois semblent suffisamment armés pour reconquérir un Scudetto qui les fuit depuis 2003 : ils possèdent en Pirlo un formidable maître à jouer. Sur les côtés, Lichtsteiner et Estigarribia dynamitent les ailes du 3-5-2 bianconero. Devant, Matri, auteur d'un doublé salvateur face à l'Udinese, et Claudio Marchisio sont les porte-drapeaux de la deuxième attaque d'Italie. Quant à la défense turinoise, elle est tout simplement la plus robuste de Serie A.

Trois mois et demi après son altercation avec Luis Suarez, Patrice Evra avait de quoi appréhender son retour à Anfield. Le latéral français de Manchester United n'a pas été déçu par ce 4e tour de FA Cup. Hué sur le moindre ballon touché, pas épargné par ses adversaires dans les duels, le défenseur des Red Devils a passé un après-midi musclé, mais correct. Et, mis à part quelques cas isolés sur lesquels la police enquête, aucun débordement majeurs à signaler du côté des supporters auxquels John Barnes, ancienne star de Liverpool, avait demandé un comportement exemplaire. Sur le terrain, Evra a été à l'image de son équipe: bien en place en défense et très présent dans le pressing tout terrain exercé en début de match, à la faute en fin de rencontre. Son retard a coûté cher à United. Il a laissé le champ libre à Kuyt, auteur du but qui qualifie Liverpool. Bourreau de City en Carling Cup, les Reds ont épinglé un autre scalp mancunien en FA Cup. Jolie semaine.

Du jeu, de l'engagement et du suspense. Le choc entre les deux premiers de Ligue 2 a tenu toutes ses promesses. Il a donné lieu à une rencontre ultra-musclée, au cours de laquelle Auvergnats et Corses ont joué les gros bras. Résultat : un carton rouge de chaque côté, et une vive tension qui a même gagné les deux entraîneurs. Voilà pour la face obscure. Sur le terrain, Clermont a fait preuve d'une force mentale à toute épreuve. Rapidement mené, en infériorité numérique pendant quarante-deux minutes, le leader auvergnat a fini par inverser la tendance, grâce à Dembélé et Morel. Clermont n'est pas leader de Ligue 2 pour rien.

Depuis son banc, Rudi Garcia lui a dit de patienter. De ne pas abdiquer. Les mots de l'entraîneur lillois ont fait mouche dans l'esprit de Nolan Roux. Le nouvel attaquant des Dogues a dû attendre la 87e minute pour ouvrir son compteur. Quelques secondes plus tard, il s'est offert un doublé pour sa première sous le maillot nordiste. Pour parachever le net succès face à Saint-Etienne (3-0). Roux n'est à Lille que depuis quelques jours. Mais il s'y sent déjà comme un poisson dans l'eau. Son entente avec Joe Cole et Eden Hazard est effectivement pleine de promesses.

Mais où s'arrêtera Schalke 04 ? La question hante toute l'Allemagne du football. Une certitude : depuis deux mois, le club de Gelsenkirchen enfile les buts et les victoires comme des perles. La défaite du 26 novembre, à Dortmund (2-0), a fait un bien fou aux protégés d'Huub Stevens. Samedi, ils ont corrigé Cologne sur sa pelouse. Signant au passage leur cinquième victoire de rang en Bundesliga. Et si Schalke fait exploser les défenses d'outre-Rhin, c'est bien parce que Klaas-Jan Huntelaar marche sur l'eau. Son penalty transformé à Cologne était aussi son 16e but en 18 matches de championnat. Epaulé par un Raul toujours aussi efficace malgré ses 34 ans, le goleador néerlandais en est persuadé : "Schalke peut être champion". Après dix-neuf matches, son équipe partage la tête avec le Bayern Munich et le Borussia Dortmund, les deux derniers champions d'Allemagne.

Sans Mario Götze, on pourrait croire Dortmund totalement démuni. C'était sans compter sur Shinji Kagawa. Paradoxalement, le Borussia a retrouvé de sa superbe en l'absence de son stratège allemand. Et le Japonais, auteur d'un doublé face à Hoffenheim (3-1) ce week-end, n'y est pas étranger. Après un début de saison quelconque, Kagawa est redevenu un pion essentiel au rendement offensif du Borussia, qui a inscrit 12 buts lors de ses trois dernières sorties en Bundesliga. Depuis son élimination en Ligue des champions, face à Marseille (2-3), la bande à Jürgen Klopp avance de nouveau à un rythme de champion d'Allemagne. En tout cas, Dortmund est un sérieux prétendant à sa propre succession.

Un Guardiola qui tâtonne, un Messi maladroit, un Xavi en panne d'inspiration et un Fabregas aux abonnés absents : au Madrigal, le Barça n'a été que l'ombre de lui-même. Incapables de s'imposer dans l'antre de Villarreal, les Blaugrana y ont perdu deux nouveaux points dans la course au titre. Sans doute deux points de trop : le champion d'Espagne en compte désormais sept de retard sur le Real, qui a mieux négocié le virage de l'après-Clasico face à Saragosse (3-1). Même si Pep Guardiola affirme que son équipe n'abdiquera pas, le fossé entre Madrilènes et Catalans paraît déjà rédhibitoire. Surtout si le Barça reste aussi inoffensif à l'extérieur. Le nul de samedi était son cinquième loin du Camp Nou. Et si on y ajoute le revers chez Getafe (1-0) - son seul de la saison -, il a déjà perdu 13 points en déplacement.

En ce moment, l'Ajax ne va pas très fort. Il y a dix jours, l'équipe de Frank De Boer avait quitté la Coupe des Pays-Bas dès les 8e de finale, éliminée par l'AZ Alkmaar (3-2). Dimanche, elle a bu la tasse à Rotterdam, sur le terrain du Feyenoord. Son bourreau du jour n'a que 19 ans. Il est suédois. Et il s'appelle John Guidetti. L'ancien attaquant de Burnley a frappé trois fois face à l'Ajax. Guidetti est du genre efficace : 13 buts en autant de matches d'Eredivisie. Et voilà le Feyenoord revenu à trois points de l'Ajax, elle-même largement distancée par Eindhoven. Le champion des Pays-Bas, 4e, compte sept longueurs de retard sur le PSV.

Le scénario improbable a eu lieu à Lecce. L'Inter, qui restait sur sept victoires consécutives en Serie A, dont les deux dernières face au Milan AC (0-1) et la Lazio (2-1), a trébuché devant le 19e du championnat italien, un mois après l'avoir dominé à San Siro (4-1). Les Nerazzurri n'ont jamais réussi à se remettre du but de Giacomazzi concédé peu de temps avant la mi-temps. Et ils sont tombés sur un grand Benassi, le gardien de Lecce, auteur d'un miracle sur une tête de Pazzini. Pour la formation de Claudio Ranieri, déjà éliminée par le Napoli en Coupe d'Italie (2-0), ces deux revers en quatre jours tombent mal. Dans trois semaines, elle affrontera Marseille, en Ligue des Champions.

Les Gunners ont toujours un côté Docteur Jekyll et Mister Hyde. Mais après trois défaites consécutives en Premier League, ils ont réussi à se remettre le public de l'Emirates Stadium dans la poche. La réaction d'orgueil manifestée face à Aston Villa (3-2) les a bien aidés dans leur opération reconquête. Pour franchir ce 4e tour de la FA Cup, Arsenal a dû puiser dans ses ressources mentales. Menés 2-0 à la mi-temps, les hommes d'Arsène Wenger se sont retroussés les manches après la pause. Résultat : trois buts en un gros quart d'heure, dont deux penalties de l'inévitable Robin van Persie qui, du haut de ses 120 buts, égale le record de Dennis Bergkamp sous le maillot londonien. Distancé en Championnat, Arsenal s'est peut-être remis en ordre de marche. Peut-être.

Les meilleures choses ont une fin. Partout dans le monde. Et même à Porto. Pour la première fois depuis cinquante-cinq rencontres, les supporters du double vainqueur de la Ligue des Champions (1987, 2004) ont vu leurs protégés perdre un match de championnat. C'était dimanche soir à Gil Vicente. Le FC Porto s'est incliné 3-1 après avoir été mené 3-0. Les Dragons n'avaient plus perdu depuis le 28 février 2010, à Lisbonne face au Sporting (3-0). Un malheur n'arrivant jamais seul, Benfica compte désormais cinq points d'avance en tête de la SuperLiga et garde son record d'invincibilité en championnat qui est de... 56 matches sans défaite.