Duchaussoy, six mois et...

Si l'ensemble des acteurs qui se sont exprimés samedi après l'Assemblée Fédérale de la FFF ont tenu à se féliciter du consensus trouvé entre professionnels et amateurs, matérialisé par la loi-cadre adoptée à une large majorité (82,7% des suffrages exprimés), Fernand Duchaussoy avait lui deux raisons d'être heureux. La première tient au résultat de ce scrutin. La seconde est plus personnelle. Elle est évidemment liée à sa réélection à la tête de la Fédération. Dans les faits, l'ancien patron de la Ligue de Football Amateur n'est plus intérimaire, même si son mandat ne court que jusqu'au 18 juin prochain, date de la prochaine Assemblée élective, qui sera sans doute celle du grand match face à Noël Le Graët. Le président de Guingamp, qui s’est abstenu cette fois-ci, a sans doute reculé pour mieux sauter.

S'il assure ne pas savoir de quoi son avenir lointain sera fait, Fernand Duchaussoy sort grandement renforcé de cette matinée parisienne. Il est même désormais le seul membre du Conseil Fédéral à tenir sa légitimité d'un scrutin post-Knysna. Cela ne lui a pas échappé : "Je serai certainement plus directif que je ne l'ai été jusqu'ici. Je suis le seul à être repassé devant l'Assemblée Fédérale. Mais je ne suis pas un dictateur. Comme disait le Général de Gaulle, je ne vais pas commencer une carrière dictateur à 67 ans. Mais encore une fois, je serai sans doute plus directif. Attention, je n'ai pas l'intention de travailler seul pour autant", a-t-il précisé.

Travailler, mais pour quoi faire ? Entériner la réforme de la gouvernance du football français, prévue pour le 2 avril prochain, et, par conséquent, tirer un trait définitif sur l'Afrique du Sud, dont on a beaucoup parlé samedi matin à l'hôtel Méridien. En résumé : incarner le changement. "Ce serait prétentieux de le dire mais je l'espère un peu", ne peut-il s'empêcher de lancer. Mais pour cela, il faudra sans doute plus de six mois. Et donc redescendre dans l'arène en juin. Une perspective qui ne semble guère le réjouir.

"J'ai plus de passé que d'avenir dans la vie associative. Il faut donner leur chance aux jeunes. Je vais avoir 68 ans à la fin du mois. Alors refaire un mandat... Même si j'étais resté à la LFA, je me serais arrêté en 2012", a-t-il lancé, avant de rétropédaler et de préciser sa pensée. "Je veux me laisser la liberté de choisir. Il faut être costaud. A la fois moralement et physiquement. Je ne me plains pas mais c'est effectivement très, très dur. Vie familiale, coups en permanence, vous ne dormez pas forcément beaucoup. Je peux vous le dire : depuis le 23 juillet, en dehors de quelques déplacements en province pour rencontrer des bénévoles, je n'ai pris aucun plaisir. J'ai fait ça par devoir."

Durant ces six derniers mois, l'intérimaire Duchaussoy a eu envie de jeter l'éponge. "Ça m'est arrivé une fois", reconnaît-il. Finalement, le président de la FFF a fermement tenu la barre. "Je n'ai jamais abandonné. L'histoire du chef de cabinet que j'aurais souhaité recruter, ça fait partie des chausse-trapes sur lesquels je suis tombé. J'ai demandé à monsieur Lambert à avoir quelqu'un en CDD jusqu'au 18 décembre. Je voulais quelqu'un qui m'aide. Jamais je n'ai parlé de chef de cabinet", martèle-t-il, remonté et combatif. Comme un dirigeant qui ne semble pas prêt à quitter le navire. Du moins, pas dans six mois. "Peut-être qu'au printemps, je serai revivifié. Mais pour le moment, je suis tendu vers le 2 avril (ndlr : date de l'adoption définitive de la réforme de la gouvernance). Si ça se passe bien, je n'exclus rien."