L'Espagne rouge de plaisir

Les Vikings ont fini par craquer et s'inclinent face à l'Espagne dans le choc du groupe D (1-2). Copieusement dominés tout au long de la seconde période, les joueurs suédois ont offert une résistance acharnée jusque dans le temps additionnel mais ont dû céder devant le réalisme de l'attaquant ibère David Villa, auteur de son quatrième but de l'Euro. Les hommes de Luis Aragones enchaînent une deuxième victoire consécutive et se qualifient pour les quarts de finale. La Suède, elle, devra encore lutter lors de son dernier match face à la Russie après cette défaite dans la belle.

Suédois et Espagnols s'étaient en effet déjà affrontés lors des éliminatoires avec un succès scandinave au match aller en octobre 2006 (2-0) et une revanche de la Seleccion en novembre dernier (3-0). Chacun savait donc à quoi s'attendre et avait préparé son plan. Comme prévu, les Espagnols s'appuient ainsi d'entrée sur un jeu court et rapide pour prendre de vitesse une arrière-garde suédoise un peu lourde. Si Lagerback a dû modifier son flanc droit en titularisant Elmander au milieu et Stoor en défense pour pallier les blessures de Wilhelmsson et Alexandersson, c'est de l'autre côté que son équipe peine. Iniesta et Torres semblent intenables. Pourtant, l'ouverture du score intervient à la suite du premier corner du match, joué en deux temps sur la gauche. Villa adresse un petit centre que Torres vient couper en se jetant aux six mètres (0-1, 15e).

La sélection espagnole peut compter sur le talent des ses deux attaquants mais doit faire face à la sortie sur blessure de Puyol qui cède sa place en défense centrale à Albiol. Dans le même temps, les Suédois entrent enfin dans la partie et s'imposent physiquement. La tendance s'inverse et Ibrahimovic égalise en contrôlant, au deuxième poteau, un centre de Stoor venu de la droite avant de tromper Casillas (1-1, 34e). Conscients d'avoir trop reculé, les Espagnols repartent de l'avant mais Isaksson bloque la reprise de Villa (38e) et l'arbitre n'accorde pas de penalty pour une charge d'Elmander sur Silva (45e).

Les Suédois ont tenu tête à leurs adversaires en première période mais reviennent sur le terrain sans leur meilleure arme offensive. Blessé, Ibrahimovic est remplacé par Rosenberg. Dès lors, les Scandinaves se replient dans leur camp et s'appliquent à contenir les offensives ibères. Les entrées de Fabregas et Cazorla assoient encore davantage la nette domination des hommes d'Aragones. Celle-ci demeure pourtant longtemps stérile. Le valeureux et compact bloc suédois coulisse sans cesse et Isaksson remporte son duel à bout portant face à Silva (63e) et repousse les tentatives du très actif Senna (68e) et du virevoltant Torres (89e). Le portier ne peut en revanche pas grand chose quand Villa l'exécute à la suite d'un contre au cours de la dernière minute de jeu (1-2, 90e+2). L'Espagne peut envisager l'avenir sereinement contrairement à la Suède qui devra prier pour un retour rapide d'Ibrahimovic.

"C'est incroyablement amer. Nous aurions dû obtenir un coup franc pour faute espagnole avant le but décisif. Nous avons fantastiquement combattu et, en seconde mi-temps, nous avons été contraints à seulement défendre. Mais nous n'avons pas à nous plaindre. Il est évident qu'avec la sortie d'Ibrahimovic, nous avons énormément perdu en puissance de feu."